Comment le campus cyber Nouvelle-Aquitaine compte protéger les PME de la région
Guy Flament, directeur du cyber campus Nouvelle-Aquitaine, présente l'un des tableaux de bord du CSIRT régional - crédit AL
Inauguré jeudi, le campus régional de cybersécurité entend à la fois accompagner les PME de Nouvelle-Aquitaine victimes de cyberattaques et fédérer la communauté locale des spécialistes du secteur. Il prend place au cœur du parc Amperis de Pessac, appelé à devenir l’une des places fortes régionales de la cybersécurité.
Face aux bureaux, des écrans affichent en temps réel le nombre de tickets entrants, leur état d’avancement, et une carte dynamique des attaques informatiques relevées à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine : bienvenue dans le centre de réponse aux incidents informatiques (CSIRT) du nouveau campus cybersécurité régional, où des opérateurs apportent une réponse de premier niveau aux alertes envoyées par des entreprises ou des collectivités victimes de tentatives de cyberattaques.
« Le défi de la cybersécurité n’est pas nouveau, mais il s’est renouvelé ces deux ou trois dernières années, avec une cybercriminalité qu’on a vu passer d’attaques ciblées sur des acteurs de premier plan à une forme de pêche au chalut qui touche tout le monde », rappelle Vincent Strubel, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).
D’où la nécessité de doter les territoires de points de contact uniques, chargés d’aiguiller, mais aussi de sensibiliser et de former les acteurs économiques aux vertus et aux menaces de la cybersécurité. Une dynamique lancée à l’initiative du président de la République en 2020, incarnée en premier lieu par un campus national installé à la Défense, et qui doit maintenant se déployer sur tout le territoire par l’intermédiaire de structures régionales, dont ce campus néo-aquitain est l’un des premiers représentants.
Fédérer la filière
« Les réflexions de la Région remontent en 2016, ce qui nous a permis collectivement de mettre en œuvre de premières briques de soutien à la cybersécurité, en partant du principe que si nous soutenions le développement du numérique dans la région, nous augmentions la surface d’attaque potentielle », complète Mathieu Hazouard, conseiller régional délégué aux enjeux numériques, élu au printemps à la présidence du cyber campus Nouvelle-Aquitaine.
La réponse à incidents constitue le volet opérationnel d’un campus qui ambitionne de fédérer plus largement les compétences et les acteurs de la cybersécurité à l’échelle régionale. La structure, dont le conseil d’administration réunit l’ANSSI, le GIP Cybermalveillance, le Clusir, l’agence ADI N-A et la Région, souhaite ainsi jouer un rôle de cohésion pour l’ensemble de la filière.
Le campus régional prend place au sein du projet Amperis, dédié aux acteurs de la cybersécurité et des biotechnologies, et développé par la SEML Route des Lasers sur l'ancienne friche Thales de Pessac - crédit AL
Outre ses six permanents, partagés entre le CSIRT et ces missions d’animation, le campus peut compter sur l’équivalent d’une quinzaine de ressources, issues des forces vives des 101 entreprises déjà adhérentes et partenaires : outre un engagement financier, l’adhésion suppose en effet la participation, à hauteur d'1% de l’effectif, à la vingtaine de projets collaboratifs lancés par la structure. Avec des réflexions qui vont de la création d’outils, dédiés par exemple à la cartographie du système d’information d’une PME, à la définition des exigences liées à la sécurisation d’une supply chain en passant par l’élaboration de programmes de formation ou le développement de ressources pédagogiques.
Des relais dans toute la Région
« C’est à la fois un enjeu de sécurité et de souveraineté, il est donc important qu’on s’équipe de moyens, avec un accompagnement centré sur les TPE et PME du territoire », souligne Alain Rousset, président du conseil régional. Si le campus est installé à Bordeaux, son rayonnement se veut en effet régional, grâce au relais que constituent les centres de ressources locaux déjà implantés à Bayonne, à Niort et à Pau, souvent par l’intermédiaire des CCI locales. « Il faut une relation de confiance et donc une proximité pour bien adresser ces sujets. Prenez le Béarn, la CCI a déjà cette relation de confiance avec les entreprises du territoire, il est donc logique que ce soit elle qui diffuse nos ressources », illustre Guy Flament, directeur du campus cyber régional.
Dans sa phase de lancement, le campus régional bénéficie d’une subvention annuelle de 650.000 euros de la Nouvelle-Aquitaine, elle-même soutenue par une enveloppe d’1 million d’euros amenée par l’Etat pour la création du CSIRT. S’il devrait à terme pouvoir accéder à des fonds européens, le campus devrait toutefois trouver d’ici quelques années son propre modèle économique, pour arriver à l’équilibre. « Nous y réfléchissons, mais ça n’est pas la priorité, l’important c’est d’accompagner le plus vite et le plus efficacement possible les entreprises, et c’est bien le sens du soutien financier de la Région », assure Guy Flament.
Un lieu totem de la cybersécurité
La situation géographique de ce nouveau campus devrait contribuer à en faire une pierre angulaire de la filière. La structure est en effet logée au cœur du parc Ampéris, piloté par la SEML Route des Lasers, qui a vocation à devenir le hub bordelais de la cybersécurité. Le bâtiment qui accueille le campus abrite d’ailleurs déjà plusieurs spécialistes du genre (Wasaca, DBM Partners, Marl Digital Services, Fidens, Nexeya). Il est également voisin des 6.000 m² du futur siège d’une des vedettes régionale du secteur, la scale-up Tehtris.