Mode : pourquoi Zèta ouvre son capital après quatre ans d’existence - Premium

Il y a quatre ans, la toute jeune pousse Zèta se lançait dans l’océan du marché textile, en imaginant des baskets à l’empreinte carbone réduite, fabriquées au Portugal. Des chaussures se voulant zéro déchet, en circuit court, confectionnées à partir de raisin, d'olives, de maïs ou de café. Une collaboration avec le géant Nespresso et l’ouverture d’un showroom physique plus tard, entre autres faits marquants, sa fondatrice fait le point. « Nous avons recyclé 150 tonnes de déchets depuis notre lancement », présente Laure Babin. Soit la fabrication et commercialisation de 45.000 paires, en propre et via ses 70 revendeurs. De quoi clôturer l’année 2023 avec un chiffre d’affaires de 1,2 million d’euros, et rester rentable. « Les deux premières années nous avions 20% de rentabilité car nous avions très peu de frais, reprend la dirigeante. Nous avons toujours fait attention à chaque dépense, nos marges ne sont pas démesurées donc nous avons pu grandir. » Une croissance d’autant plus maîtrisée que Zèta avance sur fonds propres, appartenant entièrement à sa fondatrice. « C’était une volonté de ma part, j’étais très admirative des entreprises qui réussissent à grandir par elles-mêmes, comme Veja… et je ne voulais pas aller trop vite », explique cette dernière.Des business angels engagés Sauf qu’en 2024, le contexte est tout autre. Les coûts d’acquisition clients sont extrêmement élevés, et bon nombre de ses concurrents délocalisent la fabrication des produits au Vietnam, dans des usines dont l’éthique est certifiée. « Honnêtement à un moment on s’est posé la question car il en va de la pérennité de l’entreprise, avoue Laure Babin. On a eu des périodes compliquées où l’on faisait très peu de marge sur nos produits. Mais c’est dans l’ADN de Zèta de produire au Portugal, c’est à nous de nous réinventer, de challenger nos fournisseurs ou d’augmenter un peu nos prix de vente pour conserver cette fabrication européenne. » Alors en janvier, l’entrepreneuse décide d’enclencher une nouvelle étape pour son entreprise : celle de l’ouverture de capital. « On a senti un besoin d’accélérer », affirme-t-elle. Objectif : collecter 740.000 euros auprès de plusieurs business angels, et via une campagne de financements participatifs sur la plateforme Crowdcube. Si la levée est encore en cours, plusieurs noms ont déjà signé : William Hauvette le PDG d’Asphalte, marque de mode bordelaise ayant elle-même ouvert son capital en mars 2023 ; les fondateurs de la néo-banque Green-Got Maud Caillaux et Andréa Ganovelli, et l’ancien PDG de La Redoute Philippe Berlan. Le tout complété avec une part de non dilutif (Bpifrance, dette bancaire) pour atteindre 1,2 million d’euros.Une boutique physique à Bordeaux d'ici deux ans Avec cette somme, Zèta entend d’abord étoffer sa gamme et l’enrichir de nouvelles matières, développées en interne. « Je n’en dis pas plus, mais nous avons quelques projets d’ici un ou deux ans », esquisse Laure Babin. Ensuite, elle entend se renforcer à l’international d’ici les 12 mois à venir - notamment en Amérique du Nord et en Asie. Deux marchés pour le moment fermés à la jeune pousse, qui se refuse à toute expédition aérienne. « Pour y aller, je souhaite acheminer nos produits par voilier cargo à destination d’un entrepôt à New York, et en train via la route de la soie pour l’Asie, avec un stock à Hong Kong », se projette ainsi notre interlocutrice. Quant à l’Europe, représentant aujourd’hui 5% du chiffre d’affaires BtoC, et ne comptant qu’une poignée de revendeurs, la marque entend doubler ses résultats dès cette année. De quoi donner des ailes à Laure Babin, qui entend dépasser les deux millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025. Et ensuite ? Dès cet automne, une rubrique « green market » viendra compléter le site Internet de l’entreprise, et regroupe divers produits « maison, ameublement, déco » que Zèta fera elle-même produire en France ou en Europe - toujours durables et artisanaux. « C’est vrai qu’on s’écarte un peu des chaussures, admet notre interlocutrice. Il y aura des céramiques fabriquées à Bordeaux, des bougies de La Rochelle par exemple, qu’on a designé nous-mêmes. Ce n’est pour le moment pas un levier de croissance, mais plutôt une première étape pour tester le marché. » Autant de produits qui pourraient se retrouver, d’ici 2027, dans la future boutique physique de l’entreprise, et qui deviendrait alors son « navire amiral ». ZètaSAS fondée en 202012 salariésCA 2023 : 1,2M€ / prévisionnel 2025 : 2M€

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