Comment l’Irouléguy et le Jurançon misent sur l’oenotourisme - Premium

Sur le domaine de Didier Capdevielle, difficile de louper l'imposante tyrolienne de 400 mètres de long et 20 mètres de haut, qui surplombe les vignes de ce vigneron de Jurançon. Une installation inhabituelle dans un domaine viticole, et une envie de diversification dont l'origine prend racine au moment du Covid-19. « La vente de vins n’est plus aussi simple qu’avant. À l’époque, mon oncle, lui, vendait tout ici », se remémore Didier Capdevielle. Alors, à la sortie de la pandémie, le viticulteur béarnais s’est fait accompagner par le cluster Tourisme Béarn, et s’est associé à l’agence événementielle Tendances Sud. Ensemble, ils ont créé des produits et trouvé des professionnels pour les opérer. Ainsi, en quelques années, outre la tyrolienne gérée par un tiers, Didier Capdevielle a également fait installer une douzaine de vélos électriques opérés par EasyBalade et Pyrène à Vélo, ainsi que des circuits à trottinettes. « Notre dernière nouveauté, c’est le glamping », précise le viticulteur. Contraction de glamour et de camping, le glamping est une forme d'hébergement touristique alternatif, proposant des hébergements haut de gamme en pleine nature.Autant de choix qui permettent notamment au viticulteur d’améliorer sa visibilité en faisant venir davantage de touristes sur son domaine, mais aussi en augmentant son chiffre d’affaires. « En général, on a un à deux groupes par semaine, ça ne nous rapporte pas assez d’argent pour payer un salaire, mais notre modèle fait qu’on n’en perd pas non plus », déroule Didier Capdevielle.En Irouléguy (aussi) l'œnotourisme se développeL’exemple de cet exploitant béarnais illustre assez bien la tendance de ces dernières années, chez les producteurs du département, à développer une activité touristique. Ainsi, à quelques vallées de celle de Didier Capdevielle, le Pays basque développe aussi son offre touristique autour de son vignoble phare. Comme le Jurançon et le Madiran & Pacherenc du Vic Bilh, l'Irouléguy est labellisé « Vignobles & Découvertes ». À la Cave d’Irouléguy qui réunit une trentaine de viticulteurs, c’est un changement de génération au conseil d’administration qui a amené la démarche. « Il y avait une volonté de dépoussiérer et de changer certaines habitudes de commercialisation », explique Olivier Martin, président de la Cave. Alors l’Irouléguy s’est lancé dans l’aventure touristique, proposant par exemple des visites de la Cave à ses clients. « Il faut qu’ils aient une expérience, pour s’imprégner du vignoble et voir le chai en activité », déroule celui qui est également viticulteur. Il y a donc des visites de la Cave en elle-même, qui sont gratuites, mais aussi des visites organisées, cette fois avec les salariés et des adhérents disponibles. « On a mis en place des randonnées pédestres », explique Olivier Martin avant d’ajouter : « On fait aussi des balades en trottinettes électriques. » Une stratégie qui a du bon. « On compte entre 40.000 et 50.000 visiteurs », revendique Olivier Martin. Et ces visites sont rentables, puisque selon lui, « les gens qui viennent faire une balade, repartent dans 99% des cas avec du vin. » « Ça fait très clairement gagner de la trésorerie », poursuit-il. De quoi selon lui développer l’image de l’Irouléguy, et permettre « de montrer comment on travaille ». La Cave travaille ainsi sur d’autres sujets. « Je pense qu’il faut accélérer sur l’œnotourisme, martèle Olivier Martin. Trouver de nouvelles idées, pour l’instant il n’y a pas d’hébergement par exemple alors qu’il y a une demande. »Auprès de Placéco, Max Brisson, président de l’Agence Départementale du Tourisme 64 soulignait justement ce manque d’hébergement à l’intérieur des terres. « L'offre hôtelière a beaucoup reculé sur des pans entiers du territoire. Et je pense que la demande est là, elle est quantifiée et elle est à accompagner », expliquait le représentant de l’institution. Il faut dire qu’en coulisses, l’ADT64 est aux manettes pour accompagner les viticulteurs dans leur transformation.30 millions d'euros de retombées« On a développé l’œnotourisme à partir du moment où le label Vignobles & Découvertes a été mis en place en 2009 », se souvient Denis Ulanga, directeur de l’Agence Départementale du Tourisme 64. Depuis, ce sont un certain nombre d'activités et de services autour des vignobles qui ont été accompagnés. Que ce soit des visites, mais aussi des activités payantes telles que la tyrolienne de Didier Capdevielle, ou encore des jeux des pistes, balades à vélo, sentiers d’interprétation. « En Jurançon, on a une agence qui s’appelle Soupçons en Jurançon et qui fait des découvertes autour d’énigmes pour rencontrer des vignerons sous forme de jeux de pistes », cite comme exemple le directeur. Pour doper cette visibilité autour de l’œnotourisme, l’ADT accompagne les acteurs labellisés Vignobles & Découvertes dans leur communication. L'agence indique avoir réalisé plus de 30 publications sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) sur l’œnotourisme en Béarn et Pays basque en 2023. Pour rayonner hors des Pyrénées-Atlantiques, l’ADT est partenaire du Best of Wine Tourism, un concours à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, remporté dans la catégorie Coup de cœur du jury par le domaine Capdevielle en 2022. La même année, les vignerons de Crouseilles, en Madiran, recevaient la médaille d’or dans la catégorie Art et Culture, grâce au festival « Musiques et vins en Madiran». « Ça permet aux acteurs de ces territoires d’avoir des récompenses et de pouvoir les pousser », souligne Denis Ulanga.Ainsi, l’œnotourisme se fait sa place dans l’économie touristique du département. « Ça représente 30 millions d’euros de retombées économiques », chiffre Denis Ulanga. Un montant qui ne représente certes qu’1% de l’économie touristique globale du département, mais qui n'est pas neutre selon le directeur, pour qui « ce sont 30 millions injectés dans les territoires ruraux, et un apport de revenus complémentaires pour enrichir les acteurs de ces territoires ». Entre le Jurançon, l’Irouléguy et le Madiran, l’ADT64 compte entre 450.000 et 500.000 visiteurs par an. Avec un acteur prédominant, le Jurançon, dont la Cave compte à elle seule plus de 200.000 visiteurs par an et la moitié des retombées économiques liées à l’œnotourisme du département. À ce jour, l’œnotourisme représente 50 domaines et Caves labellisées, avec 16 activités et équipements de loisirs, 28 hébergements, 16 restaurants. La Cave poursuit donc son développement en la matière. Un observatoire de l’œnotourisme y a été installé, ainsi qu’un agenda estival. Par ailleurs, trois domaines viticoles sont en cours d’accompagnement pour leur projet de développement touristique.

