Valorisation de la recherche : pourquoi les centres de transfert régionaux créent ACTENA
Assemblée générale constitutive, le 19 mars dernier. Crédit : ALPhANOV
25 centres de transfert néo-aquitains se dotent d’une structure associative commune. Au-delà de la défense des intérêts communs, l’objectif est de favoriser l’émergence de synergies nouvelles, au service des entreprises régionales. Explications avec Julien Szabla, directeur du centre de transfert Nobatek/INEF4 et premier président d’ACTENA.
Qu’est-ce qu’ACTENA et quel est le but de cette association ?
ACTENA, c’est l’Association des Centres de Transfert en Nouvelle-Aquitaine, qui réunit pas moins de 25 centres de transfert de tout domaine d’activité et répartis dans toute la région. Le but, c’est de se fédérer. D’abord, sans ordre de priorité, pour la défense des intérêts des centres de transfert, qui sont des structures assez particulières. Avec un positionnement à la fois avec le milieu académique, mais aussi et surtout en relation avec les entreprises et les industriels, dans une logique de leur transférer justement de la technologie. Donc il y a la défense des intérêts de ces structures, qui ont un modèle économique particulier, avec des revenus issus de prestations et aussi quelques revenus publics, pour faire du ressourcement scientifique. L’idée est de permettre une reconnaissance de la valeur ajoutée que nos structures peuvent apporter. L’autre objectif, c’est de mieux pouvoir collaborer ensemble. Les 25 centres de transfert adhérents œuvrent dans des domaines d’activité très variés, mais qui peuvent interagir ensemble. Ce genre de croisement ne va pas de soi, parce qu’on a tous nos propres agendas. ACTENA crée cette possibilité-là.
Quels types de synergies sont envisagées ?
Je donnerais trois types de synergies. La première concerne des fonctions transverses, de pouvoir mutualiser nos retours d’expérience sur des problématiques RH par exemple, ou administratives et financières. On peut avoir par exemple un certain nombre de centres qui sont très performants sur les appels à projet européens, qui vont permettre à d’autres centres qui ont moins investi cette piste de pouvoir les faire monter en compétences et donc en taux de réussite. Les deux autres synergies seront plutôt de collaboration sur projets. L’une, c’est en fait les croisements entre des centres qui sont plutôt technologiques, par exemple le CRIT Horticole qui s’occupe d’horticulture et de serres, avec des centres orientés filières, comme nous Nobatek/INEF4, qui sommes orientés bâtiment. Ça a un intérêt pour réfléchir sur des toitures végétalisées, un concept qui sert à rafraîchir les villes. Ce croisement est intéressant parce qu'on conjugue finalement des personnes avec une expertise qui s'applique à plusieurs domaines d'activité avec des personnes qui connaissent plus particulièrement un secteur d'activité. Et l’autre, toujours en matière de collaboration, c’est e pouvoir regrouper des centres qui ont une activité par exemple autour de l’électronique et des lasers, on en a quatre ou cinq dans la région sur ces problématiques-là, et de les faire travailler ensemble pour avoir une offre globale envers certains industriels. Et qu’on ne se retrouve pas à faire plusieurs fois la même chose au niveau d’un même territoire.
Les membres fondateurs. Crédit : ACTENA
Justement, quelle relation avec un organisme comme la SATT Aquitaine Science Transfert ?
La SATT [ndlr : Société d'accélération du transfert de technologies] et les centres de transfert ont en commun l’objectif de valorisation des travaux académiques, de manière générale. La différence, selon ma compréhension des activités d’une SATT, est que leurs travaux sont souvent axés sur la valorisation d'un portefeuille de propriété intellectuelle et de recherche de porteurs de projet ou d'entreprises auxquels on peut transférer directement cette propriété intellectuelle. Donc elle va être vraiment un travail de pure valorisation. Le métier de nos centres de transfert, c'est de pouvoir faire ce travail de valorisation, mais en opérant des projets de R&D. C’est la différence fondamentale. Mais, finalement, c’est très complémentaire.
Après cette première étape constitutive, comment ACTENA va-t-elle organiser ses objectifs ?
La méthode, c’est de se donner rendez-vous le 1er juillet prochaine à Cap Sciences, en présence d’Alain Rousset et de Gérard Blanchard, le président de la Région et son vice-président à la Recherche et à l’Enseignement supérieur, avec l’ensemble des membres d’ACTENA. Avec l’idée de présenter la feuille de route, autour de quatre axes que sont les collaborations, le modèle économique, les mutualisations et la communication. Il est important de démontrer qu’on aura très rapidement cette feuille de route opérationnelle. Chaque membre est indépendant et sa taille n’influe en rien sur son poids dans l’association. Un membre, une voix. Cette feuille de route sera coconstruite ainsi. En fonction de ce qui en sort et des appétences de chacun, on verra sur quoi aller le plus vite. Ensuite on verra si on pourra doter l’association de moyens complémentaires. Pour l’heure, on n’a pas prévu de recrutement. On a aussi convenu, pour rentrer un peu dans le détail, que des rencontres trimestrielles à un niveau de direction générale, mais aussi au niveau des équipes, sera très intéressant, au-delà de la feuille de route, pour construire un lien plus fort entre nos équipes.
Quel mode de fonctionnement avec le Conseil régional ?
La Région soutient un certain nombre de centres de transfert au titre du ressourcement scientifique. Et elle a, depuis 2019, engagé une démarche d’excellence des centres de transfert. La création d’ACTENA, c'est aussi le fait de pouvoir avoir un espace collectif qui permet de discuter d'une seule voix avec des instances comme la Région Nouvelle-Aquitaine, pour faire mieux reconnaître notre modèle dans un milieu de la recherche partenariale. Le Conseil régional est membre d'honneur de l'association et donc invité aux assemblées générales et aux conseils d'administration. Dans le double échange qui peut se nouer, le sens qui est prioritaire, c'est la défense de nos intérêts et le fait de faire remonter un certain nombre de messages aux équipes techniques de la Région et au niveau plus politique. La finalité de tout cela, se fédérer, pérenniser nos structures, on le fait au service des entreprises pour qu’elles puissent continuer à innover au travers du transfert et la recherche.
ACTENA, des chiffres et des hommes
En cumulé, le potentiel des 25 centres de transfert implantés en Nouvelle-Aquitaine représente « plus de 1.200 collaborateurs et un chiffre d’affaires de l’ordre de 120 millions d’euros ». Le bureau : Julien Szabla (directeur de Nobatek/INEF4) président ; Anne de La Sayette (directrice du CRITT Horticole) et Nicolas Chevalier (directeur du CRT CISTEME) vice-présidents ; Martin Crépin (directrice d’Agir) secrétaire ; Benoît Appert-Colin (directeur d’ALPhANOV) trésorier.