Le Conseil régional ne dévie pas son soutien au projet Flying Whales
Citant les exemples de FineHeart ou encore Treefrog Therapeutics, Alain Rousset - au centre - estime que la Région ne s'est pas trop trompée en matière de soutien à l'innovation. Crédit : DM
Outre les conséquences du compte administratif 2023, le président du Conseil régional Alain Rousset a expliqué, quelques jours avant la prochaine séance plénière, pourquoi la Région maintenait son engagement en faveur du projet Flying Whales. Il reste persuadé que le risque que cela implique sera payant en termes de stratégie industrielle, de décarbonation et d’aménagement du territoire.
Au programme de la prochaine séance plénière du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, les 13 et 14 juin, figurent notamment « des délibérations structurelles qu’on ne peut pas retarder », indiquait cet après-midi le président de Région Alain Rousset, à propos des éléments relatifs au comptes administratifs 2023. Lesquels apportent « un éclairage sur la trajectoire budgétaire, par rapport aux éléments prévisionnels et aux dépenses réellement engagées », rappelle-t-il. Une somme - d’informations ! - où l’on apprend que, l’année dernière, le budget de la Région s’est finalement établi à 3,269 milliards d’euros, dont 2,141 milliards pour le fonctionnement - « faire rouler les trains et les bus scolaires, le fonctionnement des lycées, la formation professionnelle… », énumère le président - et 174 millions pour le remboursement de la dette. « L’investissement pèse environ un tiers » (ndlr, 31,3%), poursuit-il, soit 1,128 milliard d’euros, un chiffre en hausse de 4,3%. Le taux de réalisation global du budget « atteint 97% sur le budget régional et près de 95% en incluant les fonds européens », est-il souligné.
L’an dernier, « les prévisions trop optimistes du gouvernement lors de la Loi de finances pour la dynamique de la TVA » - hausse de 5,1% attendue, progression de 2,76% finalement constatée - « génèrent des correctifs à la baisse substantiels des recettes régionales ». Et Alain Rousset de rappeler que le produit de la TVA représente à lui seul près de la moitié des recettes des Régions. « Face à ces problématiques de recettes et sans autre levier fiscal », il est ainsi fortement envisagé « d’agir en matière de tarif des cartes grises, afin de limiter l’impact d’une érosion structurelle », annoncent les services du Conseil régional. Conséquence, à partir du 1er janvier prochain, le cheval fiscal pourrait augmenter de 8 euros et atteindre 53 euros/CV en Nouvelle-Aquitaine.
« On assume le risque »
Autre élément financier structurant, le budget supplémentaire 2024, évalué « à une quarantaine de millions d’euros », calcule le président. Il inclut notamment une majoration des crédits (+2,3 millions d’euros) pour les entreprises en retournement, mais aussi des évolutions concernant l’accompagnement de la Région sur le projet Flying Whales. Sous le feu de multiples interrogations, le PDG de cette entreprise, Sébastien Bougon, a ainsi été auditionné par plusieurs commissions et devant le CESER. « Il a expliqué toutes les levées de risques, notamment environnementaux et techniques », assure Alain Rousset, plus que jamais engagé et au soutien du dossier. Lors de cette plénière, la Région devrait prévoit d’adopter un avenant au protocole conclu en octobre 2022, sur le portage foncier et immobilier pour l’implantation à Laruscade de l’usine de dirigeables de fret-cargo. Engagée à hauteur de 10 millions d’euros au capital de l’entreprise, la Région s’est également portée garante (un tiers), aux côtés de l’Etat (deux tiers) sur le coût global du projet. Lequel a été revu à la hausse, passant de 110 à 150 millions d’euros. Notamment en raison de surcoûts liés à la compensation environnementale. Cet avenant « précise surtout les conditions suspensives », précise le directeur général des services François Poupard. « Il faudra que Flying Whales obtienne l’autorisation environnementale, sur ce sujet la dernière version du dossier est plutôt bien enclenchée, mais aussi le permis de construire purgé des recours, il faudra sécuriser le financement par une levée de fonds… », énumère Alain Rousset.
Lequel espère qu’une partie des aides de la Région puisse être transformée en nouvelle prise de participation au capital : « ça permettra de multiplier la mise de départ et d’abonder le budget de la Région », espère-t-il. Et de reconnaître la part de risque que comporte ce dossier. Un risque « assumé, car je veux que la Nouvelle-Aquitaine soit une terre de ruptures technologiques, notamment pour réduire notre dépendance aux économies, américaine ou chinoise », martèle le président. Qui constate que « le projet se déploie de façon extraordinaire à l’international. Voilà pourquoi nous prenons des risques, pour garder cette technologie ici ».