1/2 Jean-François Fountaine à Placéco : « Pour le nouveau gouvernement, on n'est pas préparé, on va s'adapter » - Premium

Les chiffres du tourisme estival sont maussades: -2,5% de fréquentation en Charente-Maritime, -19% dans les campings, le président de la fédération de l’hôtellerie en plein air parle d’une saison catastrophique. Quel impact une saison touristique moyenne peut avoir sur l'économie locale et celle des entreprises? On a bien vu cette année qu'il y a eu deux saisons : un mois de juillet plutôt médiocre et un mois d'août plutôt meilleur. Les indicateurs de septembre sont plutôt bons puisqu'il y a aujourd'hui à La Rochelle un grand nombre d'événements en même temps : le Festival de la fiction télé qui remplit tous les hôtels, les restaurants aussi et les Airbnb. En même temps, se déroule un congrès de chercheurs scientifiques peu connu mais qui agrège 400 chercheurs du monde entier. On embraye la semaine suivante avec l'événement sur la biodiversité. Effectivement, quand il y a moins de monde en hôtellerie de plein air, ça a un impact. L’industrie est le plus gros secteur économique de l’Agglo. Comment accompagnez-vous son développement et comment soutenez-vous l’innovation dans ce secteur ?Dans les années 70-80, on était perçu comme un territoire touristique. La greffe industrielle n'avait pas pris à La Rochelle. C'était une période où on a vécu des fermetures des chantiers navals et d’entreprises. On disait : « La Rochelle n'a pas d'avenir industriel ». Actuellement, il se crée plus d'emplois dans l'industrie que dans le tourisme. Mais il ne s'agit pas de dire que l'un est bon ou l’autre est mauvais. L'industrie, c'est la mère de toutes les activités. Et c'est vrai que nous traversons une séquence très favorable avec une industrie forte sur notre territoire qui génère de l’activité. On va avoir des terrains disponibles. Ce n’est pas simple parce que la surface n'est pas extensible. En plus, il y a une loi qui dit on ne peut plus artificialiser les sols. Donc il faut limiter la consommation d'espaces agricoles. Demain, on va louer le terrain, un peu comme ça se passe dans un grand port maritime, quand c'est possible, quand les entreprises acceptent. Et sur l'innovation, nous avons mis en place une technopole. C’est un lieu pour accompagner les entreprises. Son rôle est d'expliquer aux entreprises quel est le panel d'aide qu'on peut apporter. Elle va évoluer parce qu'aujourd'hui ce sont des élus qui sont à sa tête. Demain, on va demander à un chef d'entreprise de présider cette structure. Près de 80.000 emplois pourvus sur le territoire, un taux de chômage de 6,7%, plus bas que celui au niveau national (7,3%), un secteur de l’industrie très fluctuant, on l’a dit, mais des commerces obligés de s’installer dans les villes alentours par manque de locaux et des loyers trop élevés. Comment répondez-vous à ces enjeux ? On sait qu’aujourd'hui, le prix des logements n'est pas en adéquation avec les rémunérations courantes. Donc on a un vrai souci, c'est de produire du logement accessible, du logement social pour que les entreprises puissent loger leurs salariés. Il y a des gens qui renoncent à des postes à La Rochelle parce qu'ils n'ont pas trouvé de logement convenable, c'est un des gros travaux que nous menons. Les entreprises paient le 1% logement qui va à Action Logement. Ce que je sais, c'est que ça ne fonctionne pas si bien que ça. Il faut trouver d'autres solutions.« Des entreprises à La Rochelle achètent le logement et le loue aux salariés. Je ne conseille pas de le faire »Dans le Morbihan, le Medef a proposé de produire du logement avec des financements d'entreprises à condition que les logements soient réservés aux entreprises qui les ont financés. Pour l'entreprise, placer son argent dans le logement, ce n'est pas un gros risque puisque quand il y a une forte demande de logement, le risque est faible. Encore faut-il avoir la trésorerie ou la capacité d'emprunt pour le faire. Je connais des entreprises à La Rochelle qui achètent le logement, le louent aux salariés. Je ne conseille pas de le faire. Gérer des locataires, ce n'est pas le métier des entreprises. Donc ce que je leur recommande, s'ils veulent investir, c'est de le faire main dans la main avec un bailleur social qui, lui, a un stock. Maintenant, la question du logement est très importante sur les commerces qui quittent La Rochelle. Même s'il ne faut pas baisser les bras, on a besoin et des centres commerciaux et de garder une vitalité des commerces. Quelle est la tendance économique de la Rochelle et son agglo en ce moment? Quel regard portez-vous sur la conjoncture économique actuelle, notamment avec votre casquette d’ancien chef d’entreprise et fondateur du chantier naval Fountaine Pajot ? Tout d'abord, il y existe une diversité de situations selon le secteur industriel, dans le domaine du tourisme, dans le domaine de la santé. La conjoncture des différents métiers est très variable. On sait que les métiers du bâtiment aujourd'hui souffrent un peu. La santé, je pense, va bien. Ensuite, vous avez des secteurs où, puisque vous avez parlé de l'entreprise que j'ai fondée il y a longtemps, le secteur du nautisme, qui est important sur le territoire, a connu une bulle incroyable sortie de Covid. Tout le monde voulait acheter des bateaux dans le monde entier. Et puis, depuis maintenant six mois, huit mois, plus personne ne veut acheter et c'est mondial. Donc évidemment, il y a des cycles, il faut que les entreprises s'adaptent à cette situation. Chaque métier a des cycles particuliers, mais globalement, on a une chance. Et ça, c'est un message pour tout le monde. On a une chance incroyable actuellement, c'est la dynamique des entrepreneurs du territoire. S'il y a des besoins de financement, on les examine. Notre territoire continue à créer de l'emploi net chaque trimestre. On sent quand même qu'il y a une crise du pouvoir d'achat en France. On aime ou on n'aime pas Macron. Mais, il a fait une politique favorable aux entreprises pendant sept, huit ans. Est-ce que cette politique sera poursuivie dans les mois et les années qui viennent ? Aucune idée. Si ça avait été Mélenchon, j'aurais eu une certaine inquiétude. Nous ignorons quelles vont être les grandes orientations de la politique économique qui va être menée. Comment sentez-vous le moral des entrepreneurs et comment vous pouvez les accompagner ?Très variable. Les métiers du bâtiment ont souffert. Ils ont eu une baisse violente. Les promoteurs n'ont plus les prêts puisque les taux d'intérêt sont tellement montés que l'achat a baissé. Le secteur du bâtiment a plutôt un moral moyen. Par contre, je vois quand même souvent des entrepreneurs qui développent, qui investissent. Il n'y a qu'à voir le nombre de chantiers à Périgny. Quand un territoire est innovant et entreprenant, ça attire. On aime bien aller dans un territoire qui se bouge. On a aussi un élément sportif, la dynamique du Stade Rochelais fait que, aujourd'hui, je crois qu'ils ont 500 partenaires, des entreprises de Vendée, des Deux-Sèvres, de la Charente Maritime et qui se disent : « Tiens, pourquoi on n'irait pas investir à La Rochelle ? » Ça bouge beaucoup dans un territoire où on a des éléments favorables aujourd'hui pour l'investissement. Mais il ne faut pas cacher qu'on traverse une période d'incertitude, de politique nationale, des problèmes liés au pouvoir d'achat des gens. Certaines filières peuvent avoir des difficultés. J'ai parlé du nautisme, il y a un très gros ralentissement actuellement. D’après-vous, les chefs d’entreprises se projettent comment sur l’année qui vient ? Vous savez, être entrepreneur, c'est croire en l'avenir, croire dans ce qu'on veut faire et puis d'être capable de s'adapter à une entreprise. Il y a des secteurs comme le numérique qui ont connu des développements phénoménaux. On a aujourd'hui des écosystèmes dans des tas de domaines qui n'existaient pas hier.Le Premier ministre vient d’être nommé. Comment son nouveau gouvernement pourrait avoir un impact sur l’économie rochelaise et plus largement sur les décisions de l’Agglo. Est-ce que vous vous y êtes-vous préparé, si oui, comment ?On n'est pas préparé, on va s'adapter, et on va bien s'adapter. Le premier ministre va avoir un exercice épouvantable parce qu'il va bien falloir trouver de l'argent. La France est quasiment en faillite. On n'en est pas l'auteur. Il va y avoir un vote bientôt à l'Assemblée nationale. Le Front national va proposer l'abrogation de la réforme des retraites. Est-ce que les autres groupes qui veulent l'abrogation - je pense aux groupes de gauche - vont voter avec le Front national ? Si oui, il y a l'abrogation de la réforme des retraites. Qu'est-ce qu’il se passe le lendemain ? Les prêteurs à la France vont dire : « On continue à prêter, mais nos taux d'intérêt augmentent de 2% ». Le taux d'intérêt montant, ce seront des milliards d'euros qu'on ne donnera pas pour de l'action publique qu'on donnera pour payer des taux d'intérêt aux prêteurs. On est rentré dans des zones plus délicates parce que la réforme des retraites avait deux volets : on travaille un peu plus longtemps, mais en contrepartie on améliorera les petites retraites. Or, s'il n'y a pas la recette en face, on va aller vers des moments très difficiles. Donc oui, je n'aimerais pas être à la place de Barnier, mais d’ailleurs personne me l'a proposé (Rire). Par ailleurs, cela va être très difficile parce que le pays doit baisser, sa dépense, et augmenter ses recettes. On nous dit il faut augmenter le SMIC à 1. 600 euros. Mais la conséquence, c’est que je ne sais plus boucler les comptes de l'Agglomération et de la Ville. Et ça veut dire que je n'ai plus de capacité d'investissement.> Lundi, vous pourrez retrouver le deuxième volet de cette interview en publicJean-François Fountaine à Placéco : « Faire de la politique et être chef d'entreprise : il faut scinder les deux. »

