L’agglomération Pays basque présente son Schéma de développement économique 2024-2030 - Premium

La Communauté d’Agglomération Pays Basque a présenté son Schéma de développement économique pour la période 2024-2030 ce mardi. Il s’agit du document qui présente les orientations de l’Agglomération pour les années à venir en matière de développement économique. Le deuxième réalisé depuis la création de l’intercommunalité XXL en 2017. Une boussole pour le service en charge du développement économique doté de 14 agents communautaires qui accompagnent environ 500 entreprises à l’année. Pour présenter ce Schéma de développement économique, Sylvie Durruty, vice-présidente de la CAPB en charge du sujet, a répondu à Placéco Pays basque. Quels sont les axes prioritaires de ce Schéma de développement ? Sylvie Durruty : Avant tout, il s'agit de réaffirmer le rôle central de l'économie productive. C'est d'autant plus important pour notre territoire, où l'attractivité génère des besoins liés à l'économie résidentielle. Il y a une forte demande de la part d’entreprises dans ce domaine, et nous laissons ce secteur au marché privé. Sur le plan du foncier économique, nous avons mesuré le poids des transactions sur l'agglomération : 90% des transactions sont réalisés par le secteur privé, tandis que 10% sont portés par la collectivité. Et nous ne nous opposons pas aux transactions privées, dès lors qu'elles contribuent à consolider et à développer des activités économiques, y compris dans les secteurs de l'économie résidentielle, tels que le commerce et les services.Le nouveau schéma s'articule autour de quatre axes majeurs. Le premier est l’économie productive, comme je l’ai mentionné, et l’innovation y joue un rôle clé. Notre engagement historique en matière d’innovation se poursuit, comme en témoigne le succès des Ateliers de l'Innovation, qui existent depuis 12 ans. Ce dispositif a bien pris le virage entre l’ancienne agglomération Côte Basque Adour et la grande agglomération. Et nous continuons d’identifier et d'accompagner les "pépites" sur l’ensemble du territoire. Nous essayons d’aller plus loin et travaillons avec les centres d’appui pour renforcer cet accompagnement là où c'est nécessaire. Cette complémentarité entre les deux dispositifs nous permet aussi de répondre au deuxième axe de ce schéma qui est celui de faire du développement économique sur tout le territoire, Territoire et Entreprises. Ce n’est pas une simple déclaration d’intention, c’est pour nous essentiel. La valeur ajoutée du développement économique s’impose partout. Par exemple, en Soule, où l'ADN industriel est fort, il y a des enjeux à relever, et notamment démographiques. Avec la plateforme Xibetek, nous cherchons à attirer et à former des jeunes, locaux ou non, pour répondre aux besoins marqués des entreprises industrielles de la région, où une centaine d'emplois sont à pourvoir. On peut lire aussi qu’il s’agit d’une actualisation de l’ancien Schéma de 2019, il comportait des lacunes ? Je ne parlerais pas de lacunes, mais plutôt d'ajustements et d'aménagements indispensables sur plusieurs axes. Le premier concerne la mise en œuvre de notre politique publique en matière de développement économique, notamment le déploiement de nos filières d’excellence. Depuis 2019, certaines filières se sont imposées avec plus de force, comme la filière MedTech. Si le secteur de la santé était bien mentionné, il n'était pas encore qualifié comme filière d'excellence. Cette évolution est due à l'arrivée de nouveaux acteurs sur le territoire. Ensuite, il est clair que les énergies de demain représentent une filière émergente sur laquelle nous devrons également nous positionner, car cette réalité s’impose progressivement à nous. Ce que nous proposons pour la période 2024-2030 s'inscrit donc dans une continuité. Les grands axes de notre politique publique restent les mêmes, car nous avons des bases structurelles solides. Enfin, il y a deux marqueurs essentiels à notre développement économique : l'économie productive et l'innovation. Notre action est majoritairement tournée vers les entreprises