Abridéal, une success story familiale

« Mon oncle a créé le premier abri bas de piscine, à la fin des années 70, sans imaginer qu'il y aurait un jour un marché important dans ce domaine. » Pour Frédéric Marmande, président du groupe Abridéal, sa famille fait partie des précurseurs des abris de piscine et a longtemps évolué dans un marché de niche. « A l'époque ses clients lui demandaient des solutions pour couvrir et sécuriser leurs piscines. Il a réfléchi à plusieurs possibilités et c'est l'arrivée des polycarbonates, matériaux qui sont installés sur la toiture de l'abri, qui a été le déclic. Il a conçu puis commercialisé son produit et fait en sorte de le faire connaître, en se déplaçant sur les salons et foires, un peu partout en France. »

Aujourd'hui, les enseignes qui conçoivent et commercialisent des éléments pour sécuriser ou protéger des piscines sont légion. Malgré cela, Abridéal a su tirer son épingle du jeu et a réussi à atteindre les 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023. C'est en tout cas ce qu'affirme Frédéric Marmande, aujourd'hui à la tête d'une holding qui comptabilise trois sociétés et emploie près de 200 personnes, sur plusieurs sites en France. « Nous fêtons cette année nos 45 ans. Une fierté pour nous, même si nous devons toujours rester attentifs à l'évolution du marché. Le secteur des piscines auquel nous appartenons a aussi été impacté par le changement climatique. Les sécheresses et restrictions d'eau ont freiné les chiffres et je crois qu'aujourd'hui, nous devons imaginer des piscines plus vertueuses », estime Frédéric Marmande. Un constat qui ne l'empêche pas d'être confiant pour l'avenir. « Les abris de piscine ont cette capacité à limiter l'évaporation d'eau. Ils s'inscrivent donc dans une démarche éco-responsable. » Le président d'Abridéal et ingénieur de formation affirme d'ailleurs travailler sur une nouvelle version d'un abri, pour en proposer une plus moderne. Rencontre.

« Un produit qui répond à plusieurs besoins »

C'est dans des locaux flambants neufs que s'est installée, il y a quelques années, une partie des équipes d'Abridéal. Dans la zone commerciale d'Angresse, à quelques mètres des locaux historiques, Frédérique Marmande et son équipe évoluent désormais dans un espace de 3.600 mètres carrés. Un investissement conséquent, de 2,5 millions d'euros, qui a permis aux salariés de bénéficier de plus de confort, mais aussi d'augmenter les volumes de production de l'entreprise. « Nous pourrions concevoir ici jusqu'à 4.500 abris par an. Nous sommes à 2.500 en rythme de croisière. Depuis notre emménagement, nous avons décuplé notre capacité de production. » Un nouveau site qui s'inscrit dans l'évolution qu'a connu la société depuis 2004. C'est cette année-là que Frédéric Marmande a rejoint la société, d'abord en tant que salarié. « Mon oncle et ma tante m'ont appelé à l'époque parce qu'ils sentaient que le marché allait évoluer, et qu'il allaient avoir besoin d'un œil neuf. En cause cette année-là :  l'arrivée d'une loi sur la sécurité autour des piscines. C'est cette loi qui a fait naître le marché puisqu'elle a obligé tous les propriétaires de piscines à les protéger avec un dispositif normé. » Parmi ces systèmes, le législateur a sélectionné quatre familles de produits : les alarmes, les barrières, les volets et couvertures ainsi que les abris de piscine.

« Ce sont ces derniers qui sont, à mon sens, les plus efficaces et les plus nobles car ils permettent un blocage physique. Un enfant peut monter dessus, mais n'aura aucun contact avec l'eau, contrairement aux autres dispositifs. C'est un produit qui sécurise mais qui est aussi beaucoup plus », estime Frédéric Marmande. « Il apporte également du confort : sa vocation première est de chauffer l'eau. Il vient remplacer une pompe à chaleur, ce qui est intéressant aujourd'hui pour nos clients, vu la hausse des prix de l'énergie. Autre avantage : les clients ont moins besoin de nettoyer leur piscine puisqu'elle est protégée des intempéries », détaille encore le chef d'entreprise.

