Comment En Réemploi bâtit l’avenir avec les matériaux du passé - Premium

« Quelque chose qui fasse sens. » C’est ce que cherchait Julien Djian, ingénieur généraliste formé à la construction, lorsqu’il a décidé de changer de cap. Après avoir œuvré plusieurs années dans de grands groupes du bâtiment, en région parisienne puis aux Antilles, il s’installe en 2021 en Charente-Maritime. Deux ans plus tard, il franchit un nouveau pas en créant En Réemploi, un bureau d’ingénierie spécialisé dans le réemploi de matériaux de construction. Un choix engagé, récompensé récemment aux Trophées Émergences de la CCI, dans la catégorie « Jeune entreprise » pour le territoire de Saintonge.Convaincre les décideurs Julien Djian travaille ainsi sur le futur écoquartier de Bongraine, à Aytré, près de La Rochelle. Ce projet de 7,7 millions d’euros, porté par la Communauté d’agglomération et la mairie, prévoit la construction de 350 logements, d’un tiers-lieu et d’espaces verts à horizon 2027. « Je réalise pour l’aménageur une mission de sourcing et j’aide à la rédaction des pièces de marché, notamment les CCTP », explique-t-il. Contrairement aux idées reçues, le réemploi n’est pas toujours moins cher que le neuf. Il demande du temps, de la main-d’œuvre, des filières adaptées. « C’est plus écologique, bien sûr, mais surtout plus social. Entre la dépose, le reconditionnement, la logistique, on remet l’humain au centre du projet », plaide-t-il. Selon lui, le réemploi favorise l’emploi local, les synergies territoriales, et participe à la résilience des territoires. « C’est ça que j’essaie de démontrer aux acteurs locaux. » Une filière naissante dans le département « En tant qu’ingénieur, on réfléchit beaucoup. J’avais envie de faire quelque chose de mes mains, d’être dans le concret », confie-t-il. Il se forme alors à la construction en paille, à la terre crue, et au réemploi, notamment grâce à Odéys, le cluster néo-aquitain de la construction durable. Pour mettre en pratique ses nouvelles convictions, il construit sa propre maison à Romegoux, avec l’aide d’amis architectes. Un chantier personnel de deux ans, qui devient le manifeste de son approche : une maison de 124 m² intégrant plus de 14 tonnes de matériaux réemployés. Charpente en poutres issues d’un ancien hangar, fenêtres de fin de gamme ou d’erreurs de commande, plafond en chutes de contreplaqué… rien n’est laissé au hasard. « Ce n’est pas une maison témoin, mais une maison exemplaire », insiste Julien Djian. Une vitrine de ce qu’il appelle « construire différemment ». Dans un secteur parmi les plus polluants – le bâtiment génère 40 % des déchets en France et près de 23 % des émissions de gaz à effet de serre, selon le ministère de la Transition écologique – le réemploi apparaît comme une alternative crédible, d’autant plus pertinente face à la rareté et à la hausse des prix des matériaux (bois, acier, sable…). « Le réemploi, ce n’est pas de la récup’ ou du bricolage. Ce sont des matériaux avec les mêmes performances que le neuf », précise-t-il. Mais cette pratique reste encore marginale, notamment en dehors des grands centres urbains. À Paris, Lyon, Nantes ou Bordeaux, des acteurs structurés émergent. En Charente-Maritime, la filière en est encore à ses débuts. Quelques initiatives apparaissent, comme Biti à La Rochelle, qui pratique la dépose sélective. Mais les freins sont encore nombreux : logistique, assurances, manque de standardisation… « Aujourd’hui, le réemploi a un statut à part. Ce n’est pas encore la norme. C’est là que j’interviens, en tant que bureau d’études : je source les matériaux et j’accompagne les maîtres d’ouvrage. »Les sujets liés à la RSE vous intéressent ? Découvrez notre site consacré à cette thématique !En Réemploi -RomegouxCA 2025 : NC

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