3/4 Décarbonation de l’industrie : comment l’économie circulaire est-elle une partie de la solution ? - Premium

« Pour l’instant, il comporte 30 % de matière recyclée », précise Stéphanie Sorhouet, responsable développement commercial et marketing de Somocap, en tenant à la main un petit objet en plastique d’une dizaine de centimètres de long. Il s’agit d’un support de poire pour chaise réglable (un petit élément en plastique), issu d’une première série d’essai, fabriquée pour son client d’Hendaye, Sokoa, à partir de chutes d’emballage de chez BMS. « Nous allons essayer d’augmenter ce pourcentage en introduisant un maximum de plastique local issu de déchets post consommation. » Un savant équilibre à trouver entre matière brute et matière recyclée pour ne pas trop influer sur les propriétés mécaniques de l’objet fabriqué. Pour produire une petite série de cette pièce, il faudra environ 500 kg de matière par an dans un premier temps, puis plusieurs dizaines de tonnes ensuite. « Il faut identifier des sources pérennes de déchets plastiques », souligne Stéphanie Sorhouet. Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre du projet IPARLA piloté par Pays basque Industries, auquel participent 34 acteurs locaux, dont Somocap, le spécialiste de la transformation de composites, thermoplastiques, LSR et élastomères (5,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023) qui travaille ainsi sur l’une des deux boucles de revalorisation de plastiques en local initiées dans le cadre de ce projet. Une initiative qui devrait permettre aux acteurs concernés de réduire l’impact carbone des flux de matières premières et de déchets liés à leur activité. Pour sécuriser les sources de déchets plastiques, un travail de cartographie des sources est en cours de réalisation par Pays Basque Industries. À ce jour, 350 tonnes de plastique ont été recensées. « IPARLA répond à un vrai besoin, explique Thibault Hourquebie de Pays Basque Industries. Beaucoup d’industriels utilisent du plastique. Pour certains, ça va être du rebut de production, pour d’autres, des emballages. Le point commun c’est qu’ils ne savent pas quoi en faire. Pour qu’un industriel du recyclage se déplace à l’usine pour récupérer du plastique, il faut avoir une grosse quantité – une dizaine de tonnes - d’un plastique unique. Ce cahier des charges là est très compliqué à atteindre pour des industriels de notre taille (au Pays Basque, on trouve majoritairement des PME et quelques ETI - ndlr). Il y avait donc quelque chose à faire en termes de mutualisation. » Mutualisation pour pouvoir faire venir des recycleurs dans un premier temps donc, puis pour créer d’autres synergies au niveau local ensuite. Collaborer au niveau local À ce stade, deux boucles test ont été lancées, celle entre BMS, Somocap et Sokoa et une autre avec EBL Polyester et AGEC pour fabriquer la pièce d’un verrou de composteur pour AGEC. Afin d’aller plus loin dans cette expérimentation, une demande de financement a été déposée auprès de l’ADEME au mois d’avril 2024, pour la prise en charge d’une partie du budget de cette première phase du projet.Pays Basque Industries a présenté le projet IPARLA officiellement lors de sa plénière du 19 septembre 2024. Un rendez-vous qui s’est tenu dans les locaux d’un autre exemple local d’économie circulaire, le CETIA à Hendaye. Cette plateforme d’innovation dédiée à la recyclabilité du textile et du cuir créée par l’école d’ingénieurs de Bidart, l’ESTIA, et le CETI (Centre Européen d’expérimentation et d’industrialisation des matières textiles) a vu le jour début 2022. Un investissement initial de 2,4 millions d’euros (dont 1,2 million d'euros investis par la Région Nouvelle-Aquitaine) pour équiper la plateforme de machines et pilotes industriels. L’objectif : permettre à la filière de recyclage des textiles et chaussures de se développer à une échelle industrielle via l’automatisation des opérations nécessaires en amont du recyclage (identification, tri et démantèlement). « Il fallait créer des solutions technologiques pour préparer la matière », commente Chloé Salmon Legagneur, la directrice du CETIA, qui souligne le manque de gisements de matière recyclée dans le textile, alors qu’ici aussi, « la matière recyclée va peser beaucoup sur le bilan carbone ». À l’échelle locale, d’autres collaborations se créent autour de la circularité. La fromagerie Agour à Hélette et le sellier Voltaire Group basé à Bidart sont en réflexion pour créer une filière de tannage et de revalorisation en local des peaux notamment d’agneaux pour le cuir, a glissé le dirigeant d’Agour, lors de son interview pour Placéco (voir article 2 de cette série). Pour lui, « le monde de demain est un monde de coopération entre entreprises d’un territoire donné. » Une tendance à suivre de près.→ Le sujet de la décarbonation vous intéresse? Rendez-vous le 15 octobre sur Résolution, le salon des solutions RSE.

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