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Législatives : quel que soit le résultat, « il faudra reprendre notre bâton de pèlerin » pour Didier Massy (CPME)

Écosystème
mercredi 19 juin 2024

Didier Massy, élu président de la CPME Nouvelle-Aquitaine en juin 2023. Crédit : CPME Nouvelle-Aquitaine

Alors que les élections législatives approchent à grands pas, comment les PME de Nouvelle-Aquitaine vivent-elles ce moment ? Entre inquiétudes et incertitudes sur les mois à venir, Didier Massy, président de la CPME régionale, livre à Placéco sa vision.

À 11 jours des législatives, les TPE et PME de Nouvelle-Aquitaine sont-elles inquiètes ? Que vous disent vos adhérents d’un probable changement de bord politique ?
Elles sont forcément inquiètes car nous sommes dans une situation instable, nous ne savons pas trop ce qu’il va se passer… Et en tant que PME, n’avons pas les marges de manœuvre ou la stabilité de grandes entreprises. Cependant, je veux rappeler notre position de neutralité, à la CPME. Nous sommes certes un syndicat, mais nous avons obtenu une certaine crédibilité sur l’échiquier national en restant neutre.

Pourtant il y a quelques jours, le patron de la CPME nationale François Asselin abordait, dans un article de Challenges, la crainte d’une France fonçant « droit dans le mur » avec le programme économique du RN…
Je crois qu’il n’a pas directement pris position, contrairement à certains syndicats. Nous avons toujours travaillé avec les partis politiques et les gouvernements passés, et nous travaillerons avec le futur gouvernement. Pour rebondir sur votre précédente question, notre crainte, surtout, est due à l'absence de clarté dans les sondages. Bien sûr, le RN a réalisé une percée à l’élection européenne, mais il n’y a pour le moment pas de grande majorité qui se dégage, et qui permettrait quel que soit le parti, de gouverner d’une manière simple, seule, sans opposition qui bloquerait certaines décisions de notre Assemblée. On est sur du 30/30/30, en résumé. Il y a diverses idées sur divers points, mais je pense que tout le monde doit comprendre qu’en ce qui concerne la dette, on n’a pas de marge de manœuvre si importante que cela. Sinon, le gouvernement n’aurait pas été sanctionné. La dette court, et arrive à des niveaux qui vont décoter la France à moyen terme, si on continue de la sorte. La conséquence immédiate, c’est une confiance gelée, une stabilité mouvante… et ensuite ? Les investissements seront à l'arrêt.

« Nous ne menons de combat contre personne »

Essayez-vous, à la CPME, d’anticiper la période à venir ? Comment vous projetez-vous ?
Il est difficile de se projeter. La situation que l’on vit est tellement rare, comment anticiper sans savoir si nous aurons un gouvernement de coalition, d’entente, ou un président isolé de ses ministres ? Ce qui est certain, c’est que l’on va vivre une période douloureuse. Et le jour d’après - je crois qu’on peut l’appeler comme cela -, il faudra qu’on s’adapte. Comme nous, PME, savons le faire. Il faudra repartir avec notre bâton de pèlerin, rencontrer les ministres du Travail, des Affaires sociales, du Budget… Mais notre pays est bien organisé, bien administré, tout comme nos organisations et nos corps intermédiaires. Il faudra se remettre au boulot, faire ce qu’on fait depuis des mois, c’est-à-dire négocier plein de choses, travailler avec les élus. Nous ne menons de combat contre personne, nous ne refuserons pas en bloc ce qui sera proposé.

Beaucoup d’acteurs du monde économique prennent position, depuis le 9 juin, pour appeler à voter pour tel ou tel camp. Des dirigeants de startups, du monde de l’économie sociale et solidaire… On a l’impression que les patrons de PME sont plus discrets, restent en retrait de cela. Pourquoi ?
Contrairement à certains milieux comme le milieu agricole, aussi, celui des PME n’est peut-être pas aussi revendicatif. On est plutôt dans le calme, on essaye de mener des discussions au quotidien. Effectivement à la CPME Nouvelle-Aquitaine, nous n’avons pas eu de réactions. Je pense qu’il y a eu de l’étonnement, qu’il y a un ras-le-bol de nos concitoyens… et les nouveaux arrivants au pouvoir devront le prendre en compte. Ce sera peut-être une bonne chose de changer de manière de gouverner, mais nous sommes dans l’expectative et à l’écoute. On sait que des actions seront possibles, quand d’autres sont encore une fois des promesses électorales. Une chose est sûre, le vote de l’élection européenne montre que les gens en ont marre des promesses. C’est ensemble qu’on avancera, et non en étant les uns contre les autres.

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