Comment GT solutions tient le cap malgré une conjoncture compliquée - Premium

Directeur général de GT solutions depuis cinq ans, Matthieu Sarrat a dressé aujourd’hui le bilan de l’année écoulée. Le spécialiste girondin de la location de véhicules avec chauffeurs et de la distribution spécialisée, qui « n’a pas récupéré toute l’activité qui avait été perdue pendant le covid, notamment dans l’alimentaire », a clôturé son exercice 2023 sur un chiffre d’affaires de 227 millions d’euros. Une donnée brute certes légèrement inférieure aux 230 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. « Il faut prendre en compte le fait qu’en 2022, le prix du pétrole, et donc du diesel, avait été très élevé, ce qui avait eu pour conséquence de gonfler le chiffre d’affaires. En 2023, le prix du gazole a baissé, ce qui à un effet déflateur sur le chiffre d’affaires. Mais si on regarde le nombre de contrats vendus et de kilomètres parcourus, on a quand même une légère croissance [ndlr, annoncée à 1%] en 2023. » Une année finalement « plus difficile concernant la rentabilité », même si le dirigeant ne se montre pas plus précis. « En revanche 2024 devrait être meilleure », rebondit-il aussitôt, avec notamment une prévision de croissance de l’activité de 4%. « Il y a beaucoup de consultations de la part des clients, pour challenger les prix. Donc globalement des opportunités. Et à ce jeu-là, on est plutôt gagnants que perdants », analyse-t-il.Outre un contrôle de gestion encore plus rigoureux et la réunion, depuis début 2024, de l’activité des deux plates-formes lyonnaises sur un seul site, des synergies d’organisation ont pu être obtenues. Notamment dans le secteur du transport de pneumatique, qui représente à lui seul 30% du business de la société. GT solutions a en effet reconquis le contrat avec GoodYear perdu en 2020, dont l’exécution n’exigera que peu de moyens supplémentaires, la société livrant déjà d’autres marques de pneumatiques vers les mêmes lieux. Néanmoins, la livraison pour le secteur de la construction continue à souffrir : « dans le gros œuvre, ça avait baissé de 5 à 7% en 2023, cette année ça va encore reculer de 15% », annonce le dirigeant. Qui se rassure avec la solidité du marché de la rénovation, « ça fait un peu amortisseur. Le second œuvre n’a pas encore trop baissé mais ce sont des corps de métiers qui interviennent plus tard, donc la baisse pourrait être encore à venir ».In fine, « ce qui tient notre croissance, ce sont les gains commerciaux », résume Matthieu Sarrat, qui garde bien en tête que la majorité des secteurs où GT solutions est active, à part l’industrie « sont exposés à la consommation des ménages, directement ou indirectement ». Outre le retour dans le giron GT solutions du contrat avec GoodYear, à signaler deux jolies signatures. D’une part avec Ecologic, éco-organisme agréé par l’Etat pour la collecte et le traitement de déchets électriques et électroniques. Et d’autre part avec Scalandes, centrale d’achats du groupement Leclerc, située à Marmande et qui distribue les centres Leclerc dans les départements des Landes, du Lot-et-Garonne, des Pyrénées-Atlantiques mais aussi du Gers et des Hautes-Pyrénées. Pour ce contrat qui démarrera début janvier prochain, 35 conducteurs seront mobilisés. Et GT solutions bénéficiera de sa propre « base volailles pour le Sud-Ouest » à Hagetmau, qui dispose déjà d’une station de lavage pour camions.Prendre de l’expérience sur l’électriqueLancée en 2023, l’arrivée de l’électrique dans la flotte (1.900 véhicules dont 1.400 poids lourds) se poursuit. L’Ademe va soutenir l’acquisition de 37 véhicules (aide de 50.000 euros à chaque unité), des achats réalisés auprès de Renault Trucks (porteurs de moins de 19 tonnes) et de Volvo Trucks (pour les tonnages supérieurs), fabriqués dans une usine à Blainville sur Orne, près de Caen. Conséquence, dès la fin 2024, GT solutions aura « triplé son nombre de véhicules électriques en un an, passant de 10 à 30 porteurs ». Une propulsion qui implique un surcoût de 15%, « que le client doit supporter, car on n’a pas les marges pour le faire. Mais notre conviction est que ça va baisser dans le temps ». Au-delà, GT solutions prend date. « Ce qui nous importe, c’est de prendre massivement de l’expérience sur l’ensemble de l’exploitation du véhicule, sur la durée de vie des batteries, l’entretien du camion, la conduite… » Dans ce cadre, GT solutions a commencé à équiper de bornes de recharge la dizaine de plateformes qu’elle compte sur le territoire national. Dont un système dédié à la charge rapide pour la zone parisienne. « Un investissement de 300.000 euros », rappelle le dirigeant, qui n’oublie pas que l’électrique sera nécessaire à relativement brève échéance « pour rentrer dans Paris ». À ce jour, des clients comme Michelin, GoodYear, Saint-Gobain, Rexel, Monoprix ou encore Medline, demandent à la société girondine de faire rouler des camions électriques pour leurs contrats. « Les premiers retours sont très positifs. »En revanche, « plus personne ne demande de GNV, tout le monde a été échaudé en 2022 avec le prix du gaz qui a très fortement augmenté », reprend Matthieu Sarrat, dont la société propulse 121 de ses camions avec ce carburant. Et de rassurer : « Nos contrats nous protègent et aucun client n’a rendu de camions au GNV. Il y a une forme d’attentisme. On a beaucoup misé sur le GNV à un moment, il faudra bien amener ces camions jusqu’à la fin de leur vie. »En route vers la RSE« On est dans une séquence de quelques années où les problématiques de RSE deviennent très importantes », poursuit Matthieu Sarrat. Ayant participé en 2023 à la CEC (Convention des entreprises pour le climat) Nouvelle-Aquitaine, GT solutions est évidemment « très axée sur la décarbonation, les gaz à effet de serre, c’est ce qui clignote en route vif. On a fait notre bilan carbone et l’ensemble du CO2 émis par les activités de l’entreprise sur les trois scopes nous amène à 55 tonnes par an et par salarié de l’entreprise ». Après la loi Sapin (anticorruption), le RGPD, la facture électronique qui se profile, le sujet du CSRD est à l’ordre du jour. « Il y a toujours un sujet réglementaire qui traîne », constate le dirigeant. Interrogé sur le rapport de son entreprise avec l’intelligence artificielle, il se montre dubitatif, au moins à court ou moyen terme. « Notre cœur de métier, c’est quand même un camion dans lequel on met un conducteur à qui on fait confiance. »GT solutionsSiège social à BassensEffectif : 2.000 salariés dans toute la FranceCA (2023) : 227 M€

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