Après-législatives : « Une campagne même pas digne d’une cour de récréation » (CCI) - Premium

Dans quel état se trouve l’économie du département ? L’économie n’est pas florissante, tant au niveau national que départemental. Lorsque l’on regarde les statistiques des tribunaux de commerce, on s'aperçoit qu'il y a une augmentation des défaillances d’entreprises depuis le début de l’année. Elle est assez importante et inquiétante. Dans un dernier rapport que j’ai consulté, on est à 30% de défaillance des entreprises d’une année à l’autre. Je n'ai pas l’impression qu’on en parle beaucoup au niveau national pour le moment. Elles sont dues à un ralentissement de la consommation, donc de la production. Quand vous parlez avec la grande distribution, le rayon alimentaire fonctionne encore un peu, mais tout ce qui est bazar dans les grandes surfaces, c’est au ralenti. Prenez les grandes enseignes d’électroménager ou de sport par exemple, elles ont toutes baissé leur chiffre d'affaires de façon importante depuis 6 à 8 mois et notent des pertes d’activité. Je vous donne un indicateur, parce que je suis issu du transport routier, mais quand vous questionnez le syndicat principal, le FNTR, on voit qu’il y a un ralentissement des transports en France de 15 à 20%. Tout ce qui est consommé par la France est transporté par la route. On dit « quand le bâtiment va, tout va et quand le bâtiment ne va pas, rien ne va » et bien, avec le transport c’est pareil. Il est indicateur important de l’activité économique.« On ne gère pas l'Etat comme on gère une entreprise »Donc l’activité n’est pas très florissante, mais partout en France, ce n’est pas qu’en Charente-Maritime. Le bâtiment a été fortement impacté par l’augmentation des matériaux, la pénurie de main-d'œuvre et l’augmentation des taux ce qui a provoqué l'impossibilité d'accès au logement pour beaucoup de personnes. Toutes les entreprises qui ne travaillent que sur le neuf souffrent terriblement. De façon globale, le paysage n’est pas aussi beau que l’on pourrait le croire. Mais on a l’impression que comme les JO approchent, on nous met un masque. Pour autant, il faut garder espoir, l’avenir est en nous et puis quand on se bat on y arrive. Quand on voit ce que vient d’annoncer le président de la Cour des comptes, il faut que la France se serre la ceinture et remonte la pente. L'Europe nous a envoyé une alerte rouge parce qu’on est à plus de 5% de déficit annuel alors que Maastricht nous donnait 3% maximum, il faut réduire les dépenses de l’Etat. D'ailleurs, ce sont aussi les rôles des collectivités de relancer l’activité sur les territoires notamment au travers des grands chantiers mais encore faudrait-il qu’il y ait les moyens de les payer. On dépense beaucoup trop dans du fonctionnement avec des frais énormes. On ne gère pas l’Etat comme on gère une entreprise, on ne gère pas les collectivités comme on gère une entreprise. Ce qui tue la France actuellement c’est d’avoir une surcharge d’impôts et de taxes. Dans la comptabilité d’une entreprise, on y met d’abord les recettes et après les dépenses et on réduit les dépenses pour s’ajuster aux recettes, alors que dans la comptabilité publique on met d’abord les dépenses et on ajuste les recettes aux dépenses. Si on a trop de dépenses on augmente les impôts pour pouvoir payer les dépenses. C’est une aberration française. Avez-vous le sentiment que les sujets économiques ont été suffisamment abordés pendant la campagne des législatives ? Non, car ils n’ont pas été abordés du tout. On a eu une campagne nulle, qui n’a été réalisée que pour descendre l’adversaire et le contrer. Il n’y a eu aucun débat économique, c’était « l’un fait ci et l’autre fait ça ». On a eu une campagne même pas digne d’une cour de récréation. Je me demande de quel niveau est le système politique actuellement. Ça fait peur pour l’avenir. Quand on voit le Nouveau Front Populaire qui n’a de nouveau rien et ne regroupe personne puisqu'aucun député n’est capable de trouver un nom commun. Quand je regarde le poids à l’Assemblée Nationale, moi je vois LFI d’un côté, PS de l’autre et Ecologistes de l’autre. Il ne faut pas dire « le Nouveau Front Populaire », il n’existe pas. Les députés sont sans arrêt en train de se battre. Quand ils disent « on a gagné », non ils n’ont pas gagné. Si on regarde le nombre de sièges par groupes parlementaires, en considérant que le NFP n’est pas un groupe puisqu’il est fait de bric et de broc et qu’il va exploser à un moment donné, et bien personne n’a de majorité. Celui qui acceptera de prendre