Tourisme : des voyants au vert, mais des professionnels prudents en Charente-Maritime - Premium

Comment se portent les professionnels du tourisme ? Le contexte économique global les impacte-il plus que d’autres secteurs d’activité ? D’abord, on connaît tous le contexte général français. Pour ce qui est de l’activité économique du tourisme, c’est particulier car personne ne veut rater ses vacances. Disons que l’on est un peu dans une situation où l’on ne sait pas trop ce que sera le lendemain. Aussi car, on l’oublie, ça reste un secteur très météo-dépendant. Ce que l’on peut dire pour l’instant, c’est que l’activité des premiers mois de l’année, même si ce n’est pas une part très importante du chiffre d’affaires global, s’est très bien passée en Charente-Maritime. Nous sommes aujourd’hui sur des tendances de réservation assez proches de l’an dernier, qui était la meilleure année de tous temps - mieux que 2019, avant le covid. Mais sur le plan national on est un peu sur une ligne de crête - les gens continuent de vouloir partir en vacances, se privent sur d’autres postes de dépense mais essayent de sauvegarder leur budget vacances. À quel point l’inflation impacte-t-elle les finances des professionnels ? Disons que le tourisme est une filière assez fragile. Il y a eu la hausse des matières premières, la problématique des fluides et de l’énergie… Et l’évolution des rémunérations, aussi voulues par les professionnels. Certains ont répercuté cela sur leurs prix de vente, sans pour l’instant voir un tassement des réservations. D’autres n’ont pas totalement pu le faire, et forcément quand il y a une hausse des charges sans hausse du chiffre d’affaires, les marges se réduisent et peuvent mettre en difficulté les entreprises. Donc là encore, on est sur une ligne de crête, on sent qu’il ne faut pas grand-chose pour basculer d’un côté ou de l’autre. Il est de plus en plus difficile de faire des investissements pour des entreprises qui sont souvent des TPE ou des petites PME, des entreprises familiales où globalement l’équilibre est toujours tendu. Ajoutons à cela des normes, actuelles ou à venir, qui arrivent sur le dos des professionnels et entraînent des coûts supplémentaires - je pense au milieu de l’hôtellerie qui est inquiet de la réforme des déchets, par exemple.Le chiffre d’affaires estimé pour la filière tourisme en Charente-Maritime s’élève à 2 milliards d’euros, ce qui en fait la première activité économique du département (20.000 emplois). Plus de 300 campings et 250 hôtels sont implantés sur le territoire, ainsi que 8.000 meublés de tourisme classés. Vous avez mentionné le sujet des rémunérations, où en est-on de la problématique des recrutements ? Il est évident que ça reste un sujet, même si on a l’impression que les choses s’arrangent petit à petit. D’une part les professionnels retrouvent un peu plus facilement des saisonniers, d’autre part et c’est surprenant, on voit des gens qui viennent d’un tout autre secteur se tourner vers les activités touristiques. Certains professionnels, même, nous disent revoir des personnes qui travaillaient dans le milieu - je pense notamment aux hôtels et à la restauration -, qui avaient disparu durant le covid et qui reviennent. Donc les tensions sur le recrutement sont un peu plus faibles que l’an dernier, mais perdurent quand même. Ce qui est encourageant c’est que les entreprises s’adaptent, concernant les horaires d’ouverture, les conditions de travail ou la rémunération qui se sont assez largement améliorées. Qu’en est-il de la question du logement ? On sait que c’est une problématique récurrente sur la façade atlantique, et que la Charente-Maritime n’y échappe pas… Je crois qu’il ne faut pas faire d’amalgame entre la problématique de logements à La Rochelle, qui est fléchée vers la location saisonnière, et le logement des saisonniers. Cela reste difficile de loger des salariés sur le département, c’est vrai, mais des solutions émergent de la part des professionnels qui logent de plus en plus leurs équipes sur le lieu d’activité, ou qui trouvent de plus en plus des solutions externes. Je crois que finalement, ce qui inquiète un certain nombre de professionnels, ce sont les dépenses annexes des touristes. Pour partir en vacances on doit payer un transport et un hébergement, après on fait avec ce qui reste. On avait déjà vu en 2021 et 2022 sur internet, une hausse des recherches « événements gratuits », « visites gratuites », « lieux de pique-nique »… Donc les professionnels sont vigilants, et on attend de voir.

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