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Nouvelle-Aquitaine : un besoin de 45.000 nouveaux logements par an selon l’UNAM

Écosystème
lundi 10 juin 2024

Tout le littoral néoaquitain est concerné par les besoins en logements, selon l'UNAM. Crédits : AM

Pour faire face, entre autres, à l’essor démographique et au desserrement des ménages, la Nouvelle-Aquitaine aurait un besoin de 45.000 logements neufs par an d’ici 2030. Un constat dressé par l’Unam, l’Union nationale des aménageurs, qui s’appuie sur une récente étude commandée à l’École supérieure des professions immobilières.

La France a-t-elle subi « un impensé urbain », entre les années 1970 et 2000 ? C’est en tout cas ce qu’affirme l’UNAM. Depuis plusieurs semaines, l’Union nationale des aménageurs s’est lancée dans un tour de France pour présenter, région par région, les résultats d’une étude sur les besoins en logements, en France, à horizon 2030. L’occasion aussi pour son délégué général, Paul Meyer, de faire passer quelques messages. « Il y a eu un certain manque de planification des puissances publiques pour organiser le peuplement et l’équilibre de ces territoires, affirme-t-il à la presse lors de l’étape bordelaise. [...] Aujourd’hui avec les défis qui sont les nôtres - écologiques, sociaux et économiques - si on ne veut pas retourner dans le mur, il faut tirer la sonnette d’alarme. » Et de citer des habitants, notamment en Gironde, obligés de se loger loin de leurs lieux de travail ou de vie sociale. « Il a été considéré que les grandes métropoles ont accueilli en leur cœur la croissance démographique française. C’était vrai pour le développement économique, mais faux pour le logement qui portait ce développement économique, mais s’est fait en périphérie. »

Le message est clair : il faut construire plus de logements. Environ 400.000 par an à l’échelle française, et 45.000 en Nouvelle-Aquitaine, chaque année, à horizon 2030. Des résultats obtenus par le laboratoire ESPI2R, l’unité de recherche de l’École supérieure des professions immobilières, sous la direction du géographe Samuel Depraz. L’étude, lancée en octobre dernier, se base néanmoins sur des données allant de 2011 à 2019. « Pour tout l’arc ouest, de la Normandie au Pays basque, elle est clairement sous-calibrée, concède Paul Meyer. Depuis, on a constaté un ralentissement de l'héliotropisme classique français - d'ordinaire vers PACA et le Languedoc-Roussillon - qui se détourne désormais vers l’ouest de manière massive. »

Le littoral particulièrement concerné

Là où le bât blesse, souligne le délégué général de l’UNAM, c’est que les pouvoirs publics auraient tendance à sous-évaluer le besoin en logements. « La DGALN [ndlr, direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature] chiffre depuis deux ans ces besoins à 200.000 nouveaux logements par an », affirme-t-il. Selon lui, trois arguments « massifs » seraient opposés à la profession : « la baisse démographique dans les 15 prochaines années induira une baisse des besoins, il n’est plus nécessaire de trouver du foncier car il y a des friches disponibles, et ce n’est pas la peine de construire de nouveaux logements car il y en a des vacants dans les territoires », égrène Paul Meyer. Qui poursuit : « Certains estiment que l’on est passé dans une phase de décroissance, et que pour sauver la planète il faut moins construire, moins vivre, moins se développer. »

Or, selon notre interlocuteur qui s’appuie lui-même sur l’étude de l’Espi, la réalité est tout autre. Si l’effet démographique compte pour très peu à l’échelle française (52.000 nouveaux logements nécessaires chaque année), en Nouvelle-Aquitaine, il reste un facteur important : 9.000 nouveaux logements seraient nécessaires tous les ans. Mais Paul Meyer pointe surtout le desserrement des ménages, dû à l'allongement de la durée de vie et aux divorces, comme la principale cause des besoins croissants de logements (144.000 à l’échelle française, 16.000 dans notre région). À cela s’ajoutent d’autres facteurs nécessitant des logements neufs : le renouvellement du parc immobilier qui « peut se traduire par la disparition d’une partie du parc existant », le phénomène de logements vacants, et celui des résidences secondaires. D’ici 2030, les besoins se concentreraient sans surprise sur le littoral et son arrière-pays, de la Charente-Maritime au Pays basque.

« Dans ce scénario, il y a autant besoin de logements locatifs qu’en accession à la propriété, reprend Paul Meyer. Le gouvernement a pris une décision, sortir la maison du Prêt à taux zéro, qui était l’outil d’accession à la propriété des classes moyennes. Leur enlever ce PTZ, c’est les empêcher de pouvoir devenir propriétaire. » Un message que le délégué général de l’Unam entend bien porter auprès des pouvoirs publics, tout comme un autre, sur la Zéro artificialisation nette des sols (ZAN) : « Cette loi a encore réduit les possibilités foncières pour pouvoir produire du logement en France. Pour nous ce n’est pas une difficulté en tant que telle, mais si on va vers la sobriété on appelle à arrêter les principaux problèmes de l’artificialisation - l’habitat mal planifié, et le mitage dans le diffus. » Pour revenir, en somme, à une meilleure planification urbaine. « On se dit qu’en France, on a la possibilité de faire mieux et d’être exemplaire », conclut notre interlocuteur.

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