« La ressource locale est trop peu exploitée » : comment le département veut créer une filière d'éco-rénovation - Premium

Pourquoi le département s'intéresse-t-il à la filière rénovation ?Le département travaille depuis 2015 sur une stratégie territoriale d'éco-réhabilitation bas carbone. Nous avons trois objectifs : la réduction des gaz à effet de serre, l'adaptation au changement climatique et la préservation du vivant, avec la volonté de traduire ce travail sur les transitions dans nos politiques publiques. Notre constat de départ est qu'en termes d'éco-rénovation, la ressource locale, en pierre, en bois, en eau, est peu exploitée, car la filière est peu structurée. Souvent, sur les chantiers de rénovation, la pierre utilisée vient d'Espagne alors qu'il existe des carrières en Béarn ! En plus du bilan carbone, cela signifie aussi une perte de compétences pour les artisans locaux. Le Département va donc utiliser des bâtiments publics pour lancer une expérimentation et fédérer les acteurs. Cela passera par la création de six chantiers expérimentaux : le château Daguerre à Tardets, un foyer de jeunes travailleurs à Oloron, une maison à Lescar, deux presbytères à Audaux et Conchez-de-Béarn. Ce seront des chantiers démonstrateurs, avec pour idée d'ensuite essaimer sur le reste du territoire, et aussi des chantiers-écoles pour partager les compétences. L'écosystème est prêt à travailler ensemble.À lire aussi : Rénovation énergétique : « Il y a un vrai enjeu de constitution de clusters et de structuration d’une filière » Quel est l'objectif de ces chantiers ?C'est d'abord d'aller chercher des artisans capables de répondre à cet engagement, de repérer les acteurs capables de produire de la ressource en pierre : il y en a beaucoup, mais ce sont souvent des petites entreprises qu'il faut identifier. Nous voulons fédérer les acteurs pour créer des procédures qui vont permettre aux bailleurs sociaux, aux collectivités, de rénover leurs bâtiments publics. Nous nous concentrons d'abord sur la pierre, puis nous appliquerons la même méthode à la filière bois. À terme, nous voulons rendre accessible, possible et souhaitable l'éco-réhabilitation aux yeux des élus, des décideurs et des financeurs. Pour le moment, cela reste quelque chose de difficile à leurs yeux. Le budget qui y sera consacré est encore en cours d'élaboration, mais il sera significatif, et inclura à la fois des subventions et un accompagnement au niveau de la conception et de l'ingénierie.« Construire cette filière va aussi créer de nouveaux marchés pour les entreprises »L'éco-réhabilitation traîne l'image d'être peu accessible financièrement… Oui, mais ça n'est pas nécessairement vrai, surtout si l'on arrive à sourcer la matière première ici, à quelques kilomètres plutôt que de la faire venir d'Espagne. Sans oublier les bénéfices en termes de retombées économiques : des emplois non-délocalisables, des artisans qui restent sur nos territoires, la transmission des compétences. C'est un cercle vertueux que l'on doit faire fonctionner et amplifier. Nous avons élaboré un calendrier à 18 mois jusqu'à fin 2024, avec un point d'étape en février-mars 2024. Le département ne se donne pas pour l'instant d'objectifs chiffrés : nous voulons avant tout que ces chantiers soient gagnants-gagnants pour le monde économique local, qu'ils permettent de concevoir une solution qui soit économiquement viable. L'idée est à terme que cela ruisselle sur le privé.Comment mobiliser les entreprises autour de ces chantiers ?Nous mettons en place trois groupes de travail : technologie & réglementation ; écosystème ; chantiers expérimentaux. Ces groupes associeront tous les acteurs de la filière, publics comme privés, collectivités, bailleurs sociaux, fédérations professionnelles, et, donc, entreprises. Celles-ci seront aussi mobilisées dans le cadre des chantiers démonstrateurs. Il y a un vrai engouement des acteurs pour participer aux groupes de travail. Construire cette filière, c'est partager leur talent, et ça va aussi leur créer de nouveaux marchés.

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