MLT ferme son usine paloise, mais reste en Béarn - Premium

MLT, acteur historique de la layette, a vu le jour il y a 40 ans dans les Hautes-Pyrénées avant de s’établir à Pau. C’est en 2016 qu’Arnaud de Belabre et son associée Karine Renouil Tiberghien rachètent MLT (manufacture de layette et de tricot), acteur historique du textile alors basé à Bagnères de Bigorre et en perte de vitesse, avec une vision claire : mettre en avant l’ancrage dans le Sud-Ouest, défendre la fabrication française et faire rayonner le savoir-faire en layette. Rapidement, le duo investit dans un nouveau site à Pau, un projet ambitieux nécessitant une réhabilitation lourde. « On était à Tarbes, on a vendu le bâtiment, cherché des locaux, et trouvé celui-ci à Pau : 6.000m², dont 2.100 m² construits, raconte Arnaud de Belabre. On y a fait de gros travaux : désamiantage, isolation, pompes à chaleur... on prévoyait d’y rester trente ans. » De 2016 à 2022, le chiffre d’affaires de l’entreprise passe d’un à quatre millions d’euros grâce à des investissements en machines et en personnel. Cependant, la conjoncture tourne dès 2023. Des clients importants réduisent leurs commandes ou les annulent, ramenant les ventes à trois millions et forçant MLT à réviser ses ambitions : « Pour passer d'un à quatre millions, on investit, on recrute, on achète des machines… et quand ça redescend, vous restez avec vos machines et vos salariés », constate Arnaud de Belabre. Déménager la production, « un choix pragmatique »Entretemps, MLT a acheté en 2020 une seconde usine à proximité de Roanne, spécialisée dans la layette et le tricot technique. Face à la baisse des commandes en 2024, maintenir deux usines devient impossible. « Il n’y avait plus assez de boulot pour alimenter deux usines. Les deux isolées, ça faisait deux “bêtes malades” que la structure n’aurait pas pu supporter longtemps financièrement », raconte le coprésident. En début d’année, les dirigeants prennent la décision de regrouper la production à Roanne. « C’est une question d’hommes, résume Arnaud de Belabre. Ici, à Pau, il y avait un tricoteu. Là-bas, une dizaine. La force et la compétence étaient du côté de Roanne, avec tout l’écosystème : des teinturiers, des ennoblisseurs, des réparateurs de machines et des collègues tricoteurs. Ici, on était un peu isolés. » « Pour les équipes, ça a été un coup de massue, mais tout le monde a joué le jeu jusqu’au bout », se souvient le dirigeant. L’activité administrative, quant à elle, reste à Pau. « Encore une fois, c’est une question d’hommes et de métiers : autant la production doit être sur place, autant l’administratif peut être piloté à distance », explique Arnaud de Belabre. Conséquence de cette réorganisation : MLT va abandonner début 2025 ses locaux actuels, devenus trop grands, pour déménager son équipe administrative au Pôle Laherrère à Pau. En parcourant les salles vidées de leurs machines, Arnaud de Belabre laisse effleurer une pointe de mélancolie. « Ça fait partie du courage des dirigeants de faire les bons choix pour que la société traverse les difficultés et rebondisse, philosophe-t-il. Le non-choix aurait mené à la perte des deux. Déménager la production à Roanne, c’était le choix de la raison, un choix pragmatique… pas le choix du cœur. » Un rachat pour développer son activité et rester béarnaisEn novembre 2024, MLT a acheté la marque Pipolaki, spécialiste des bonnets, après sa liquidation en mars. « On n’a racheté que la marque, pas le stock, ni les salariés, ni le fonds de commerce… juste le droit d’exploiter la marque ». Cette fois-ci, « c’est à la fois un choix du cœur et un choix business », considère Arnaud de Belabre. Ce rachat redonne à MLT un ancrage béarnais auquel tiennent ses dirigeants, mais il s’inscrit aussi dans sa stratégie. D’une part, car « Pipolaki est un véhicule pour aller chercher du chiffre d’affaires complémentaire, l’entreprise avait un peu moins d’un million d’euros de chiffre et a su créer un environnement très plaisant, et très tendance. » Et d’autre part, car ce rachat et la relance de Pipolaki permettront « d’alimenter nos métiers à tricoter du côté de Roanne, qui fabriquaient déjà de la maille pour eux avant que nous ne reprenions la marque, rappelle Arnaud de Belabre. Nous savons tricoter et confectionner : c’est une opportunité de faire revivre cette marque emblématique et d’alimenter nos usines. » Pour Pipolaki, MLT envisage un positionnement premium, axé sur le vintage et la personnalisation. « L’idée est de proposer une offre de qualité sur le ski lifestyle, majoritairement made in France. » La marque pourrait également inclure des pulls et produits techniques, des spécialités déjà maîtrisées par les usines du groupe. MLTChiffre d'affaires : 3 millions d'euros40 salariés

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