Impression 3D : Namma à l’assaut du marché français, l’Europe en ligne de mire - Premium

« Pour le moment, tout avance comme prévu : le déménagement, on a recruté les bonnes personnes… on touche du bois », sourit Clément Cazautets, président et cofondateur de la jeune pousse Namma, au regard de la feuille de route évoquée en février dernier. Hébergée depuis sa fondation en 2018 dans les locaux de l’ENSAM (École nationale supérieure d’arts et métiers) à Talence, elle commençait à se sentir furieusement à l’étroit, alors que les commandes commençaient à rentrer à bonne cadence. Un site où elle ne pouvait espérer produire d'une grosse vingtaine de machines par an. Courant juillet, elle a pris possession de nouveaux locaux, près de 1.000m² rue Alessandro Volta à Mérignac, précédemment occupés par la société Rexel. Dans ces lieux proches de l’aéroport, de nouvelles lignes d’assemblage vont être mises en œuvre. « Non seulement on va produire plus rapidement, en ramenant le délai de six mois à six semaines, mais on pourra fabriquer entre 30 et 80 unités par an, selon les modèles. »Toute jeune société qu’elle soit, Namma propose déjà trois machines dédiées à l’impression 3D, aux capacités et usages différents. Eva, la plus volumineuse, permet de produire des pièces de grandes dimensions et se révèle facilement modulaire, le passage de l’impression à l’usinage ou la gravure laser se faisant en changeant un module, une opération réalisable en quelques minutes. Lucy, dévoilée en début d’année, permet d’enchaîner sans interruption impression puis usinage, garanti avec une précision de l’ordre de cinq centièmes de millimètres. Et enfin Ana, qui dispose pour sa part de deux têtes d’impression, permettant d’utiliser simultanément deux matériaux différents.Accélérer l’innovationLa startup est pourtant loin d’en avoir fini avec la R&D, qui va désormais se concentrer sur l’expansion du portefeuille de matériaux imprimables avec ses machines. « On veut avoir de plus en plus de matériaux techniques, adaptés aux milieux de la défense, de l’aéronautique, du spatial, du ferroviaire ou encore de l’automobile », énumère le dirigeant. « On va aller chercher des matériaux vraiment performants, aussi bien sur des propriétés thermiques, mécaniques ou chimiques. » Et ce n’est pas tout. « Tous nos produits hardware, il faut pouvoir les connecter entre eux et donc proposer une suite logicielle pour favoriser un écosystème connecté, pour permettre la digitalisation de la partie production et industrialisation. » Dans ce cadre, Namma prévoit d’ailleurs le dépôt d’un nouveau brevet « pour révolutionner l’impression 3D en améliorant la qualité et la performance du procédé ». Un savoir-faire qui commence à attirer l’attention, aussi bien d’entreprises de la défense que de PME. À signaler aussi la signature récente de deux entreprises du secteur médical « sur lequel on n’était pas présents, ni même très proactifs, ce sont des demandes entrantes qu’on a reçu lors d’un salon industriel. C’est un bon signal d’intéresser de ce type de sociétés ».S’imposer en France, préparer l’EuropePour accélérer, Namma vient, comme prévu en début d’année, de boucler une levée de fonds. L’opération, d’un montant d’un million d’euros, a été réalisée auprès de Finaqui, Arts & Métiers Business Angels, Club Invest IDF, Defense Angels, GO Capital mais aussi d’investisseurs privés. Cette manne accompagnera la montée en puissance industrielle, qui suppose notamment de renforcer les effectifs. L’équipe est ainsi déjà passée de 8 à 12 personnes en quelques semaines, « dont des contrats d’apprentissage convertis en CDI », tient à souligner le dirigeant. Qui recherche encore entre deux et cinq personnes supplémentaires, pour des postes de techniciens d’assemblage et de maintenance, « pour produire encore plus », mais aussi sur des profils de développement logiciel et hardware. De nouvelles forces vives qui seront quasiment exclusivement consacrée à la conquête du marché français. « Mais si celui-ci explose vraiment, on pourrait faire une levée de fonds intermédiaire pour justement se concentrer dessus », indique Clément Cazautets. « On a des demandes entrantes de différents continents. Mais, pour l’instant, on ne peut pas y répondre favorablement. On veut se concentrer sur la France, avant d’aller en Europe ou plus loin à l’international. » Envisagée à horizon de trois à cinq ans, cette étape nécessitera avec certitude la constitution d’un nouveau tour de table. Première étape : étudier ce marché européen. « Ça va prendre au moins une bonne année », prévoit le dirigeant.D’ici fin 2024, les carnets de commandes sont déjà assez remplis pour amener Namma à devoir produire entre 20 et 30 machines. De quoi faire gonfler le parc installé, ce qui, au-delà du cash-flow généré par les ventes, permettrait d’augmenter les revenus récurrents. À terme, l’objet est de porter la part de ces derniers à 30% du chiffre d’affaires, par la vente de consommables (les matériaux pour l’impression 3D), les licences logicielles et les opérations de maintenance. Si l’entreprise ne communique pas son chiffre d’affaires, elle estime pouvoir atteindre la rentabilité dès 2025.NammaSAS fondée en février 2021Siège social à MérignacEffectif : 12 personnesCA : n.c.

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