RER métropolitain : « les SERM portent aussi un projet d’urbanisme » (Patrice Vergriete)
Patrice Vergriete, ministre délégué chargé des Transports et Louis Nègre, président du GART. Crédit : DM
Le nouveau ministre des Transports était ce matin à Bordeaux, pour parler des futurs Services express régionaux métropolitains. S’il laisse aux rencontres à venir le soin de trancher la question des financements, il a détaillé comment les SERM peuvent aider à corriger les effets négatifs liés à la métropolisation.
Invité ce matin à s’exprimer à l’occasion du colloque autour des SERM* (services express régionaux métropolitains) organisé à Bordeaux par le GART (Groupement des autorités responsables de transports), le ministre délégué chargé des Transports, Patrice Vergriete, a détaillé la vision politique du gouvernement sur le sujet, avant de donner quelques éléments de méthode et de calendrier. Premier point, il souscrit évidemment sans réserve aux enjeux de lutte contre le changement climatique. « Il faut réussir la décarbonation des mobilités, privilégier demain le vélo, la marche, mais aussi le train par rapport à la voiture. Ça ne veut pas dire que la voiture est exclue, mais qu’il faut réussir à développer un peu plus le ferroviaire, le vélo, toutes les mobilités décarbonées, articulées autour d’une infrastructure ferroviaire modernisée », expose-t-il consensuellement. Alain Rousset, président du Conseil régional, estime pour sa part que ce « défi climatique et environnemental ouvre au gouvernement un boulevard en matière de planification écologique ». Et le ministre de rapidement s’attarder sur un second aspect tout aussi important à ses yeux : « Les SERM sont un outil de maîtrise, voire de correction, des dynamiques de métropolisation. Et c'est aux élus locaux de dire quelle vision et quel schéma ils portent collectivement pour le territoire. »
« On a connu au cours de ces dernières décennies des villes moyennes et petites villes qui se dépeuplaient et de l'autre côté, des métropoles qui devaient accueillir plus de population, mais sans forcément avoir les terrains disponibles pour pouvoir construire, pas forcément les logements avec des prix qui s'envolaient », pose le ministre. « 31 grandes aires urbaines accueillent la moitié de la population. Ça ne va pas diminuer, ce phénomène de métropolisation est français, européen et mondial », abonde Louis Nègre, président du GART, qui voit dans les SERM « un projet d’infrastructure, mais aussi un projet de service, qui appelle un choc d’offre ». Et le ministre délégué d’affiner son propos, évoquant un « outil pour porter une vision politique de rééquilibrage de l’aménagement du territoire. Je vois le SERM comme le volet mobilité d’une vision politique du développement métropolitain ». In fine, un contributeur au rééquilibrage des fonctions métropolitaines.
Alignement entre la vision de l’Etat et les projets locaux
Depuis l’annonce du président de la République, fin novembre 2022, souhaitant voir émerger un transport ferroviaire du quotidien de type RER dans 10 métropoles françaises, l’Etat est désormais engagé dans un processus de labellisation des diverses candidatures qui émergent. Dans ce cadre, le ministre évoque les prochaines échéances. Il est ainsi prévu, vers la mi-avril, de rassembler les représentants des métropoles et des AOM (Autorités organisatrices de la mobilité). L'objectif sera notamment d’identifier d’ici à la fin du semestre les premières labellisations sur les projets les plus avancés, dont vraisemblablement celui autour de Bordeaux Métropole. Suivra « un travail un peu plus fin avec les services de l’Etat », en vue d’une prise d’arrêté définitif d’ici fin 2024.
Entre temps, une conférence aura été tenue, avant le 30 juin, sur le financement des mobilités en général et des SERM en particulier. « Monsieur le ministre, vous êtes attendu », souligne le président du GART, qui estime que les collectivités locales ont investi 10 fois plus que l’Etat sur les mobilités lors des 15 dernières années. « L’Etat sera au rendez-vous, je ne doute pas de la volonté du président de la République en la matière », répond Patrice Vergriete. Il estime que cette conférence ne pourra être déliée « d’un débat sur le modèle économique des mobilités en France, qui doit payer et pour quoi ». Un débat auquel il estime que les citoyens doivent être associés, « sinon, on risquerait d'avoir de grandes surprises dans les années qui viennent, pas forcément en faveur des mobilités ». En tout état de cause, « cette conférence devra être conclusive », estime-t-il.
Alors qu’une trentaine de projets de SERM sont identifiés au niveau national, la métropole bordelaise se tient prête. Christine Bost, qui devrait être portée à la présidence de Bordeaux Métropole ce vendredi 15 mars, prend date avec le ministre : « mon premier acte sera de nous saisir officiellement avec les collègues du Département et de la Région pour vous solliciter pour la labellisation de notre projet comme premier SERM de France. Le courrier est déjà prêt ! »
* Quatre projets, à des degrés divers d’avancement, concernent le territoire néoaquitain : le RER métropolitain autour de Bordeaux, le RER basco-landais, le RER Pyrénéen autour de Pau et enfin la zone de La Rochelle.
Lire par ailleurs :
RER basco-landais : que contient la feuille de route du Conseil régional ?