En Nouvelle-Aquitaine, Cap Métiers garde un œil sur les formations qui attirent
Les métiers du soin et du social attirent toujours, mais les conditions de travail génèrent souvent des réorientations. Photo d'illustration : Adobe Stock
Quelles formations attirent, en Nouvelle-Aquitaine ? C’est à cette question que l’agence Cap Métiers répond, depuis six ans, en analysant les données publiques. Pour la structure, missionnée tant par l’Etat que par le Conseil régional, l’enjeu est notamment de réaliser une veille pour alerter en cas de risque de pertes de compétences.
En Nouvelle-Aquitaine, l’agence Cap Métiers mène depuis 2018 des missions autour de l’orientation, la formation professionnelle et l’emploi. « On travaille beaucoup la donnée, dans toutes ses dimensions, explique à Placéco Corinne Lafitte, directrice générale de la structure. On brasse toutes les statistiques publiques qui existent autour de la mobilité professionnelle, de l’évolution socio-démographique, de l’emploi bien sûr… » Objectif : brosser des portraits de nos territoires et dresser des constats autour des métiers. « On fait converger l’activité économique avec d’autres éléments conjoncturels, on regarde sur plusieurs années et on observe les tendances », complète notre interlocutrice.
L’enjeu est notamment d’alerter sur un risque de perte de compétences, en cas de départs massifs à la retraite, ou de désaffection pour telle ou telle formation. « Si on se projette à 2030 en Nouvelle-Aquitaine, parmi les métiers qui auront le plus besoin de recruter, il y a celui d’agent d’entretien car il y aura 45.000 personnes en fin de carrière, avec plus de créations de postes que de suppression. Or, le métier n’attire pas. » Mêmes tensions du côté des aides-soignants, 19.000 départs à la retraite sont prévus pour 11.000 suppressions possibles de postes, et chez les agriculteurs (29.000 départs en retraite).
L'alternance, vrai levier pour les formations de gestion d'entreprise
Du côté des formations, force est de constater que depuis plusieurs années, les métiers les plus attractifs sont ceux de la santé ou du social. Bénéficiant d’une « excellente image » auprès d’adultes, demandeurs d’emploi ou en reconversion, ces métiers génèrent « une fatigue professionnelle qui vient très vite, ce qui entraîne des rebonds de carrière ensuite », analyse Corinne Lafitte sans que le constat ne surprenne. La filière du bâtiment reste également attractive, « plus chez les adultes et un peu moins auprès des scolaires ».
À l’inverse, la gestion d’entreprise et le commerce attirent plus de jeunes - notamment des alternants - et des demandeurs d’emploi que des personnes en reconversion. « On a vu un phénomène d’amplification ces dernières années, depuis que l’alternance est prise en charge par l’employeur, souligne la directrice générale de Cap Métiers. L’engouement est d’ailleurs confirmé par l’offre de formations disponibles dans la gestion d’entreprise. Il y en a peut-être plus qui rêvent d’aller vers le marketing, or là où il y a d’énormes besoins c’est dans l’expertise-comptable. Il y a sans doute moins de paillettes pour les jeunes mais ce sont des métiers dont on a besoin ! » Une situation due en partie à « l’image de marque » que travaillent certains établissements, situés plutôt en zones urbaines comme à Bordeaux et à Bayonne principalement, mais aussi à Pau.
Et parmi les orientations qui attirent moins ? « La banque et l’assurance », répond Corinne Lafitte sans avancer d’hypothèses explicatives, Cap Métiers s’arrêtant aux analyses chiffrées. La directrice générale cite également certains métiers plus saisonniers, avec des conditions de travail moins avantageuses. « Notre région est très touristique, mais dans certains secteurs on peut attendre une certaine polyvalence des profils, pour avoir un métier toute l’année, ce qui peut ne pas attirer ».
En zones rurales, Cap Métiers note une évolution des niveaux de formation. Selon Corinne Lafitte, « les jeunes ont quasiment un niveau de qualification de plus que leurs aînés ». D’où l’importance, selon elle, d’aménager le territoire en visant un certain équilibre : « Lorsque les jeunes ne continuent pas dans le cursus général, le choix se fait selon l’offre de proximité. Il faut être vigilant quant aux formations disponibles, ce n’est pas simple mais il faut essayer d’augmenter l’offre, ou du moins la possibilité d’y accéder. »