Transport ferroviaire : GPSO est « désormais un chantier » - Premium

« Nous sommes en phase concrète d’engagement de travaux », déclare d’emblée Pierre-André Durand, préfet coordonateur du Grand Projet du Sud Ouest, dont l’ambition est de créer des lignes ferroviaires à grande vitesse devant relier Bordeaux avec Toulouse d’une part et Dax (puis l’Espagne) d’autre part. En amont d’une réunion du conseil de surveillance de SGPSO (Société du GPSO), l’ensemble des parties prenantes ont tenu conférence pour formaliser un changement de taille. On ne parle plus vraiment de GPSO, en tant que « simple » projet. « Il y a désormais un chantier, pour ce que nous appelons la Ligne Nouvelle du Sud-Ouest [ndlr, LNSO] », affirme encore Pierre-André Durand. (LNSO). Le coup (de pioche) est parti. Depuis plusieurs mois, les AFNT (aménagements ferroviaires au nord de Toulouse) sont en cours et se poursuivent. Concernant les AFSB (aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux), l’enquête publique s’est achevée fin août dernier et « les conclusions de la commission d’enquête sont favorables », indique le préfet coordonnateur. Qui martèle : « Cette ligne nouvelle est désormais en phase opérationnelle, on passe du projet au chantier. »Quid des finances ?Certes, il y a encore des recours pendants, à juger par la justice administrative, notamment sur les éventuels dépassements de coûts. Mais Pierre-André Durand n’y voit « pas de signaux préoccupants », estimant qu’il s’agit là « de la gestion normale de contentieux ». Il résume : « C'est la complète mise en ordre de bataille des acteurs porteurs du projet sur le plan juridique, opérationnel et financier. » Sur ce dernier point, 14 milliards d'euros, au bas mot, doivent être investis, avec des financements de l’Europe, de l’Etat, des collectivités territoriales. Faut-il craindre un recul des engagements de l’Etat, avec un nouveau gouvernement qui semble plus attentif aux trains du quotidien qu’aux grands projets ? « Il y a certes des difficultés budgétaires, reconnaît Alain Rousset, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, mais l’Europe a décidé il y a peu que les contreparties françaises de l’endettement sur GPSO resteraient en dehors de la dette au sens maastrichtien du terme. » Un point qui devrait rassurer les orthodoxes de Bercy. « Je ne vois pas de problèmes avec le Premier ministre, ni avec le ministre des Transports », reprend le président Rousset. « Sur les AFSB et les AFNT, l’Etat et GPSO ont déjà mis un milliard sur la table. L’Etat honore ses engagements sur les chantiers », reprend Guy Kaufmann, président du directoire et directeur général de SGPSO, sous l’œil approbateur du préfet coordonateur, également premier représentant de l’Etat en Occitanie.Même son de cloche du côté du professeur Carlo Secchi, coordonnateur du Corridor Atlantique pour la Commission européenne, qui rappelle d’emblée l’entrée en vigueur, le 18 juillet dernier, du Règlement sur les orientations de l’Union du réseau transeuropéen de transport. Avec l’objectif de « réduire l’impact environnemental et climatique des transports et accroître la sécurité et la résilience du réseau ». La présidence de l’UE entend ainsi concentrer les efforts, ces prochaines années, « sur la planification, le financement et la mise en œuvre d’un vaste projet de liaisons européennes à grande vitesse entre les capitales européennes ». Ce qui, prévient-il, supposera que l’Europe dispose d’une structure budgétaire plus flexible et mieux alignée sur « nos priorités et objectifs ». La question se joue donc sur le prochain budget européen, en vigueur après 2027 et dont les discussions commenceront officiellement l’année prochaine. En attendant, l’Europe consacre cette année 19,5 millions d’euros à LNSO.Guy Kaufmann rebondit : « Le conseil de surveillance que nous allons tenir aujourd’hui va délibérer sur une convention à hauteur de 74 millions, dont 22% financés par l’UE. Le plan de financement adopté le 18 février 2022 prévoit un certain nombre de ressources fiscales, qui doivent rapporter quelque 160 millions d’euros en année pleine. À partir de 2027-2028, on ira voir la BEI mais aussi les marchés financiers pour des “green bonds” [ndlr, obligations vertes] au moment de lancer le chantier de la ligne nouvelle. » Ce qui amènera rapidement à beaucoup emprunter. Mais, rassure-t-il, « on [ndlr, SGPSO] est conçu pour s’endetter, porter et faire monter une dette et la rembourser au moins sur 40 ans ». LGV et trains du quotidien« On investit pour un siècle, une voie ferrée nouvelle, ça s’amortit sur plus de 100 ans », abonde le président Rousset. Qui veut placer le dossier dans un contexte historique. « Il y a trois lignes ferroviaires dans la vallée du Rhône. Nous [ndlr, Bordeaux] n’en avons qu’une vers l’Espagne et une seule vers Toulouse. Par définition, ça limite les capacités de report modal de l’avion et de la route vers le rail. Ça libérera des sillons pour le fret et pour les trains du quotidien, les TER et les RER métropolitains. En outre, le temps de trajet va être considérablement raccourci. La LGV va devenir le train du quotidien entre les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Au-delà, il y aurait un égoïsme, vis-à-vis des zones au sud est sud-est de Bordeaux, à laisser la grande vitesse s’arrêter à Bordeaux. Tout ça va concerner entre 3,5 et 4 millions de voyages par an, dont un million entre Toulouse et la côte basque. » Outre les trains à grande vitesse, les AFSB et AFNT permettront de faire passer beaucoup plus de trains. « Ces aménagements sont indispensables pour les trains du quotidien, mais aussi les trajets longue distance et dégager des capacité de fret », acquiesce Christophe Huau, directeur de l’agence GPSO : « La SNCF est engagée et prête à réaliser le chantier de la Ligne Nouvelle du Sud-Ouest. On est convaincu de la nécessité et de la qualité. » Aligné sur l’horizon 2032 pour la mise en service de cette LGV Bordeaux-Toulouse, Pierre-André Durant l’assure, « c’est un projet qui s’inscrit dans le cadre des recommandations du GIEC, il est d’intérêt européen, national et régional ». Aussi, se montrera-t-il « attentif à ce que le calendrier soit respecté ».À lire également - GPSO : un fonds de solidarité territoriale verra le jour en 2024

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