Tourisme : « La mobilité bas carbone est une vraie problématique »
Photo d'illustration. Crédits : Adobe Stock OceanProd
Il y a peu, l’agence de développement et d’innovation de Nouvelle-Aquitaine (ADI NA) a organisé un événement dédié à la transition environnementale de l’industrie touristique. Où en est-on, sur le territoire ? Quels sont les freins et les leviers pour les professionnels du secteur ? Eléments de réponse avec Marion Oudenot-Piton, responsable du Tourisme Lab au sein de l’ADI.
Comment se positionne la Nouvelle-Aquitaine, aujourd’hui, en matière de transition environnementale ?
On évolue positivement, de nombreuses choses sont mises en place dont on ne parle pas forcément. Les professionnels du tourisme ont tous une stratégie RSE dans leur entreprise, cela va de l’utilisation de matériaux durables à des solutions intelligentes pour réduire la consommation électrique. De toute façon, ils sont contraints par des lois européennes, donc sont en constante évolution. Pour ma part, je ne pense pas que cela date de la crise sanitaire. Le tourisme est très lié à l’aménagement du territoire et pour accueillir des touristes, qu’ils soient heureux, il faut prendre soin de l’environnement qui nous entoure. Par exemple, la Nouvelle-Aquitaine est la région de France à avoir le plus d’éco-labellisés dans l’hébergement, c’est un signe fort.
Quels sont les freins auxquels ces professionnels sont confrontés, aujourd’hui ?
Il y en a beaucoup, surtout des problématiques d’échelle. Par exemple, le rapport publié par le Shift Project souligne qu’il faut des transports bas carbone - le train ou les voitures électriques -, ce sont de vrais sujets qui n’ont pas forcément de solution. Oui, on peut utiliser le train pour aller de Paris à Biarritz ou à La Rochelle car on arrive directement dans la ville, qu’on peut rejoindre un hébergement à pieds. Mais quand on est dans des gares de seconde zone, un peu plus reculée, et que l’on doit encore parcourir cinq, dix ou vingt kilomètres, comment fait-on ? D’autres acteurs de l’aménagement du territoire doivent être autour de la table pour trouver des solutions. Pour les véhicules électriques, comment l’offre de bornes de recharge auprès des touristes pourra-t-elle suffisamment se déployer pour satisfaire la demande ? Idem pour des problématiques autour des biodéchets, dans les restaurants ou les campings. Il y a encore plein de freins à lever sur ces sujets-là.
Il y a neuf mois, Tourisme Lab a lancé l’incubateur Tipi 535. L’accompagnement de startups commence-t-il à porter ses fruits ?
Oui, même si certains projets se développent plus vite que d’autres. Plusieurs partenariats se sont déjà concrétisés, certains porteurs de projets vont déjà à l’international. On dressera un bilan à la fin de l’année, avant d’ouvrir les candidatures pour une seconde promo. C’est très important, car l’innovation fait partie de l’ADN du tourisme, les habitudes de consommation évoluent sans cesse. Les porteurs de projet viennent répondre à des problématiques du secteur en créant une solution qui n’existait pas sur le marché, ou en s’emparant d’une solution qui concerne un autre secteur d’activité. Notamment dans la mobilité et le transport bas carbone, typiquement. On va regarder des voitures « low-tech » qui se développent plutôt sur le secteur de la « smart-city », mais dont on va s’emparer dans le secteur du tourisme. Par contre, beaucoup de projets ont été vus, revus, car il y a une certaine complexité à trouver un modèle économique durable. Encore une fois, c’est une question d’échelle, il faut passer un certain cap pour être viable dans le temps.
Le tourisme représente près de 9% du PIB de Nouvelle-Aquitaine, et 5% de l'emploi (110.000 salariés).