BTP : une deuxième levée de fonds pour Boby et sa solution de digitalisation
20 personnes après une grosse année d'existence, 30 de plus d'ici 3 ans. Crédits : Boby
Lancée en début d’année après une première levée de fonds à l’automne dernier, Boby va d’ici très peu de temps faire l’objet d’une nouvelle opération. Pour quelles raisons la startup bordelaise Cybat Solutions, à l’origine de cette solution en ligne dédiée aux artisans du BTP, lance-t-elle aussi rapidement une nouvelle étape de financement ? Quelles sont les ambitions immédiates et à moyen terme ? Aurélien Rey, fondateur et président, répond à Placéco.
A peine plus d’un an d’existence et (bientôt) déjà deux levées de fonds au compteur. Créée en février 2022, la startup bordelaise Cybat Solutions est à l’origine de Boby, que d’aucuns présentent comme le “Doctolib des entrepreneurs du BTP”. Cette solution en mode SaaS entend « faciliter les démarches quotidiennes des artisans en divisant par deux le temps passé sur l’administratif », résume sobrement Aurélien Rey, fondateur et président de la SAS. Au soutien de son développement, cette dernière planche sur une levée de fonds en seed, une opération que la direction espère boucler « fin juin » à hauteur « d’environ 1 million d’euros ». Soit peu ou prou le même montant que celui réuni à l’automne dernier, quelques semaines en amont du lancement commercial. « Fin septembre, c’était pour finaliser le produit. Il a fallu recruter des profils de Product Owner, UX Designer… Là on va rentrer dans un run commercial, avec encore des recrutements. Il faut faire le pont jusqu’à notre équilibre en matière de cash, prévu pour fin 2024 », explique le dirigeant.
Dans les faits, l’équipe qui réunit déjà une vingtaine de personnes va continuer à vite grandir, avec une trentaine de nouveaux postes prévus d’ici 3 ans. Principalement sur des profils tech, mais aussi commerciaux et marketing. « 70% des embauches sont prévus pour le développement du produit », souligne Aurélien Rey. Boby propose en effet une formule gratuite reposant sur les fonctionnalités basiques : la réalisation des devis et des factures, pour un utilisateur unique et limité à 5 clients par mois. « Là, le sujet, c’est éduquer. Le numérique est déjà une première barrière en soi, on veut ici retirer celle du coût financier », argumente-t-il, précisant que « tout ce qui est lié à l’innovation, on le valorise. »
Sous-entendu via des formules payantes (Junior, Copilot, Pro…) enrichies de fonctionnalités où la promesse est engageante. « On est le premier outil dans le monde du BTP qui permet de faire un devis en direct sur un chantier », grâce à la reconnaissance vocale. Et de citer également Estim’Express, où le prospect va générer lui-même une estimation de ses travaux, sur la base des tarifs de l’entreprise. « C’est l’équivalent d’une première visite sur site, mais sans se déplacer : le prospect reçoit un lien vers un espace sécurisé, il saisit les informations et envoie des photos prises sur place. Cela calcule l’enveloppe prévisionnelle et s’il est d’accord, ça déclenche une prise de rendez-vous, avec pour nous la création immédiate d’une fiche client et du brouillon du devis. Et ça permet aussi de trier les demandes farfelues, pour que l’artisan se positionne sur les bons chantiers. » Boby peut aussi gérer les encaissements, « on est les seuls à proposer ça sur la verticale BTP : faire du smartphone un terminal de paiement. Et on va bientôt permettre de gérer l’affacturage instantané, en B2B, en partenariat avec une boîte anglaise. Ça va attirer d’autres clients qui sont en dehors de notre cible habituelle, car déjà structurés », explique Aurélien Rey.
Obligation légale : se préparer à prendre la vague
Dans un marché hexagonal qui compte 700.000 artisans du bâtiment, « plus de 70% ne sont pas équipés de solutions digitales. Le BTP est un des secteurs les moins digitalisés avec l’agriculture, le potentiel est énorme », éclaire-t-il. Dans ce cadre, Boby a conquis en 4 mois quelque 2.500 professionnels, dont 10% ont opté pour une formule payante. L’objectif est d’atteindre les 10.000 utilisateurs d’ici fin 2023 et de porter ce nombre à 65.000 l’année prochaine. Avec en ligne de mire l’échéance du 1er juillet 2024 : la loi imposera à toutes les entreprises établies en France d’accepter les factures électroniques. « Dans notre stratégie, on fait de la pédagogie, pour amener les artisans à se digitaliser en vue de la bascule obligatoire, là ils n’auront pas le choix. Actuellement, on est sur une base de revenus mensuels récurrents de 20.000 euros. Fin 2024, on pourrait dépasser le million d’euros. Cette contrainte réglementaire, c’est un tsunami qui va doper le marché, comme ça l’a été pour les caisses enregistreuses. On se prépare à prendre la vague et pour cela on construit notre légitimité », déroule le président.
Lequel anticipe déjà un déploiement à l’étranger, a priori dès 2025. « On touche déjà des francophones en Belgique, Suisse, au Maghreb. On a anticipé l’idée qu’on va s’exporter assez rapidement. Il y aura deux options. Fin 2024, soit on rentre dans une logique de PME assez classique, avec une accélération moins fulgurante. Ou alors on relève encore des fonds, pour une internationalisation en 2 ans. C’est l’hypothèse la plus probable, à 85% de chances. Il y a aura la même obligation à l’échelle européenne », prophétise Aurélien Rey.
Actuellement installée dans un espace de coworking au sein d’Euratlantique, l’équipe de Boby prévoit d’ores et déjà de déménager, début 2024, « toujours dans le quartier gare », sur un plateau d’environ 300 m², sept à huit fois plus grand que les actuels locaux. Un espace qui sera notamment mis à profit pour mener tous les mois les focus groupe. « On travaille avec des artisans qui sont volontaires, on tourne, pour brasser tous les corps d’état, explique-t-il, c’est une vraie stratégie de travailler avec la base, le terrain. C’est à partir de là qu’on construit notre roadmap. »
Boby - SAS Cybat Solutions
Fondation en février 2022
Siège social à Mios - Bureaux au sein d’Euratlantique
Effectif : une vingtaine de personnes
CA : NC