L’Apesa en voie d’unification en Charente-Maritime - Premium

En quoi consiste l'Apesa et quel est son modèle économique ? Dans un premier temps tous les acteurs et actrices de la justice sont formés par des psychologues pour cerner les prémices d’une crise suicidaire. Ensuite, le dispositif repose sur une prise en charge psychologique avec des séances offertes.Le financement de l’action des associations Apesa locales est assuré par des dons, du mécénat et des contributions de divers partenaires, comme la Région Nouvelle-Aquitaine, la CPAM, la Capeb 17. Une prise en charge coûte 425 euros. Elle comprend le rappel en urgence de l’entrepreneur en souffrance dans un délai moyen de 15 minutes, un premier secours psychologique par téléphone, puis cinq consultations en cabinet. Ce n’est pas très onéreux pour sauver la vie d’une personne.Pourquoi 425 euros ?En Charente-Maritime, un réseau de 86 « sentinelles » permet de détecter les dirigeants en détresse psychologique. Avec l'accord de la personne en souffrance, une fiche alerte numérique est créée, puis envoyée au RMA - Ressources Mutuelles Assistance - qui propose une plate-forme de services spécialisée dans l'écoute. Le rappel par un psychologue RME suppose un coût de 125 euros, pour rémunérer le psychologue. Ensuite, chaque heure de consultation en cabinet est facturée 60 euros. L'ensemble, pris en charge par l'Apesa, est totalement gratuit pour le chef d'entreprise.L’antenne Apesa de Saintes vient juste de fusionner avec La Rochelle. Expliquez-nous.Fin juin, le Tribunal de commerce de La Rochelle a décidé de rejoindre le dispositif Apesa. Durant plusieurs années, cette juridiction a eu recours à un dispositif un peu analogue, qui reposait sur la présence d'une seule psychologue partie à la retraite. C’est donc une bonne nouvelle que l’Association qui s’est un peu trop tôt appelée Apesa 17. Désormais, elle couvre la totalité du territoire de la Charente-Maritime. L’extension du réseau des psychologues et des sentinelles est programmée pour septembre.Quels sont les secteurs d’activités les plus impactés ?L’analyse des fiches alerte depuis dix ans permet de mettre en évidence que les secteurs d’activité dans lesquels les entrepreneurs bénéficient le plus du dispositif Apesa, sont d’abord celui du commerce et de l’artisanat de proximité, à hauteur de 41,6 %, puis le secteur du bâtiment et de la construction, pour 21,2 %, puis l’hôtellerie et la restauration à hauteur de 13%. En dix ans, comment le paysage entrepreneurial local a-t-il évolué ? Le monde économique charentais maritime, comme partout en France, a subi plusieurs chocs à répétition, comme jamais en dehors d’une période de guerre. Durant ces années, plusieurs amortisseurs ont été mis en œuvre par le gouvernement au bénéfice des entreprises et des entrepreneurs qui ont produit des effets positifs. Durant la période du Covid, nous avons ainsi créé un numéro vert à la demande du ministère de l'Économie. Il n’existe plus beaucoup de domaines où l’on peut avoir des certitudes, et il faut donc apprendre à vivre dans une expectative permanente qui met les nerfs à rude épreuve.Les hommes plus impactés que les femmes Comment est accueilli le dispositif auprès des dirigeants d’entreprises et combien de personnes avez-vous aidé localement depuis 10 ans ?Très favorablement, simplement et facilement. Ils comprennent très bien qu’on ne les considère pas comme des déséquilibrés. La situation d’échec isole et enferme dans la honte de soi. Après leur avoir demandé « comment allez-vous ? » et ainsi témoigné que l’entrepreneur est au moins aussi important que l’entreprise, 98 % acceptent un soutien psychologique. 253 personnes ont été prises en charge, (105 femmes et 148 hommes). Ces chiffres ne sont pas négligeables, car au-delà des entrepreneurs eux-mêmes qui sont aidés, il y a leurs proches qui sont aussi rassurés de voir que la situation difficile est prise en main par des psychologues. À quelle étape du parcours entrepreneurial se manifeste la plus grande détresse psychologique du dirigeant ? Pour les sentinelles, elle se manifeste principalement à deux moments spécifiques : le premier dans 28% des cas, en amont de l’ouverture d’une procédure, par un appel du dirigeant, ou à l’occasion d’une convocation par le juge de la prévention des difficultés des entreprises ou du tribunal, qui a détecté qu’une entreprise semblait traverser des difficultés. Le second moment est celui de l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire.Les femmes cheffes d’entreprise sont-elles autant concernées que les hommes par des problèmes d’ordre psychologique ?Selon l’Insee, en 2019 les femmes chefs d’entreprise représentaient 28%, contre 48,5 % pour les hommes. Sur 9.500 fiches alerte analysées, 37,47% sont des femmes et 62,53% des hommes. Il y a encore peu de données sur le sujet qui démontrent la meilleure résilience des femmes dans le tourbillon des difficultés des entreprises.

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