Mobilité électrique : qui sont les partenaires qui investissent 23 millions d’euros dans la nouvelle levée de Pony ? - Premium

Avril 2023, Pony levait 6 millions d’euros, faisant notamment entrer Epopée Gestion au capital. Moins de 18 mois plus tard, la jeune pousse récidive avec une opération presque quatre fois plus importante. « Entre temps, on a plus que doublé, avec une croissance supérieure à ce qui était prévu », rembobine Paul-Adrien Cormerais, président et cofondateur (aux côtés de Clara Vaisse, directrice générale). « À l’époque, on avait une grosse offre de trottinettes électriques et le vélo était un peu moins développé. Depuis, ça a vraiment explosé. » Plusieurs grandes villes ou métropoles en France et en Belgique ont été ouvertes et la carte comprend à ce jour 21 épingles (dont Bordeaux, Limoges, le Pays basque mais aussi Nice, Tours ou Perpignan), soit une multiplication par sept en quatre ans. « D’autres villes envisagent de le faire assez rapidement en anticipation des prochaines municipales, ça accélère le calendrier, c’était le bon moment pour mettre les bouchées doubles et appuyer encore sur l’accélérateur », poursuit-il. D’ici la fin de l’année, la flotte globale devrait tangenter les 10.000 véhicules.À lire également : Pony lève des fonds pour imposer son modèle participatif de location de vélos et trottinettes électriquesDeux actionnaires publics de poidsL’entreprise, basée à Angers mais dont le bureau principal est à Bordeaux, annonce aujourd’hui nouvelle une levée de fonds, d’un montant de 23 millions d’euros. L’ambition ? « Déployer plus de 30.000 vélos et trottinettes partagés dans 40 villes d’ici deux ans », est-il indiqué, soit un triplement de la flotte actuelle. Techniquement, cette série B comprend notamment 13 millions d’euros de fonds propres, auprès d’investisseurs 100% français. Dont les investisseurs historiques (Demeter, NACO, Epopée Gestion), mais aussi Blast.Club, Colam Impact ou encore Ademe Investissement et La Poste Ventures (opéré par XAnge). « L’Ademe, ça montre que le sujet est désormais pris au sérieux, alors que les micro-mobilités ont eu une jeunesse un peu fofolle où c’est parti dans tous les sens. L’Ademe, c’est le bras armé du ministère de l’Environnement et, indirectement, de celui des Transports. Ils font très peu d’opérations, c’est un signal incroyablement positif des les voir apporter leur soutien et leur crédit à ce qu’on essaye de construire », apprécie-t-il.« La Poste Ventures, c’est extrêmement stratégique », relance le président de Pony. « La Poste, c’est l’opérateur logistique de référence. Et chez nous, la logistique, c’est-à-dire la recharge et le déplacement de vélos et trottinettes, c’est notre plus gros coût d’exploitation. Nous associer avec eux va énormément simplifier nos opérations, notre capacité à déployer rapidement sur l’ensemble du territoire. » Un soutien de poids pour Pony qui vise « la conquête de l’ensemble des villes françaises de plus de 50.000 habitants ». Mais pas seulement… Au-delà de cette synergie immédiate, Pony regarde avec gourmandise les immenses réserves foncières dont dispose La Poste. « Dans chaque ville où on opère, on déploie une infrastructure de maintenance, des ateliers, des endroits pour faire de la recharge… On veut pouvoir s’appuyer sur cette ressource à terme, même si ça ne se fera pas du jour au lendemain. »« Ne plus douter de notre capacité à financer les flottes de véhicules »L’autre volet de cette levée de fonds comprend 10 millions d’euros de financement en dette infrastructure, intégralement portée par Smart Lenders Asset Management. Un type de financement structuré dit « asset back ». « C’est la façon dont on finance les gros projets d’usine ou d’autoroutes ou de trains. On vient créer une société qui va être propriétaire des actifs (ndlr, ici les vélos et trottinettes). Cette structure va être capitalisée par un ensemble d’acteurs et va ensuite être endettée très largement. L’intérêt de ce mécanisme est qu’il permet de faire des très très gros leviers, parce que l’actif lui-même sert de collatéral à la dette qui est apportée », décrypte le dirigeant. « Traditionnellement, ça se voit sur des marchés très matures, très établis, avec de gros volumes. Pour nous, c’est une première tranche de 10 millions, mais l’objectif est d’aller très très vite, beaucoup plus loin que ça, sachant que l’objectif d’un fonds comme Smart Lenders est plutôt de faire des tickets entre 50 et 80 millions. C'est vraiment une force de frappe colossale, qui nous permet de ne plus du tout douter de notre capacité à financer les flottes et à répondre aux demandes des collectivités partenaires. On peut augmenter considérablement le montant de cette ligne, sans avoir à ajouter des fonds propres supplémentaires. Ce n’est pas de la dette bancaire. »« Européaniser » le modèle industrielOutre l’accompagnement de la croissance de l’entreprise, ce nouveau tour de table vise aussi à renforcer la stratégie industrielle de Pony ainsi que ses capacités en R&D, installées à Bordeaux. Ainsi du Double Pony, premier vélo à assistance électrique deux places conçu pour le partage, développé à l’interne par la jeune pousse et aujourd’hui fabriqué à Taïwan. L’ambition est ici clairement de rapatrier la production au sein de l’Union européenne d’ici juin 2025. « On a identifié cinq partenaires crédibles qui sont en capacité de produire à grande échelle les cadres de vélos qu’on cherche à fabriquer. Deux sont au Portugal, un en Espagne, un aux Pays-Bas et un en Bulgarie. Pour la partie assemblage, ça reste ouvert et il n’est pas exclu que ça se fasse en France. » En outre, Pony se fournit en batteries auprès de Gouach, un fabricant bordelais qui propose un modèle innovant. « Ils sont les seuls à faire des batteries réparables, sans soudures et connectées. Ils font toute la techno et la R&D. On va très bientôt avec eux à la rencontre d’un possible nouvel assembleur de batteries, à la hauteur de l’échelle de production nécessaire », précise Paul-Adrien Cormerais. Ayant réalisé près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, Pony table sur une hausse de 50% cette année. Une étape supplémentaire sur la voie de la rentabilité. « On n'en est pas loin. Les contrats qu’on a déjà signés, une fois déployés complètement, devraient nous y amener. L’objectif est d’y être en 2025. » En attendant, l’équipe bordelaise - une trentaine de personnes - devrait encore se renforcer. Sont notamment attendus un responsable financier, une personne sur la partie data science, un RH, un performance manager ou encore un renfort sur la gestion des opérations de maintenance.PonyCréation en mars 2019Siège à Angers, bureau principal à Bordeaux

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