de production. Quant à l'innovation, elle est un levier indispensable pour cette économie de production. Ces deux piliers sont indissociables. Un Schéma de développement économique qui se décline en différentes feuilles de route : économie sociale et solidaire, numérique, medtech. De ces feuilles de route, quelles actions en découlent ?De manière très pragmatique, chaque feuille de route s’accompagne de la réalisation d'un certain nombre d’investissements par la communauté d’agglomération. Ces actions sont déjà toutes intégrées dans notre plan pluriannuel d'investissement. En d’autres termes, lorsque nous élaborons ces feuilles de route, nous nous assurons en parallèle de disposer des moyens nécessaires à leur mise en œuvre. Cela inclut, bien sûr, le fonctionnement de l'agglomération, notre budget de développement économique, ainsi que notre budget d’investissement. Un exemple concret est celui des pépinières d'entreprises. Nous étions récemment en comité de pilotage à Itxassou avec les élus du pôle pour discuter de la future pépinière dédiée à l’économie circulaire, qui sera implantée sur l’ancien site de la société Alki, acquis par l’agglomération. Les élus se sont légitimement interrogés sur le financement de ce projet, et je peux affirmer que le budget est déjà alloué dans nos investissements futurs. Il est donc essentiel de souligner que nous avons déjà planifié et engagé les ressources pour concrétiser ces actions. Ce ne sont pas de simples intentions.« Actuellement une vingtaine de projets pour disposer d'une cinquantaine d'hectares à moyen terme »Quels grands projets sont prévus sur la durée de ce nouveau Schéma de développement ? Nous avons plusieurs grands projets en développement. Par exemple, TurboLab dont l’inauguration aura lieu très prochainement. Ensuite, il y a le projet Xibetek, la plateforme technologique en Soule. Nous avons déjà franchi la première étape, et un site est en cours de planification pour la phase deux, sur laquelle nous travaillons déjà activement. En parallèle, nous mettons en place différents outils pour accompagner la croissance de nos entreprises : des pépinières, des hôtels d’entreprises et des tiers-lieux. Ces structures permettent aux entreprises de se développer avant de pouvoir voler de leurs propres ailes. Nous avons actuellement treize projets en cours qui nous permettront d'accueillir 120 entreprises supplémentaires. L'objectif est de couvrir l'ensemble du territoire, notamment dans les zones où ces infrastructures n’existent pas encore. Par exemple, sur le pôle Nive Adour, il n’y a ni pépinières ni hôtels d’entreprises publics, malgré une forte activité économique. Cela montre clairement la nécessité de développer ces outils sur cette partie du territoire.Il y a également un volet formation important, qui bien que n'étant pas directement lié au développement économique, reste crucial pour soutenir les entreprises et produire des talents. Nous accompagnons plusieurs structures de formation pour répondre aux besoins du marché. Par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Estia pour anticiper les besoins des entreprises en matière de compétences. En ce qui concerne les pépinières, la pépinière agroalimentaire à Aïcirits est terminée et livrable. Le projet Xibetek 2 prévoit également une pépinière d’entreprises. Comme le site d’Alki, nous avons prévu un espace mixte qui accueillera à la fois des entreprises en pépinière et des entreprises plus matures. L’année dernière, on parlait d’un manque de foncier économique. Quelle est la situation actuelle, et que prévoit ce Schéma de développement ?Début 2023, notre stock était tombé de onze à sept hectares. Nous travaillons avec les pôles pour identifier et réserver du foncier pour l'activité économique, avec un fort volontarisme. Nous avons actuellement une vingtaine de projets en cours qui nous permettraient de disposer d'une cinquantaine d'hectares à moyen terme.