« L’heure viendra de la remontada » (Pierre Hurmic) - Premium

« Il est important de donner du sens à une multiplicité de décisions politiques. Elles semblent parfois minuscules, éparpillées, mais au-delà, elles procèdent d’un projet d’ensemble. » C’est ainsi que le maire de Bordeaux Pierre Hurmic a résumé ce matin le propos de sa conférence de presse de rentrée, au cours de laquelle il s’est livré à un tour d’horizon complet de l’action de sa majorité depuis le début de la mandature. Parfois lyrique, creusant son sillon et prônant la constance dans les idées et la hauteur de vue, il déplore que « la transition écologique n’irrigue en rien les discours et projets de nos gouvernants ». Pour sa part, il revendique « une vision girondine, émancipée du pouvoir central, pour imaginer des solutions nouvelles, décentralisées et audacieuses », plaçant la politique comme « l’art de concilier le désirable et le possible ». Ainsi de son ambition de faire de Bordeaux une ville solaire, en mobilisant chaque mètre carré solarisable. Il martèle l’ambition : avoir posé 60.000m² de panneaux solaire d’ici 2026, pour atteindre 41% d’autonomie énergétique. Et de citer l’un des chantiers emblématiques dans ce cadre : la couverture du toit de la base sous-marine, 13.200m² à elle seule, pour une production annuelle de 3,2GWh. Un chantier qui vient tout juste d’être attribué au groupe EverWatt - via BoucL Energie, sa filiale spécialiste de l’autoconsommation collective - révèle-t-il. Et de rappeler que sur cette ambition, il a « pris le parti d’essaimer et de convaincre autour de nous », référence à l’initiative Alliance de Bordeaux pour l’énergie solaire, lancée à la fin du printemps.« Maire du quotidien et du lendemain »« Quand les autres digues cèdent, la commune est le dernier rempart », relance-t-il. Au sein du quartier Grand Parc, désormais labellisé « Territoire zéro chômeur de longue durée », 13 personnes ont « déjà bénéficié des tout premiers contrat de travail et ce n’est qu’un début ». Sur l’action foncière, engagée « sur un impératif de zéro artificialisation brute et de sobriété foncière (…), les mètres carrés n’apparaissent pas d’un coup de baguette magique. Notre stratégie immobilière vise l’extension du domaine public, en partant du parc existant ». Des bâtiments administratifs inutilisés ou sous-utilisés, « parfois depuis des décennies », ont ainsi été identifiés « pour les remettre dans le pot commun des Bordelais ». À ce jour, 154 opérations ont été réalisées, pour un total avoisinant les 10.000m². Sur le projet de transformation des allées de Tourny, le paysagiste Phytolab sera maître d’œuvre de l’opération, accompagné par l’architecte Hame en tant que maître d’usage. De premiers aménagements provisoires sont prévus dès juin prochain. Pour la zone Garonne-Eiffel, un nouveau plan d’aménagement sera livré d’ici la fin de l’année. Le quartier Bastide-Niel est, pour sa part, « entré dans une nouvelle phase avec l’arrivée de l’urbaniste Brigitte Philippon ».Sur le plan économique, « Bordeaux est à l’écoute, donne la parole et écoute (…) on n’est pas chez Jupiter », grince-t-il. Aussi, en collaboration avec la CCI Bordeaux Gironde, une « vaste étude sur la situation du commerce à Bordeaux et ses perspectives de développement, dans le cadre de nos politiques “Bordeaux ville apaisée” a été confiée au cabinet Lestoux et associés ».Stade Matmut : un rocher dans les cramponsS’il se félicite de la séquence olympique qui a vu Bordeaux accueillir (au stade Matmut Atlantique) des matches des tournois de football, les clubs et athlètes locaux ont également brillé (Joris Daudet, Laurent Chardard et Damien Tokatlian). Satisfecit aussi pour les rugbymen de l’UBB (finale de Top 14), les hockeyeurs des Boxers (finale de Ligue Magnus), les volleyeuses des Burdis (montée en Ligue A) ou encore pour les Lionnes du Stade Bordelais qui ont conservé leur titre de championnes de France de rugby. « Je vous accorde que nous sommes moins gâtés avec les Girondins de Bordeaux », concède l’édile, qui a « toujours exprimé sa défiance envers la financiarisation à outrance du football professionnel », un modèle qu’il estime « à bout de souffle ». Et de rappeler son « opposition résolue et ancienne au projet de grand stade. Certains évoquent un caillou dans la chaussure de nos finances locales, je préfère parler d’un rocher dans nos crampons ». Il estime néanmoins que « la place des Girondins est au Matmut, car la mise à disposition du stade Sainte-Germaine n’est pas une solution durable ». Les discussions se poursuivent entre les parties prenantes (le Football Club des Girondins de Bordeaux, SBA l’exploitant du stade et Bordeaux Métropole, propriétaire de l’enceinte sportive), pour avancer sur l’accueil du match du 21 septembre et les suivants. Si la collectivité « doit faire des efforts ponctuels, provisoires, pour éviter la liquidation », ceux-ci ne doivent pas être à n’importe quel coût. « La gratuité n’existe pas. Nous pouvons décaler le paiement des loyers pendant la période d’observation du club, mais pas au-delà. Sinon, ça veut dire que le modèle n’est pas viable. » Le club et l’exploitation doivent eux aussi faire des efforts, indique-t-il en substance.S’il n’appelle pas stricto sensu au départ de Gérard Lopez, principal actionnaire et président des Girondins de Bordeaux, il insiste surtout sur la nécessité d’un changement de gouvernance. « Je ne tiens pas à ce qu’il soit remplacé par Lopez Gérard ou un Gérard Lopez bis. » Il faut ainsi « réinventer un nouveau modèle, plus coopératif et nous avons la chance à Bordeaux d’avoir des gens qui travaillent dessus. L’heure viendra de la remontada ». Ce club « va devoir se reconstruire en partant de très bas, profitons-en pour être innovants, dans une nouvelle forme de gouvernance ».

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