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Recrutement : « Les jeunes diplômés ont de plus en plus d’exigences en matière de RSE »

Emploi
vendredi 06 mai 2022

Probono Lab travaille aux côtés d'entreprises pour favoriser le mécénat et le bénévolat de compétences. Crédits : Probono Lab

L’association Probono Lab œuvre pour rendre accessible au plus grand nombre le mécénat et le bénévolat de compétences. Et constate un besoin de plus en plus prégnant, pour les salariés ou jeunes diplômés, de trouver du sens dans leur vie professionnelle. Marjorie Perez, directrice sud-ouest de Probono Lab, revient pour Placéco sur cette évolution, et la façon dont les entreprises s’emparent du sujet.

Les difficultés de recrutement sont au cœur des préoccupations des entreprises ces derniers mois. Que constatez-vous, sur le terrain ?
Ce que les entreprises avec lesquelles on travaille nous disent, c’est que quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité, elles ont en effet de plus en plus de difficultés à recruter. Elles ont du mal avec leur marque employeur, parce que les jeunes ont de plus en plus d’exigences en matière d’engagements par l’entreprise. On a plusieurs responsables RSE [ndlr, responsabilité sociétale des entreprises] ou RH qui nous disent qu’en entretien, les candidats – et notamment les jeunes, mais pas seulement – leur demandent ce que fait l’entreprise pour la société, pour l’intérêt général, pour les grandes problématiques environnementales. Même de grandes associations basées à Bordeaux qui sont par essence engagées, sont challengées lors des entretiens par des jeunes. « En interne avez-vous une politique RSE ? Est-ce que vous faites attention de gérer vos déchets, de vous fournir localement ? »

Est-ce une évolution qui découle des deux dernières années de crise sanitaire ?
Du côté des entreprises, c’est depuis quelques mois que l'on constate ces difficultés. Je pense que toutes les crises – sanitaires, environnementales, géopolitiques -, exacerbent le phénomène depuis le second semestre 2021. Mais ça ne date pas de cette période. Cela fait plus d’un an qu’on est sollicité par de plus en plus d’écoles privées – qui restent des entreprises – car elles souhaitent proposer des formats d’engagement à leurs étudiants. À la fois par des masters RSE ou développement durable, mais plus largement par des écoles, type de commerce, car ça peut être un élément différenciant dans le choix des étudiants

« Une partie des entreprises n’ont pas encore pris ce virage »

Les entreprises prennent-elles suffisamment conscience de cette évolution ?
Je pense que ça dépend éminemment du chef d’entreprise. Nous, on attire des entreprises qui s’interrogent et s’intéressent à ces questions. Donc j’aurais tendance à dire qu’elles en ont conscience, oui… Mais un bon nombre de ces sociétés n’arrivent pas à identifier ce qui bloque, et ne se penchent pas forcément sur le sujet. Lorsqu’on pousse un peu, qu’on commence à les questionner sur leurs pratiques, ça commence à les faire réfléchir un petit peu. Mais je pense qu’effectivement, une bonne partie des entreprises n’a pas encore pris le virage. Pas que dans la pratique, intellectuellement aussi, de se dire « il faudrait peut-être qu’on voie en interne ce dont les collaborateurs ont envie ». La question du recrutement, c’est vraiment se dire, « comment je me différencie ? » Les jeunes ont de moins en moins envie de travailler pour des entreprises du CAC40, pour des boîtes comme Total qui peinent à recruter ; et les cadres trentenaires veulent retrouver du sens dans leur vie professionnelle.

Pour vous, ce phénomène deviendra-t-il la norme ?
On fait tout pour. Je pense que les entreprises auront de moins en moins de choix, quelles qu'elles soient. Premièrement, pour attirer des talents. Le phénomène des grandes démissions n’est pas observé qu’aux Etats-Unis, en France il y a de grands groupes de consulting qui sont concernés par cela. Deuxièmement, car les marchés publics, les collectivités demandent de plus en plus dans leurs appels à projets que les entreprises s’engagent, qu’elles soient dans une politique RSE, une stratégie territoriale. On parle d'ailleurs de plus en plus de responsabilité non plus sociale mais territoriale des entreprises, comment elles travaillent avec les autres acteurs du territoire, les associations… Cela leur sera de plus en plus demandé.

Vous valorisez le mécénat de compétences. Est-ce que cela suffit ? Quelles sont les autres leviers à activer ?
Non, je ne pense pas que ça suffise car toute entreprise doit avoir une démarche globale, y croire. Il ne faut pas que ce soit du green, du social washing. Mais ça peut démarrer par ça ! On a vu des entreprises qui se lançaient par pur intérêt de communication, et au fur et à mesure elles poursuivent pour de meilleures raisons. C’est une première étape pour être sensibilisé à la démarche et en voir les bienfaits en interne. Il peut y avoir du bénévolat de compétences, sur le terrain, des courses solidaires, du mentorat de jeunes… Le but, c’est de trouver en interne quelques actions qui ont du sens, de se positionner sur une ou deux grandes causes et non s’éparpiller, car c’est cela qui aura vraiment un impact pour l’entreprise et du sens pour les collaborateurs. 

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