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Législatives : des patrons néo-aquitains entre attentisme et résignation

Écosystème
mercredi 26 juin 2024

Tout le monde en parle, mais rares sont ceux qui s’expriment ouvertement : comme toute la France, les patrons de Nouvelle-Aquitaine sont suspendus au résultat des prochaines élections législatives. Un attentisme empreint d’une forme de résignation, au sein duquel surnage principalement la crainte de voir la potentielle future cohabitation entraver durablement la bonne marche de l’économie.

D’AG en soirée networking, le sujet des législatives est sur toutes les lèvres dans le monde économique régional. Tous les chefs d’entreprise croisés depuis l’annonce surprise de la dissolution admettent toutefois attendre avec impatience, souvent mâtinée d’angoisse, les résultats du 30 juin, puis du 7 juillet. « Tout est à l’arrêt. On n’a pas d’autre choix que d’attendre. En espérant que notre pays évite la ruine », confie un acteur néo-aquitain du recrutement. Dans la communication ou les services, activités cycliques par excellence, plusieurs patrons témoignent d’une forme de stase, avec des propositions ou des projets soudainement mis en pause.

D’autres, qui s’appuient sur des carnets de commandes à plus long terme et sur des marchés en tension, font meilleure figure. « Pour l’instant ces élections n’ont aucune incidence sur mon activité. Tout tourne normalement. Nous verrons le 7 juillet, mais je ne m’inquiète pas plus que ça », indique un spécialiste de la rénovation énergétique.

Ce qui n’empêche pas une forme de ressentiment. « J’en veux à Emmanuel Macron de nous avoir mis dans cette situation. Rien ne l’obligeait à dissoudre. Certes, il n’y avait pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Mais l’économie tournait. Si problème il y avait, il ne concernait que les politiques. Désormais, il y a un problème politique et un péril économique », commente un patron d’ETI.

Une double menace sur la stabilité, sociale et réglementaire, à laquelle aspirent traditionnellement les patrons. Avec, cette fois, une crainte inédite : celle de devoir choisir, le 7 juillet, entre le Rassemblement national et le Nouveau Front Populaire, l’attelage de gauche au sein duquel la France Insoumise et son leader Jean-Luc Mélenchon font office d’épouvantail. « Il y a un petit parfum de mai 1981. Tout le monde s’inquiète de voir les communistes prendre le pouvoir et appliquer des mesures radicales », estime un représentant du monde du chiffre. « Vous vous rendez compte ? On risque d’être obligés de voter RN au second tour », s’étrangle la présidente d’une entreprise familiale.

Pour autant, les sorties publiques ou les prises de position individuelles se font rares. Comme si la ligne prudente adoptée par les organisations patronales – Medef, CPME, U2P, qui toutes semblent craindre de mettre de l’huile sur le feu en appelant ouvertement à voter pour ou contre l’une des trois grandes forces en présence, avait déteint sur l’ensemble de leurs adhérents. Faut-il y voir une crainte de se brûler les ailes, dans un climat perçu comme délétère ? « On se croirait dans la série La Fièvre où deux blocs extrémistes hystérisent les débats et où les médias et les réseaux sociaux ne font que jeter de l’huile sur le feu », remarque une consultante bordelaise.

Des appels à la responsabilité et à la stabilité

Des nombreuses filières professionnelles régionales (industrie, bâtiment, commerçants, etc.) interrogées par Placéco depuis le 9 juin dernier, aucune ne se risque non plus à formuler de façon explicite un appel au vote. Toutes appellent en revanche à voter de façon « responsable » les 30 juin et 7 juillet prochains et se risquent parfois à commenter telle ou telle proposition des trois grands blocs candidats à l’aune de leurs propres préoccupations, parmi lesquelles le SMIC à 1.600 euros ou les incertitudes liées à la future politique énergétique du pays, dont l’impact peut se révéler structurant pour certains territoires comme le bassin de Lacq. Fil conducteur de leurs interventions : un vœu de stabilité, à la fois sociale et économique, perçue comme un gage de confiance indispensable pour que les entreprises puissent investir, recruter, mais aussi garder leurs salariés… et leur foi dans l’avenir.

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