Medtech : faute de financeurs, Myotact dépose le bilan - Premium

Cinq mois après avoir démarré une campagne de crowdfunding sur la plateforme Tudigo, Myotact annonce son dépôt de bilan. Tout avait pourtant bien démarré pour la medtech, qui émanait d’un groupe de recherches porté par le CNRS et l’Université de Bordeaux. Myotact, créée en 2022, était positionnée sur la rééducation des bras et des jambes grâce à un bracelet connecté. Elle aura ainsi bénéficié d’un million d’euros de financements - 800.000 euros de subventions, et 200.000 euros apportés en fonds propres et par NLC Health, fonds d’investissement hollandais et actionnaire historique de la jeune pousse. « En septembre dernier, nous cherchions entre 550.000 et 900.000 euros supplémentaires », recontextualise Maxime Cavrois, dirigeant de Myotact. Une somme qui aurait dû permettre à la startup d’arriver jusqu’à la mise sur le marché de son produit. « Nous n’avons pas eu le montant espéré [ndlr, 400.000 euros collectés], et sans un montant minimum nous n'aurions pas réussi à aller au bout », reprend notre interlocuteur. Le 8 décembre dernier, Maxime Cavrois est allé au tribunal de commerce de Bordeaux déposer un dossier de cessation de paiement. Un mois après, ce mardi 9 janvier, le dossier est jugé et le dépôt de bilan est prononcé. « J’avais anticipé ces difficultés financières, tient à préciser le dirigeant. On a essayé d’être “clean”, en payant les fournisseurs et les salaires - ce n’est pas comme si l’on avait une commande de 200.000 euros jamais payée à un prestataire. »Plusieurs freins au développement Si la difficulté pour lever des fonds est bien la cause de cette fin prématurée, le dirigeant souligne trois autres problématiques qui ont peut-être freiné les investisseurs. La première, inhérente à tout dispositif médical, est que depuis l’évolution du règlement européen sur les dispositifs médicaux (le MDR, medical device regulation, entré en vigueur en mai 2021), il est plus difficile d’obtenir le sacro-saint marquage CE. « Ce n’était pas un problème en soi, pour nous, mais cet élément fait peur aux investisseurs car il y a plus de risques », avance ainsi Maxime Cavrois. Second frein, Myotact était positionnée sur du hardware : « Les projets sont longs et coûteux, il y a des risques de pénurie de matériaux, ou de dépendance à des pays étrangers, ce qui n’est pas non plus un problème, mais fait aussi peur aux investisseurs », déroule le dirigeant. Enfin, troisième difficulté : la thématique même de la startup. Maxime Cavrois : « Il y a des sujets qui marquent les gens comme le cancer, les problèmes cardiaques. Nous on adresse le marché de la rééducation pour aider des gens amputés, ça parle peut-être moins en termes de potentiel marché… Les investisseurs voient moins la problématique autour d’eux. » Surtout que Myotact ne générait pas encore de chiffre d’affaires, et prévoyait le premier euro de CA à deux ou trois ans.Vers une reprise des actifs à la barre du tribunal ? Désormais, l’avenir de la jeune pousse est entre les mains du tribunal de commerce. Soit ce dernier décide d’une liquidation judiciaire, soit il ordonne un redressement. Une seconde option peu probable selon notre interlocuteur. « Vu qu’on ne génère pas de chiffre d’affaires, il faudrait avoir des investisseurs pour être sauvés - ce qui n’est pas notre cas, d'autant que notre actionnaire historique de nous suit plus. Donc, dans notre situation, ce sera forcément la liquidation. » Reste ensuite la question des actifs, et des presque six ans de R&D accumulés. Si Maxime Cavrois n’a officiellement plus la main sur l’entreprise, un mandataire judiciaire pourra essayer, dans les semaines à venir, de valoriser ces fameux actifs en mettant Myotact en vente, aux enchères. « On va commencer à un euro symbolique. Ce serait bien qu’il y ait un repreneur, mais il devra rembourser les dettes - même si elles sont faibles -, puis mettre pas mal d’argent sur la table pour que le projet perdure. » Maxime Cavrois estime qu’entre 1,5 et 2 millions d’euros seront nécessaires, pour voir le projet aboutir, et être commercialisé. Les cinq salariés de la startup, en cas de reprise, pourraient potentiellement suivre l'acquéreur « qui aurait tout intérêt à reprendre au moins le pôle technique, qui connaît le produit par cœur », estime notre interlocuteur. Concluant ainsi : « On n’est pas triste, mais on est déçu. On a finalement sous-estimé le temps et l’investissement nécessaire pour la réalisation de ce projet. » De son côté, Maxime Cavrois entend relancer un projet, toujours dans la santé, avec un « nouveau dispositif disruptif » autour du diabète.

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