le poste de Premier ministre sera très exposé. Il faudrait que ce soit quelqu'un de la société civile, qui ne soit marqué ni d’un côté ni d’un autre pour gérer les affaires courantes et prendre en main le gouvernement, comme une entreprise. Vous l'aurez compris, je suis très insatisfait de cette campagne puisque les sujets principaux n’ont pas été abordés. Il n'y avait pas de sujet pour l'avenir de la France. Le bâtiment, le transport et la restauration sont les secteurs les plus exposé par rapport aux décisions politiques qui vont se jouer.94% des entreprises de Charente-Maritime ont moins de 10 salariés Deux réformes phares sont portées par le Nouveau Front Populaire : une revalorisation du smic à 1.600 euros net et l’abrogation de la réforme des retraites. Quels impacts pourraient avoir ces décisions sur les entreprises de la Charente-Maritime ? La revalorisation du smic à 1.600 euros c’est une promesse de campagne mais les gens raisonnables qui seront au pouvoir ne peuvent pas l’imposer car ça relance l’inflation de façon importante. Il ne faut pas oublier que sur tout le territoire, hormis quelques métropoles, le monde de l’entreprise ce n'est pas que Total, Vinci et LVMH. Pour vous donner un ordre d'idée, en Charente-Maritime 94% des entreprises ont moins de 10 salariés. Pour la plupart de ces postes ce serait un coût important dans le prix de revient si le smic augmentait de 20 au 30%, les prix augmenteraient entre 7 et 10% suivant le poids de la masse salariale. Les entreprises ne peuvent pas absorber cette augmentation. C'est vraiment une utopie de vouloir augmenter le smic. Il y a d’autres moyens d’augmenter le pouvoir d’achat : la TVA sociale. On augmente la TVA, au lieu de 20 on la met à 25% mais on enlève les charges patronales et salariales. Donc, on fait payer le social. On dit que la TVA est un impôt injuste, ceux qui consomment plus paieront plus de TVA et ceux qui consomment moins paient moins de TVA. Celui qui change sa voiture tous les deux ans paiera la TVA celui qui achète de l’occasion n’en paiera pas. Mais si on augmente la TVA de 5% et qu’on enlève les charges salariales et patronales vous faites une augmentation du pouvoir d’achat de plus de 11%. Le smic à 1.600 euros et l'abrogation de la réforme des retraites ce sont deux idées saugrenues. Il n'y a que LFI pour penser à ces choses là. Si on a la moindre notion d'économie, on se rend compte que ce ne sont pas des positions faisables ou alors il faut tout réformer, et réformer le monde du travail. Si on fait l’abrogation de la réforme des retraites, on va aller vers la retraite privée et la plupart des gens n’auront plus rien, comme aux Etats-Unis. Tout ça, ne sont que les slogans électoraux. J'étais très heureux aux législatives d'avant. Macron n’avait pas eu la majorité absolue, je me suis dit « enfin on va agir dans une vraie démocratie où les textes de loi vont être votés par l’Assemblée », mais c’était sans penser que les députés allaient faire des amendements pour empêcher les lois de passer et d'obliger à utiliser le 49.3.Qu'est-ce que vous attendez du prochain gouvernement ? Il doit redonner confiance aux français, montrer qu’il y a un pilote et reprendre en main le pays. Qu'il y ait une autorité connue et reconnue et qu’on accepte pas n’importe quoi. Redonner confiance aux Français sur le fait qu’il y a une politique réelle et non une politique qui change en fonction des sondages. C’est ce qui est dommage au deuxième quinquennat, Macron aurait dû avoir le courage de faire passer les grandes réformes et aller au bout des choses sans trembler. Je pense qu’on a pas assez profité de cette opportunité. Ensuite, quelqu'un de courageux qui face des réformes dans le monde du travail, mais aussi dans le social. En France, on a la chance d’avoir un social bien accompagné, mais il y a un problème de désertification médicale. Pour autant, il faut resserrer les boulons sur certains sujets. Quand on voit le Département de la Charente-Maritime qui se plaint de manquer de 49 millions aujourd'hui, ils se sont jamais posé la question s'ils n’avaient pas eu 49 millions de trop auparavant ? Si l’argent tombe et qu’on augmente les dépenses au lieu d’en profiter pour faire des investissements, ça ne fonctionne pas. On a créé des services et on a embauché, mais maintenant notre structure pèse trop lourd alors qu’il y a un pont à Tasdon qu’il faut entretenir, on préfère rénover le Fort Boyard. Il y a une aberration dans beaucoup des services de l’Etat.

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