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« Très inquiet pour le commerce et les CHR » Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux Gironde

Écosystème
lundi 21 octobre 2024

Atteint par la limite d'âge, Patrick Seguin ne pourra se présenter à un nouveau mandat de président de la CCIBG. En revanche, il recevra ce mardi 22 octobre la Légion d'honneur, au titre de la promotion du 14 juillet dernier. Crédit : DM

Dans son point de conjoncture trimestriel, le président de la CCI de Bordeaux Gironde s’est particulièrement alarmé de la situation économique pour le commerce, ainsi que pour les cafés-hôtels-restaurants. Il appelle notamment à une meilleure coordination avec les pouvoirs publics.

« Cette rentrée 2024 est alarmante pour l’économie en général. Particulièrement pour l’économie locale, surtout pour les commerces, les CHR [ndlr, cafés-hôtels-restaurants] et le bâtiment », commence sans ambages Patrick Seguin, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux Gironde, lors de son point de conjoncture du 3e trimestre.

Le commerce en souffrance

« On voit plusieurs choses alarmantes pour le commerce », reprend-il évoquant une montée des ouvertures de procédures de la part d’entreprises en difficulté. Avec un cumul depuis début 2024 (1.666) déjà supérieur à l’ensemble de l’année 2023 (1.574). Les liquidations judiciaire sont en hausse de 29%. « Les juges consulaires, qui sont bénévoles je le rappelle, sont saturés et n’arrivent pas à traiter tous les dossiers », éclaire-t-il. Symptomatique. Il rappelle les procédures mises en place par la CCIBG « pour accompagner les entreprises », notamment deux plates-formes numériques pour identifier les points de vigilance d’une activité (commentvamaboite.fr) ou trouver des interlocuteurs aptes à traiter une problématique donnée (quipeutaidermaboite.fr).

Il s’inquiète également du taux de vacances des locaux commerciaux. Historiquement à un bas niveau du Bordeaux (environ 6%, un taux auquel se maintient la métropole nantaise est-il souligné), il dépasse désormais les 10%, « avec des commerces fermés depuis plusieurs années ». Outre la concurrence du commerce en ligne, est aussi pointé le coût « souvent prohibitif » des fonds de commerce. Deux initiatives auront lieu en novembre en soutien du commerce. D’une part le salon « Commerce Innov - Village de la franchise », afin de mettre en avant « les dernières tendances et outils numériques au service des commerces de demain ». L’évènement devrait réunir quelque 2.000 personnes au Palais de la Bourse. Et d’autre part un rendez-vous dédié à la prévention des difficultés, le 27 novembre. À ce titre, il s’inquiète de la volonté du maire de Bordeaux d’éloigner du centre-ville l’accostage des paquebots de croisière. Il craint que les tour-opérateurs déprogramment la destination Bordeaux si les arrivées sont repoussées en aval du pont Chaban-Delmas. « Avec 58 escales cette année et 330.000 à 350.000 euros de retombées locales par bateau, ça donne une idée. Les paquebots, c’est 60.000 touristes, qui dépensent en moyenne 150 euros chacun dans le commerce de centre-ville. »

Patrick Seguin pointe aussi les conséquences du programme ReVE (Réseau Vélo Express) porté par Bordeaux Métropole, qui va notamment entraîner la disparition de 210 places de stationnement : « encore une contrainte pour le commerce de centre-ville. Nous sommes favorables à la ville apaisée mais attention aux impacts. On est trop souvent mis devant le fait accompli. La zone de chalandise du centre se réduit. Il faut prendre le temps, en amont, de faire des études techniques et financières ».

Aéroport, formation, Virgin/Ohayon, Horizeo…

Patrick Seguin a également fait un tour d’horizon des dossiers. Le bureau de la CCIBG affirme ainsi son opposition à la suppression de la piste sécante de l’aéroport de Bordeaux : « Il serait inacceptable de concentrer les nuisances sur le seul quart nord-ouest de la métropole. En outre, un outil détruit n’est jamais reconstruit. On ne peut pas priver l’aéroport d’un potentiel de développement futur, alors qu’on mène des investissements considérables pour accompagner la remontée du trafic. » Un maintien de la piste sécante qui aurait aussi un coût pour la CCI, 2e actionnaire de l’aéroport après l’Etat : « Cette piste a besoin d’être refaite, ça va nous amener à investir 14 millions. » Rappelons que la décision finale - maintien ou suppression - sera prise par le préfet.

Le président de la CCIBG tire, lui aussi, la sonnette d’alarme concernant la formation. « Bien sûr, le gouvernement doit trouver des économies. Mais on nous annonce une réduction très sensible du financement de l’apprentissage. Le gouvernement nous avait demandé de faire des efforts pour créer des écoles notamment dans les territoires. On vient d’ouvrir notre nouveau campus à Libourne et on a un autre projet d’ici la fin de la mandature à Langon. Il faut que tout ça reste finançable. Ou alors que l’Etat nous dise de nous débrouiller sans lui. Auquel cas, il faudrait que les entreprises puissent avoir des contrats d’apprentissage ou par alternance qui soient complètement défiscalisés. On en avait parlé à Jean Castex quand il était chez du gouvernement. Sa ministre du Travail [NDLR, Elisabeth Borne] nous avait dit être très intéressée par cette proposition. Depuis, ma note blanche a dû être oubliée », grince-t-il. Pour faire des économies, Patrick Seguin préférerait qu’on s’attaque au mille-feuilles administratif.

Sur le dossier de la rénovation de l’ex-Virgin, sur la place Gambetta à Bordeaux, il se dit persuadé que les différentes parties (mairie d’un côté, Michel Ohayon de l’autre) vont se rapprocher et que le nouveau permis de construire sera rapidement signé. Un signal positif qui pourrait débloquer d’autres décisions d’investissements commerciaux dans le quartier, estime-t-il. Enfin, concernant le vaste projet Horizeo de centrale solaire dans le sud Gironde, il se montre perplexe. « Les porteurs de projet [ndlr, Engie et Neoen] l’ont revu à la baisse, désormais à peu près la moitié de la surface prévue à l’origine. Le dossier semble toujours d’actualité puisqu’un complément d’enquête publique a été demandée. Mais il suppose d’artificialiser des surfaces boisées et c’est loin des lieux de consommation électrique. » Sur ce dossier son analyse se rapproche - pour une fois - de celle du maire de Bordeaux : « Il y a beaucoup d’endroits existants comme les centres commerciaux, les usines… où l’on peut mettre du solaire de proximité. » Ce qui éviterait de « bouffer des surfaces agricoles ou forestières », dans un contexte rendu aigu par l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l’horizon 2050. Un sujet du ZAN qui sera au cœur d’une table ronde organisée par la CCIBG le 5 novembre prochain, sur le thème « Développement économique et sobriété foncière, comment concilier business et planète ? ».

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