BTP : pourquoi David Davitec accueille un fonds à son capital - Premium

« Ça m’a rajeuni, réveillé », s’enthousiasme Karl Sanier. Arrivé au milieu des années 90 à la direction de la société bordelaise David Davitec, dont il est PDG depuis l’été 2016, il voit « une nouvelle histoire » s’ébaucher sous ses yeux. Une histoire qu’il a initiée, en ouvrant le capital de l’entreprise à la société européenne d’investissement Platina. Une opération engagée « pour des questions générationnelles, éclaire-t-il, j’ai 55 ans aujourd’hui, il faut penser à la pérennité de la société. Mais aussi intéresser les gens de chez nous, le management ». Un LBO primaire a donc été engagé, au terme duquel Platina Equity Solutions a pris « une participation significative » lui donnant le contrôle de la société, le dirigeant conservant une participation à deux chiffres, légèrement supérieure à celle entre les mains des managers.Fondée en 1958, David Davitec était à la base « strictement une société de peinture intérieure et de plâtrerie », rembobine-t-il. Dans les années 80, un premier virage est pris, en élargissant l’activité aux travaux de décapage et ravalement de façade. « Nous sommes très bordelais dans notre activité, également présents sur le bassin d’Arcachon. On suit l’évolution des bâtiments, on ne traite que des immeubles en gros volume, qu’ils soient en construction ou en rénovation ensuite. On va passer de l’intérieur vers l’extérieur, au moment où les édifices construits dans les années 60 et 70 vont nécessiter un premier ravalement », déroule-t-il. Peu après son arrivée en 1996, l’entreprise intervient sur un gros chantier, inhabituel pour elle : « le Laser MégaJoule (ndlr, au Barp), tout l’intérieur en décontamination nucléaire. À partir de ce moment, on va créer, aux côtés de la société David, la structure Davitec pour répondre aux besoins nouveaux sur des peintures techniques. Au bout de cinq ans, on réunit les deux, d’où notre nom à rallonge », sourit-il. La PME girondine enrichit encore sa palette et s’intéresse à l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) : « On a été les premiers à prendre un très gros virage sur l’isolation extérieure avec bardage et rapidement devenir leader. » Employant 200 personnes, la SAS a réalisé 30 millions d’euros en 2023, dans les trois secteurs que sont l’habitat social, la copropriété et le tertiaire.Une dynamique de croissance externeAu-delà des problématiques de transmission et de pérennité de l’entreprise, cette recomposition du capital est aussi « une question de concentration », confie Karl Sanier. « Le second œuvre n’est pas du tout concentré, à part peut-être un groupe parisien qui rachète des boîtes, c’est à peu près tout », estime-t-il. « Pourtant, on voit bien que nos clients ont besoin d’un plus petit nombre d’opérateurs, qui ont le bon niveau de compétence et la capacité de répondre aux obligations environnementales. Il y a ce besoin de concentration pour répondre à des marchés qui n’intéressent pas les majors du bâtiment », analyse encore le dirigeant. « On va être la tête de pont pour des croissances externes importantes dans les deux prochaines années. »David Davitec entend ainsi cibler des entités réalisant des activités similaires à la sienne, sur d’autres zones géographiques. « On vient d’ouvrir une agence à Toulouse », ajoute-t-il. Une création ex nihilo, « car on n’avait pas trouvé de cible à Toulouse qui pouvait nous intéresser ». Depuis, la donne a changé, à la faveur des nouveaux moyens financiers dont dispose l’entreprise bordelaise. « Des cibles se sont déclarées d’elles-mêmes, aux alentours de Toulouse mais aussi à Poitiers, Tours ou encore Nantes, qui sont intéressées pour rejoindre l’aventure. » Sur les deux ou trois prochaines années, l’attention devrait se focaliser sur une moitié du pays allant de la Normandie à la frontière italienne. « Mais il n’est pas impossible que l’Est ou le Nord-Est puisse nous intéresser dans un deuxième temps », élargit-il.« Dans les ministères, tout le monde a posé le crayon »Concernant la jeune agence toulousaine, l’objectif est « très clairement de faire une dizaine de millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025 et de faire grandir l’équipe en fonction de cela. On a des chiffrages sur la table, les premiers chantiers devraient s’amorcer vers mars 2025, ensuite ça peut aller très vite ». Même si le dirigeant espère rapidement un éclaircissement sur le cadre dans lequel le business pourra être mené. « Il faut parler politique, on a une instabilité, les effets de la dissolution se font sentir, on sent bien que dans les ministères, tout le monde a posé le crayon. Les décisions ne se prennent pas », déplore-t-il. « Il nous faut un gouvernement, qu'on y voie clair sur la prochaine loi de finances, pour que nos donneurs d’ordres sachent où ils vont et dans quel cadre. »En attendant, David Davitec s’est adapté. « On avait un carnet de commandes, on sait compresser nos affaires. L’objectif est clairement établi, faire de la croissance externe. Puis on verra dans quatre ans si on fait rentrer de nouveaux fonds », indique le dirigeant. Un patron désormais ragaillardi par cette nouvelle feuille de route.David DavitecSAS fondée en 1958Siège social à Bordeaux200 personnes30 millions d’euros de CA (2023)

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