Le Medef, l'UIMM et la Fédé du BTP veulent avoir confiance en 2025 - Premium

Quelle rétrospective pouvez-vous faire de l’année écoulée ? Laurent Lopez : Nous avons clôturé cette année avec un sentiment contrasté. D’abord par un premier semestre satisfaisant, puis ce que l’on a remarqué depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale c’est un frein marqué sur les investissements et une économie quasi à l’arrêt même si les JO ont relancé une certaine dynamique. On peut parler d’une année 2024 en berne et d’un gouvernement qui n’y arrive pas et d’un non budget. Aujourd’hui, on a besoin de confiance et pour cela, de visibilité. Aliou Konaré : Je souhaite que nous vivions une meilleure année que cette qui vient de s’écouler car elle a révélé de l’inquiétude par l’incertitude des décisions politiques qui ne concourent pas à encourager les chefs d’entreprise à prendre des risques. Car pour prendre des risques, il faut de la visibilité. Globalement, l’investissement a reculé, notamment dans la métallurgie. Certains secteurs, dont l’aéronautique, sont bien sourcés mais même ici il y a un manque de visibilité globale. Pourquoi ? Parce que certains composants tardent à être livrés et cela conduit à une supply chain qui ne suit plus. Le budget n’a pas encore été voté, mais ce que l’on peut souhaiter c’est que la raison des politiques revienne et que les bonnes décisions soient prises, une action forte au niveau du budget que les chefs d’entreprises commencent à respirer. Philippe Borne : Il y a une véritable incertitude sur les budgets. On a besoin de marqueurs forts sur le logement. Sujet qui n’a jamais été la priorité pour le gouvernement Macron. On attend un vrai gouvernement car lorsqu’il y a une rupture dans le cycle, il y a des trous d’air.90.000 postes supprimés dans le BTP en 2025 Les conséquences de l’année passée en quelques chiffres ? Aliou Konaré : Je ne peux pas trop m’avancer, mais on parle d’une perte de 1.200 emplois par semaine en 2025. Philippe Borne : On parle d’une baisse d’activité de 6,6% et d’une perte d’emplois de 35 à 40.000 salariés en 2024 en France, et 600 en Charente-Maritime. Des chiffres qui s’expliquent notamment par des hausses de taux d’intérêt et une capacité d’emprunt réduite. En 2025, on peut s’attendre à 90.000 postes supprimés en France. Rien que sur la filière immobilière, on parle de 15.000 postes. Ce sont les TPE les plus impactées. Le gouvernement Hollande avait prévu la construction de 500.000 logements par an, on n’atteint pas les 200.000 par an. Laurent Lopez : Le constat social, c’est qu’il manque des logements et qu’on est revenu à un taux de production des années 1950, sauf qu’à cette époque on comptait 24 millions de Français en moins. On a un territoire attractif mais on ne peut pas loger nos collaborateurs.« Nous avons les atouts nécessaires pour nous en sortir » Quelle est le pouls de l’économie pour 2025 ? Laurent Lopez : On revendique de réinstaurer la confiance, c’est la raison pour laquelle on attend avec impatience le budget et les règles du jeu. Ensuite, on attend de jouer avec ces règles du jeu, notamment avec les autres pays et libérer les énergies. On a la capacité de prendre des risques et d’aller chercher la croissance et la richesse. En Charente-Maritime, on a les clés du succès, on a la chance d’avoir un territoire bien installé et du tourisme. Ce serait une erreur de tomber dans le défaitisme. Je ne veux pas que l’on tombe dans une sorte de prophétie du type : « à force de parler que de ce qui ne va pas, on ne va que vers ce qui ne pas va ». Donc en 2025, on a besoin d’un budget et de règles du jeu pour retrouver de l’oxygène. Pour le reste, on sait faire notre job. Le Medef, c’est 2.000 entreprises et 35.000 collaborateurs, on a une responsabilité à la fois économique mais aussi sociétale. Je reste extrêmement confiant pour l’année qui vient car si les hommes politiques reprennent leurs esprits, retrouvent le sens de la raison et donc nous donnent les moyens de nous exprimer, nous avons les atouts suffisants pour nous en sortir, sinon on court droit à la catastrophe. Comment se préparer et faire face à 2025 ? Laurent Lopez : Depuis la dissolution, on est sur la bande d’arrêt d’urgence. Pour autant, notre rôle c’est de créer un environnement serein et répondre aux problématiques qui sont face à nous par l’innovation. Pour cela, nous avons créé plusieurs commissions, sur le logement par exemple. Le patronat est combatif et il y a une certitude, il y aura un 1er janvier 2026, soit nous subissons 2025, soit nous construisons et nous choisissons la deuxième option. Aliou Konaré : On a perdu du temps, et on en perd encore. Mais on a la niaque. On n’attend pas seulement que les budgets soient votés, on travaille et on motive nos troupes. Philippe Borne : Il ne faut pas sous-estimer la capacité de nos entreprises à s’adapter même si la perte d’énergie est importante.

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