Placéco Nouvelle-Aquitaine, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Explosion des loyers commerciaux : « Un coût monstrueux pour les commerces », selon David Ducourneau

Écosystème
mardi 11 avril 2023

David Ducourneau, dirigeant de Sports Aventure, vice-président de Bordeaux mon commerce et de Commerçants et Artisans des Métropoles de France (CAMF). Crédits : AL

Six fédérations de commerçants tirent la sonnette d’alarme concernant la hausse du plafonnement de l’indice des loyers commerciaux (ILC), qui grimpe de 3,5% à 6,29%. Une situation « insupportable » dans un contexte inflationniste compliqué. Pour Placéco, David Ducourneau, vice-président de Bordeaux mon commerce et de Commerçants et Artisans des Métropoles de France (CAMF), revient sur la situation.

Comment se calcule l’indice des loyers commerciaux, et pourquoi était-il plafonné depuis plusieurs mois ?
Pour synthétiser, c’est une somme d’indices de consommation qui se calcule notamment à partir de l’indice du coût de la construction, de l’indice des prix à la consommation, hors tabac et loyers, ou encore à partir de l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail. La majeure partie du temps, les baux commerciaux sont indexés à l’ILC donc quand un bail doit être remis en cause quelle que soit la raison, ou à la fin de la période triennale, le loyer va naturellement augmenter. En août dernier nous avions réussi, toutes fédérations confondues, à faire verrouiller cet ILC à 3,5% - ce qui est déjà beaucoup -, dans le cadre de la loi « Pouvoir d’achat ». Cela ne concernait, par contre, que les TPE et les PME. On peut dire que c’était une demi-réussite et un demi-échec… Là, le gouvernement vient d’acter son augmentation à 6,29%, soit presque le double de ce qu’il était jusqu’à maintenant.

Vous expliquez que cette hausse pénalisera fortement les commerçants. Que demandez-vous aujourd’hui ?
L’impact ne sera pas instantané, ce sera un peu la surprise lorsque le bail arrivera en fin de période. Le loyer et les charges immobilières représentent souvent 20% des charges des commerçants. Pour quelqu’un qui fait un million d’euros de chiffre d’affaires, les marges brutes seront de 25 à 50%. Si on augmente le loyer de 6,29%, l’impact sur la marge brute sera doublé voire triplé, c’est énorme. Pour les petits commerces, ce sera un coût monstrueux, mais les franchisés et les grandes enseignes seront aussi concernées. En nous réunissant, nous fédérations, nous voulons faire remonter d’une seule voix le danger qui pèse sur le secteur du retail… La situation n’est déjà pas excellente, on a vu ces derniers mois de nombreuses grandes marques tomber, en région d’autant plus. Nous demandons une prolongation du dispositif de plafonnement à +3,5%, mais aussi son extension à l’ensemble des baux indexés à l’ILC, quelles que soient la taille et la nature du commerçant.

Quelle est la situation pour les commerçants, à Bordeaux ?
Ils tirent majoritairement tous la langue, en ce moment. Les manifestations influent directement sur leur chiffre d’affaires, mais on a aussi une vraie problématique de sous-consommation. Au quotidien, on nous remonte des situations plutôt difficiles. Alors on ne veut pas que cette hausse de l’ILC s’ajoutent à un climat plutôt morose… Je ne sais pas si on a bon espoir que notre mobilisation aboutisse, ça reste une négociation.