1/2 Jean-François Fountaine à Placéco : « Pour le nouveau gouvernement, on n'est pas préparé, on va s'adapter » - Premium

Sur le même sujet

2/2 Jean-François Fountaine à Placéco : « Faire de la politi ...

« L’heure viendra de la remontada » (Pierre Hurmic)

« L'industrie est le plus gros secteur de La Rochelle » (J-F ...

Assises de l'Économie de la Mer : « Une grande première pour ...

Le 18 novembre à Bordeaux, une table ronde sur la propulsion ...

Cette année, le symposium NextSpace ira « to the Moon and ba ...

Marennes : un atelier sur la reconversion professionnelle

Nouvelle-Aquitaine : l’association Transtech organise une jo ...

Nouvelle-Aquitaine : des rencontres pour lier davantage arch ...

Umena : une matinée sur l’innovation et la technologie dans ...

Le programme « 360 export » à la rencontre des entreprises b ...

La chronique innovation : Sensus veut rendre les vêtements de running plus durables

En images : Placéco fait sa rentrée, 600 personnes au Palais des Congrès de Bordeaux

Enovis installera finalement son futur site aux anciennes fonderies de Mousserolles

La chronique innovation : Cog.Engines déploie ses bras robots pour soulager les salariés

Pourquoi Laruns a racheté le Petit Train d’Artouste

Mure et Peyrot fête ses 120 ans, « la créativité » est le secret de sa longévité

Exploitation de Txik Txak : les ambitions de RATP Dev