Pollen Robotics passe dans le giron de Hugging Face - Premium

Il y a sept mois à peine, Pollen Robotics lançait la commercialisation de son robot humanoïde Reachy 2. Et évoquait à Placéco son envie de boucler une série A « avant l’été 2025 », deux ans après un précédent tour de table seed, de quelque 2,4 millions d’euros. Finalement, c’est un tout autre virage qu’annonce prendre la plus si jeune pousse bordelaise : elle rejoint le giron de la startup franco-américaine Hugging Face et devient l’une de ses filiales. Un rapprochement évident pour Matthieu Lapeyre, cofondateur et directeur général de Pollen Robotics. « Cela paraissait être une tellement belle idée pour la suite de notre projet, que nous avons arrêté de chercher des fonds pour travailler avec Hugging Face sur cette vente », se réjouit-il. Les deux entités ont pour point commun de travailler en open source. Hugging Face, 220 salariés, a levé 235 millions de dollars en 2023. Elle développe une plateforme dédiée à l’intelligence artificielle qui héberge et recense de nombreux modèles d’IA à destination des entreprises. « Ils ont réussi à créer une très large communauté autour de leur plateforme, qui est un peu devenue un standard pour les gens travaillant dans l’IA, commente Matthieu Lapeyre. Ces derniers déposent leurs modèles et leur data chez Hugging Face, pour qu’ils soient réutilisés. » Pollen Robotics avait d’ailleurs collaboré avec sa désormais maison-mère l’an passé, pour déployer une brique IA dans son robot.Créer des robots désirables et qui ne font pas peur L’équipe de Pollen (30 salariés) restera la même, toujours basée à Bordeaux. Mais la force de frappe de Hugging Face promet à l'entreprise girondine, bête de concours, d’accélérer plus qu’elle ne l’aurait imaginé. « C’est bien mieux que n’importe quelle série A », insiste Matthieu Lapeyre. Si Hugging Face est déjà rentable, ce n’est pas le cas de Pollen. « On reste une entreprise qui ne dépense pas beaucoup et qui gagne de l’argent, donc on ne perd pas beaucoup », commente le dirigeant, sans préciser de calendrier pour atteindre l’équilibre. Le franco-américain avait déjà mis un pied dans la robotique avec une plateforme dédiée, mais Pollen « va abriter toutes les initiatives dans ce domaine et notamment le hardware ». Comprenez : de nouveaux robots humanoïdes différents de Reachy, « plus accessibles pour toucher un public plus large », autre que les laboratoires de recherche adressés aujourd’hui. Avec un mot d’ordre : rendre les robots désirables. « Je pense que cette notion de désirabilité est mal amenée par beaucoup de constructeurs de robots. Je ne suis pas trop fan des modèles que l’on voit en ce moment, ils ne donnent pas une vision très excitante de l’avenir », analyse Matthieu Lapeyre. Qui veut ainsi créer, à l’instar de Reachy et sa marinière très Jean-Paul Gaultier, « des robots qui ne font pas peur, qui sortent de l’ordinaire et sont rigolos ».Chercher des savoir-faire pour produire en Europe Et Reachy deuxième du nom, dans tout ça ? Une quinzaine d’exemplaires ont été commercialisés depuis octobre dernier (70.000 dollars l’unité), auprès de laboratoires prestigieux comme ceux des universités Cornell ou Carnegie Mello. « On avait un peu ralenti la partie commerciale en attendant d’annoncer la vente, nous voulons la relancer maintenant », affirme le cofondateur de Pollen. Le Bordelais ne se fixe pas d’objectifs chiffrés pour les mois à venir (du moins, ne les revendique pas), mais reste persuadé de son produit : « Notre robot est prêt, c’est l’un des meilleurs en open source qui existe. Si les ventes ne décollent pas avec ça, c’est que ça ne sera pas ce que la demande attend aujourd’hui. Et s’il décolle, nous lancerons une industrialisation à plus grande échelle. » Côté partenaires industriels, si Pollen Robotics en a identifiés pour les composants les plus critiques de son robot, toute la chaîne de fabrication n’est pas encore assurée. « La question est, si on veut passer à une échelle supérieure, peut-on le faire en Europe ? Ce n’est pas qu’une question de prix mais de savoir-faire, soit ils sont encore là, soit ils ont disparu… et la réponse n’est pas évidente actuellement. Je pense que l’on va passer pas mal de temps, dans les mois à venir, à rencontrer les différents acteurs industriels européens pour voir ce qui est possible de réaliser, voir quel genre de robot on serait capable de produire en Europe », conclut Matthieu Lapeyre. Pollen RoboticsSAS créée en 2016Siège social à Bordeaux30 salariésCA : n. c.

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