Ça va suffire pour absorber tous les besoins en foncier du territoire ?Il est important de rappeler que, comme nous l'avons évoqué précédemment, une grande partie des transactions est portée par le secteur privé. Ce dernier joue un rôle clé pour répondre aux besoins des entreprises. Heureusement, il existe des transactions ou des locations, peu importe le modèle finalement, ce qui compte, c'est que les entreprises puissent trouver les moyens de leur développement. Quant à savoir si cela sera suffisant, c'est toujours difficile à dire. Ce que nous pouvons affirmer, c'est que nous ne ciblons pas les entreprises qui ne relèvent pas de la sphère productive. Ainsi, parmi les besoins globaux exprimés, il y a des entreprises qui, par exemple, nécessitent des espaces de stockage ou des infrastructures liées à la distribution. Pour ce type d'activités, le territoire n'a pas de solutions à apporter. Cela nous amène à faire le lien avec le troisième pilier de notre Schéma, écologique, énergétique et sociétal. Ces transitions obligent chacun à repenser ses méthodes, à s'adapter aux nouvelles réalités. Ce qui fonctionnait hier ne peut plus être envisagé de la même manière aujourd'hui. Vous parlez de développement de pépinières notamment, or les existantes ne sont pas toutes pleines, est-ce que les pépinières sont la seule solution au manque de foncier économique ?Cela n’a jamais été notre seule réponse, mais c’est effectivement, c’est l’un des outils à notre disposition. Il faut bien comprendre que les pépinières s’inscrivent dans un dispositif plus large. Avant même de parler des pépinières, il y a les incubateurs, par exemple, qui sont essentiels pour accompagner les projets en phase de démarrage. L’objectif est de permettre à un porteur de projet de franchir les premières étapes décisives : faire mûrir son idée, définir un modèle économique viable. Très souvent, les porteurs de projets ont une idée claire, mais c’est la question du modèle économique et de l’industrialisation du procédé qui pose problème. Ensuite, il y a d’autres solutions comme les cellules industrielles, pour accompagner la phase initiale d'industrialisation, ou encore les villages d’artisans et les hôtels d'entreprises. Ce sont autant de dispositifs que nous mettons en œuvre pour répondre aux besoins des entreprises à différents stades de leur développement. Nous avons également fait preuve de souplesse en adaptant certains règlements de nos pépinières pour permettre d’accueillir des entreprises plus matures, lorsque cela s’avérait nécessaire. Nous avons permis à certaines pépinières d’évoluer en hôtels d’entreprises. C’est une véritable souplesse qui n’existe pas sur le marché privé.En ce qui concerne les subventions comme celles des Ateliers de l’Innovation que vous mentionnez, certaines entreprises aidées ferment malgré tout leurs portes. Est-ce que ces subventions suffisent ?Les entreprises qui échouent après avoir bénéficié de nos aides sont rares. Mais il faut reconnaître que, comme dans toute activité, des aléas existent. Seuls ceux qui ne tentent rien ne trébuchent jamais. D’ailleurs, dans certains pays, on parle de "seconde chance", et bien qu’on n'en soit pas encore là, il faut admettre que cela fait partie du cycle de vie d’une entreprise. Quand on regarde les chiffres, le montant des aides attribuées et le nombre d'entreprises accompagnées, les cas d’échec restent très marginaux. Pourquoi ? Parce que notre accompagnement ne se limite pas à un simple chèque. Il est systématiquement suivi d'un soutien sur mesure, visant à sécuriser la trajectoire de l'entreprise, et c'est là que réside notre véritable valeur ajoutée. Par ailleurs, nous avons pris une décision forte durant ce mandat : augmenter significativement la part du budget de fonctionnement dédiée aux aides directes aux entreprises, qui représente aujourd'hui environ 30% du budget du développement économique de l’agglomération. Cela n’était pas le cas auparavant. Pourquoi ce choix ? Parce que l’effet de levier est considérable. Pour chaque euro investi dans une entreprise, l'impact sur l'économie locale est multiplié entre cinq et treize fois, selon les dispositifs. En moyenne, on estime cet effet multiplicateur à dix.

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