Mais si les fondateurs d'Abridéal sont des précurseurs dans ce marché de niche, sont-ils pour autant prêts à prendre le virage qu'impose cette loi ? « En 2004, mon oncle et ma tante n'avaient alors conçu qu'un seul abri : un abri relevable. Et ils sentaient que la marché allait muter et muter potentiellement très rapidement, avec l'arrivée de concurrents et potentiellement donc, d'innovations. Une transformation du marché qui pouvait également induire une augmentation des volumes de vente. C'est une des raisons de mon recrutement si ce n'est la raison principale », analyse Frédéric Marmande. « Ce qu'il faut comprendre c'est que chez Abridéal, tout est intégré. Nous concevons, nous distribuons, nous posons les piscines et nous formons les commerciaux. Nous ne sous-traitons presque rien. De ce fait, en cas de hausse d'activité, nous devons augmenter les équipes et les infrastructures. Ils ont donc tenté d'anticiper les besoins », explique t-il encore. « De mon côté, en 2004, je débutais ma carrière, je me voyais évoluer dans une grosse entreprise et j'ai hésité avant de les rejoindre. Mais je suis un entrepreneur dans l'âme et j'ai eu cette envie de perpétuer l'histoire familiale, avec cette promesse qu'un jour je prendrais les rênes de l'entreprise. »

Des brevets récompensés aux trophées INPI

Une prise de fonction qui a engendré la première mutation de l'entreprise. « Les prédictions de mon oncle et de ma tante se sont avérées exactes. Suite à la promulgation de cette loi, les carnets de commande ont commencé à être pleins et nous avons du investir dans des locaux supplémentaires », raconte le président d'Abridéal. « C'est aussi à cette époque que j'ai compris qu'il fallait développer et innover. Le produit historique de 1979, aussi intéressant soit-il, ne répondait pas à certaines innovations du marché et ne pouvait répondre à la concurrence des produits roulants et basés sur rails. Ces produits ont inondé le marché et ce sont d'ailleurs ceux qui sont encore les plus commercialisés aujourd'hui », développe t-il.

En 2005, Frédéric Marmande crée ainsi une équipe projet. Le but : casser l'image d'installation massive de ces abris et développer un produit avec un design intégré et réellement capable d'améliorer le quotidien. « A ce moment-là, nous avons sorti une gamme complète d'abris télescopiques, conçus autour de cinq brevets, qui ont été récompensés par la suite aux trophées INPI de l'innovation », raconte Frédéric Marmande. « Et s'il y a une innovation à retenir c'est celle-là : le dispositif du mono-guidage. C'est ce qui fait notre différence par rapport à la concurrence, encore aujourd'hui. Il faut bien imaginer qu'un abri de piscine c'est plus long et plus large qu'une piscine. C'est donc très lourd à manipuler. C'est pour cette raison que nous avons développé un système de monorail qui permet de déplacer les modules sans trop d'efforts. »

Une nouvelle gamme qui, en deux ans, dépasse les volumes de la gamme historique et permet à la société de se développer encore. Cette croissance constante pousse Frédéric Marmande à mettre en place un maillage territorial. « Avant que je n'intègre l'entreprise, tous les camions chargés avec les abris partaient de notre site d'Angresse, et se déplaçaient partout en France. Ce qui représentait un coût énorme niveau logistique. Aujourd'hui, nous avons implanté un dépôt à Lyon et un autre au Mans, ce qui facilite nos expéditions. » En 2014, Frédéric Marmande récupère finalement les rênes de l'entreprise et insuffle une nouvelle dynamique. Dans les années qui suivent, l'entreprise rachète une première société à côté de Toulouse, par le biais d'un fonds de proximité nommé iXO, puis une seconde. Aujourd'hui, le groupe a signé des partenariats en Italie et continue de travailler sur de nouveaux modèles. Ses ambitions, Frédéric Marmande les affiche : continuer de se démarquer de ses concurrents, en créant des prototypes toujours plus innovants. 

Abridéal
Année de création : 1979
Implantation : Angresse
Effectif : 200 salariés
CA en 2023 : 35 M€