Midipile lève 2M€ pour l’homologation et la production de son véhicule utilitaire léger - Premium

Concevoir un nouveau véhicule prend du temps, parfois plus que prévu. Une réalité à laquelle se confronte depuis quatre ans Benoît Trouvé, fondateur et dirigeant de Midipile. Jeune pousse charentaise, très liée à Bordeaux car anciennement incubée au Campement, à Darwin, elle travaille d’arrache-pied sur son micro-utilitaire électrique. Le concept : un engin hybride, sorte de voiturette à pédales, compacte et ultra-légère. « Nous avons un véhicule standard sur lequel on vient ajouter une couche de personnalisation pour le client, autant en software qu’en hardware, avec la possibilité d’en faire un véhicule-cargo, rappelle à Placéco Benoît Trouvé. Nous avons trois applicatifs déjà développés mais nous ne nous arrêtons pas là, car nous avons identifié au global huit verticales de marchés. Cela concerne tout ce qui est le transport de marchandise dans un environnement contraint. Les centre-villes bien sûr, mais aussi des sites fermés, des campings ou des parcs d’attractions, des gares, des hôpitaux… » Le tout bientôt fabriqué en Charente, dans la chaudronnerie Lespinasse, désormais actionnaire de Midipile. Car pour arriver à la mise sur le marché, la startup a besoin de fonds et annonce aujourd’hui avoir levé deux millions d’euros. « Depuis 2023, nous sommes dans les locaux de la chaudronnerie, reprend le dirigeant. La levée de fonds contractualise tout ce qui a été fait jusqu’à maintenant - c’est un échange d’un bail locatif sur deux ans et demi, contre des parts du capital social. » Un procédé atypique qui a été compliqué, et a nécessité de longs mois d’échanges. « Ça ne se fait presque jamais, du moins on n’a pas trouvé d’exemples existants. D’ailleurs dans la perspective de réindustrialiser la France, je pense que ce serait un levier très intéressant pour l’administration. » Un moyen selon lui d’inciter les entreprises qui ont des outils de production, à accompagner les jeunes pousses en ayant besoin. « C’est du gagnant-gagnant, insiste Benoît Trouvé. On pourrait imaginer un système de défiscalisation pour ces entreprises qui accompagnent, car elles prennent des risques. Mais in fine, si la startup fonctionne, l’entreprise se retrouve avec de la valeur et cela peut éventuellement déboucher sur du business ensemble. »Lancer des expérimentations en sites fermés Hormis la chaudronnerie, le tour de table (mené avec l’ADI NA) compte le fonds citoyen Team for the Planet, deux réseaux de business angels - WeLike et AMBA -, ainsi que le Club Midipile. « C’est une holding de 20 investisseurs qui apportent du crédit technique, sont experts du sujet. Ils sont souvent en contrat avec de grandes entreprises du secteur et ne veulent pas forcément voir leur nom en direct, donc ils se retrouvent dans la holding », commente Benoît Trouvé. Bpifrance, l’Ademe, la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Agglomération de GrandAngoulême ont également apporté leur soutien. Objectif, désormais : décrocher l’homologation d’ici 2026. Soit un an après la date initialement espérée. « On a mis beaucoup de temps à lever les fonds, explique notre interlocuteur. On était en suspens, donc tout a pris du retard. D’autant que dans notre domaine, deux millions d’euros ce n’est rien du tout, juste ce qu’il faut pour homologuer un petit véhicule. On se dit que pour une voiture sans permis c’est plus simple, mais chaque pièce est regardée, testée… » En attendant, Midipile entend bien faire rouler ses véhicules. Mais en site fermé, chez plusieurs partenaires, où l’homologation n’est pas nécessaire. Dès l’année prochaine, la ligne de production pilote, dans la chaudronnerie, commencera également à sortir les premiers quadricycles. Si Midipile se veut discrète sur les chiffres, son fondateur précise qu’il y en aura « quelques unités », avant d’atteindre la soixantaine en 2026.Une évolution du modèle économique Qui dit maturation, dit aussi évolution. En un an, la startup s’est repositionnée sur deux sujets : ses clients, et son modèle économique. D’une part le BtoC est totalement stoppé, car le marché des particuliers n’est pas assez mature tandis que celui du BtoB semble à point, notamment via les contraintes réglementaires (ZAN, verdissement des flottes, contraintes RSE). « Sur les huit verticales identifiées, nous allons en garder deux pour commencer. L’idée sera ensuite de les multiplier, en gardant toujours la même base de véhicule mais en élargissant les possibilités d’équipement », précise Benoît Trouvé qui ne dévoile pas quels marchés sont retenus pour démarrer. D’autre part, Midipile se dirige vers un système de location longue durée, et non plus d’achat unique. Une économie de la fonctionnalité, selon les termes de son dirigeant, qui explique ce choix par la nécessité de remettre en question le modèle classique dans l’automobile : vendre toujours plus de véhicules pour générer du chiffre. « On est positionné sur la décarbonation avec des véhicules plus petits, et notre modèle économique vient finir le job - nous nous positionnons en constructeur circulaire. Comme lors d’une souscription à un service internet où l’on reçoit une box pour avoir du débit, puis que l’on renvoie lorsqu’on résilie l’abonnement. On veut appliquer cela dans notre secteur, en proposant un service sur mesure au client. Derrière, on s’occupe de la logistique pour faire en sorte que le bilan carbone, le prix comparatif et la rentabilité soient bien supérieurs à ce qui est proposé aujourd’hui », déroule Benoît Trouvé. Qui complète : « Sur le papier ça fonctionne, maintenant on passe à l’échelle et j’espère qu’on montrera qu’on peut réussir. » Forte de 10 ETP, l’entreprise entend doubler son nombre de salariés d’ici deux ans. Plusieurs profils seront recherchés, tant sur le développement du véhicule et sur la production industrielle que sur la partie commerciale. Car vouloir faire du « vehicle as a service » nécessitera d’assurer un service après vente de proximité. L’idée : ouvrir des antennes, « éventuellement en partenariat », sur toutes les grandes villes de France et les zones de roulage. Côté chiffre d’affaires enfin, Midipile devrait terminer l’année aux alentours de 70.000 euros. Et vise, d’ici 2026 ou 2027, le million d’euros. À ce moment, une levée en série A devrait également arriver, sans que le montant visé soit encore calculé. « Nous avons déjà plusieurs acteurs en perspective », conclut Benoît Trouvé. MidipileBasée à Saint-Michel (16)SAS créée en 202010 ETPCA 2024 prévisionnel : 70.000€

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