La fermeture de la ligne Pau-Orly, « catastrophe » pour le monde des affaires - Premium

C'est l'épilogue d'une longue dégringolade pour l'aéroport de Pau. Après des années de réductions successives des fréquences de sa desserte vers l'aéroport d'Orly, la filiale low cost d'Air France a confirmé cette semaine à nos confrères de La République des Pyrénées la « suspension » de cette liaison à partir du 27 octobre prochain. Une issue qui confirme la prédiction alarmiste du président du syndicat mixte de l'aéroport, Nicolas Patriarche, qui évoquait en décembre dernier une « mise en péril de l’existence de la ligne Pau-Orly à court terme ».En cause, la chute continue du manque de passagers, provoquée, selon les institutionnels béarnais, par la « concurrence déloyale » d'un aéroport de Tarbes bénéficiant, au contraire de son homologue palois, d'une obligation de service public (OSP) lui permettant de subventionner généreusement sa liaison avec Orly, quand celle de Pau est soumise aux lois du marché. Du « dopage juridico-économique », enrage-t-on du côté des défenseurs de l’aéroport palois. « On peut regretter l’inaction sur ce dossier de certains élus », souffle une source dans les milieux économiques.« Catastrophique » pour l'attractivité du BéarnEt pour cause : cette fermeture va considérablement renforcer l'enclavement du Béarn pour le monde des affaires, l'aéroport de Roissy, toujours desservi par quatre liaisons quotidiennes, n’étant « pas adapté pour les voyages d'affaires », avait souligné à la même époque Jean-Marc Roy, président du Medef Béarn et Soule. « Pour Total, la ligne avec Orly est une nécessité », avait même souligné un représentant du géant de l'énergie.À lire également - Transmission, formation et aéroport au programme des vœux de la CCI Pau-Béarn « C’est catastrophique pour le territoire, se désole Marie Perse, déléguée générale du Medef Béarn et Soule. L’aéroport de Roissy est pratiquement à deux heures du centre de Paris. Cela met Paris à trois heures de Pau, ce n’est absolument pas satisfaisant, surtout compte tenu du fait que nous n’avons pas de liaison ferroviaire correcte ». La fin de la ligne Pau-Orly, considère-t-elle, « c’est aussi tout un pan de l’activité, du commerce, qui va se déporter sur Tarbes et Biarritz. Et pour l’image du territoire, c’est compliqué : on essaie de communiquer sur le fait que nous sommes un territoire innovant, avec de beaux projets industriels, et on n’a même pas de liaison vers Orly… » Des recours juridiques et des solutions incertaines Parmi les pistes lancées par les défenseurs de l’aéroport, deux voies administratives et juridiques : un recours déposé auprès du Tribunal administratif de Paris pour examiner la validité de l’OSP accordée à l’aéroport de Tarbes, et qui a été récemment renvoyé au Conseil d’Etat ; ainsi qu’une demande d’OSP sur la ligne Pau-Lyon. Deux processus à l’issue incertaine, et surtout très longs, dont le dénouement n’a aucune chance d’intervenir avant la date couperet du 27 octobre.À lire également - Aéroport de Pau : « L'heure est grave »Du côté de l’association Béarn Adour Pyrénées (BAP), engagée dans la sauvegarde de cette liaison, on mise surtout sur le processus de concertation entre les deux aéroports. La première réunion dans le cadre de ce processus, supervisé par l’Etat, s’est tenue en juillet dernier. « La solution ne viendra pas de la mobilisation des acteurs économiques, considère Grégory Casadebaig, président de l’association. Elle viendra des acteurs concernés par le sujet, au premier rang desquels l’Etat. La partie n’est pas finie, en deux mois, il peut et il doit se passer beaucoup de choses », positive-t-il. « Il faut aboutir à une solution très rapide, pour qu’il y ait une poursuite de la desserte cet hiver », conclut le président de la BAP. Parmi les pistes évoquées, celle d’un partage de l’OSP entre l’aéroport bigourdan et le béarnais. « Ils sont sûrement tentés d’exploiter jusqu’au bout l’avantage concurrentiel dont ils bénéficient depuis plusieurs années, mais ils sont aussi assez lucides pour savoir que ce n’est pas une solution viable, espère-t-il. De toute façon, à partir de 2025, cette OSP ne sera plus financée par l’Etat. Ce modèle a vécu. Tarbes a tout autant intérêt que Pau à une solution concertée, même s’ils ne sont pas dans la même urgence. »

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