Comment l’Irouléguy et le Jurançon misent sur l’oenotourisme - Premium

Sur le même sujet

Tourisme estival : une activité globale en baisse de 2,5%

Tourisme en Pyrénées-Atlantiques : entre recul et réorientat ...

Tourisme : le bilan d’un été 2024 contrasté à Bordeaux

Economie montagnarde 4/5 : Pour les PME, qualité de vie et r ...

Le 18 novembre à Bordeaux, une table ronde sur la propulsion ...

Cette année, le symposium NextSpace ira « to the Moon and ba ...

Nouvelle-Aquitaine : l’association Transtech organise une jo ...

Nouvelle-Aquitaine : des rencontres pour lier davantage arch ...

Umena : une matinée sur l’innovation et la technologie dans ...

Le programme « 360 export » à la rencontre des entreprises b ...

La Rochelle : le salon de la neutralité carbone revient pour ...

FFB NA : une journée Bas Carbone à Domolandes

Mure et Peyrot fête ses 120 ans, « la créativité » est le secret de sa longévité

Exploitation de Txik Txak : les ambitions de RATP Dev

La chronique innovation : Synapse Medicine, à la recherche de « l'ordonnance parfaite »

Les plans de Champitadelle pour appuyer sur le champignon

Briqueterie : pourquoi Bouyer Leroux investit dans sa vénérable usine de Gironde sur Dropt

Brasserie Experiment'Halle : développer des bières éphémères et de saison

Bobordelais : quand un amoureux du Port de la Lune se lance dans l'entrepreneuriat