Topaketa : Eric Narbais Jaureguy (Lur Berri) « On se projette sur demain en investissant sur nos outils » - Premium

Ce mardi 25 mars, Placéco Pays basque organisait son événement mensuel depuis le Novotel d’Anglet, auquel plus de 80 adhérents ont participé. Nous avons reçu le président de la coopérative agricole Lur Berri, Eric Narbais Jaureguy. L’occasion de parler avec lui des revendications des agriculteurs mobilisés ces derniers mois, mais aussi des perspectives de croissance de la société basée à Aicirits, ainsi que son engagement RSE. Extraits Pouvez-vous nous donner un panorama de l'activité de la coopérative Lur Berri ?Lur Berri, qui signifie "Terre nouvelle" en basque, est une coopérative créée en 1936, à l'origine autour de la collecte de céréales. Après la Seconde Guerre mondiale, il fallait nourrir la France et l’Europe alors les pays se sont lancé dans un programme de développement de l’agriculture . Deux activités majeures se sont structurées : le maïs semence, apparu dans les années 1965-70, et la filière bovine viande, avec la création d'une organisation de producteurs.Depuis, la coopérative a étendu son activité : bovins, ovins, porcins, palmipèdes et volailles. Nous avons aussi une OP légumes dans les Landes, et bien sûr, le maïs semence reste une activité stratégique. Nous disposons de deux usines d'aliments du bétail, ainsi que d'unités de collecte et de stockage de céréales. Une part importante de notre action concerne le conseil et la formation. Nous sommes la courroie de transmission entre les agriculteurs et les industriels de l'aval : Bigard, Labeyrie, LDC... Nous avons aussi un pôle agroalimentaire (viande, palmipèdes) et un pôle distribution avec une vingtaine de magasins (Gamm Vert, Monsieur Bricolage), historiquement liés aux besoins des exploitants.« Certaines filières connaissent aujourd'hui des cours plutôt soutenus » Quelle a été votre position face à la mobilisation agricole de ces dernières semaines ?Nous sommes une coopérative agricole, nous travaillons avec tous les profils d'agriculteurs, de la petite exploitation familiale à de plus grandes structures. Il y a plusieurs modèles, du circuit court au circuit long. Nous ne les opposons pas.La mobilisation récente a été l'expression d'un malaise profond, notamment face à une superposition de normes et de réglementations. Ce qui est mal compris et mal vécu, c'est qu'on interdise certains produits en France tout en autorisant l'importation de produits traités avec ces mêmes substances à l'étranger. Ce n'est pas compréhensible.Cela dit, certaines filières connaissent aujourd'hui des cours plutôt soutenus, comme le bovin ou le porc. La question de la rémunération est mieux prise en compte qu'il y a quelques années. Notre coopérative, en tant qu'entreprise et acteur de terrain, doit composer avec des aléas économiques, climatiques, sanitaires, et nous faisons le choix d'investir pour accompagner les filières et préparer l'avenir. Nous avons des projets importants de développement pour accompagner la filière bovine et porcine parce que nous avons des demandes, et que nos partenaires souhaitent développer ces activités.Justement quels sont les investissements de la coopérative ?Sur l'usine d'aliments de Coarraze Nay, nous avons investi 2,3 millions d'euros pour améliorer la qualité des mélanges. Sur la semence, 2,6 millions ont été injectés à Aicirits pour moderniser les outils de tri, de traitement et d'ensachage. Concernant les engrais, un investissement de 2,5 millions d'euros est prévu à Came pour proposer des formules adaptées aux besoins précis des sols, en réponse à la demande d'agriculteurs très attentifs à leurs apports. Nous travaillons aussi à un développement majeur de la filière bovine : historiquement, les veaux partaient en engraissement en Espagne ou en Italie. Nous voulons relocaliser cette valeur sur notre territoire, en créant des ateliers d'engraissement en France, chez nos coopérateurs. En trois ans, nous sommes passés de 25/26.000 à 80.000 têtes qui passent par la coopérative.« Notre ambition est de produire localement les animaux consommés » Des investissements importants, parce que l’optimisme est suffisamment au rendez-vous?Oui, ces investissements sont portés par la coopérative, mais ils traduisent une volonté commune de se projeter et de garder la valeur localement. Pour les projets comme les ateliers d'engraissement, l'enjeu porte surtout sur le financement du cycle d'exploitation. On réfléchit à des montages associant nos partenaires de l'aval, les banques et la coopérative.Côté porcin, la Nouvelle-Aquitaine importe encore une part importante de sa consommation. Sur trois porcs consommés, un seul est produit, deux tués, et trois consommés, donc cela signifie que nous importons beaucoup. Là aussi, notre ambition est de produire localement les animaux consommés, avec nos adhérents. Quelles sont les ambitions de Lur Berri à moyen terme ? Sur quoi vous misez ? Notre coopérative n'a pas vocation à une croissance exponentielle. Ce n'est pas notre stratégie. L'objectif, c'est d'accompagner les agriculteurs sur notre territoire, en restant connectés à leur réalité.Historiquement, les coopératives ont parfois beaucoup investi dans l'aval. Nous, nous souhaitons renforcer l'amont : les filières animales, les semences, et nos outils. Notre stratégie, c'est d'être performants sur notre cœur de métier. Quel est le rôle du pôle distribution dans votre modèle ? Ce pôle garde un lien fort avec le monde agricole. Les magasins proposaient à l'origine des produits d'agrofourniture. Aujourd'hui, ils intègrent des enseignes comme Gamm Vert ou Monsieur Bricolage. C'est une activité toujours importante, qui n'est pas en lien direct, mais indirect quand même avec tout ce qui est agriculture et exploitation agricole.Quels sont vos principaux engagements en matière de RSE ? La RSE occupe une place croissante dans la coopérative. Sur le volet social, nous agissons sur la formation, l'égalité professionnelle, l'accompagnement des jeunes en formation. Nous avons obtenu le label "Agri-éthique" sur les palmipèdes, qui reconnaît les bonnes conditions d'élevage, la traçabilité et la juste rémunération.Un accord a été signé avec Labeyrie et Métro France dans le même esprit pour un approvisionnement en canards entiers, garantissant l'équilibre matière. Ils s’engagent à nous acheter des canards entiers sur trois ans, 350.000 cette année, jusqu’à 750.000 en 2027. Sur la filière palmipède, côté bâtiments, nous favorisons des structures vertueuses (lumière naturelle, confort animal). Nous accompagnons les jeunes installés (15 à 20 l'an passé) qui ont bénéficié de charte jeunes agriculteurs. Nous finançons des services de remplacement en cas d'accident dans les exploitations. Et nous animons un programme "Atouts jeunes" pour impliquer la nouvelle génération, et voir quels sujets ils voudraient approfondir. La RSE, pour nous, c’est quelque chose auquel nous sommes très attachés.

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