Placéco Laüsa #6 : revivez l'interview de Lionel Tirefort et Xavier Abadie
Xavier Abadie et Lionel Tirefort nous ont accueilli dans leurs locaux de Mées. Crédits : Baptiste, la Flamme Studio
Ce mardi, Placéco Landes organisait son sixième événement réseau, en partenariat avec Landes Attractivité : Laüsa - qui signifie étincelle en gascon. Après Anthony Gavend, fondateur de Shield Robotics, c'est cette fois Lionel Tirefort, PDG du groupe Islo Santé et Xavier Abadie, directeur général de l'association qui nous ont reçu dans leurs locaux de Mées. L'occasion de faire le point avec eux sur leur modèle économique mais aussi sur leurs projets.
Pourquoi avoir implanté un centre ici, à Mées ?
Lionel Tirefort : Ici, c'est une zone de flux, c'est une zone d'économie. On est à côté de Saint-Geours-de-Maremne, et du technopôle Domolandes, qui est une zone extrêmement dynamique. Ce n'est pas un hasard pour nous cette implantation. On est dans un écosystème territorial qui se crée. Et c'est cette communion de compétences et de synergies qui, demain, va créer des projets. A mon sens, tout est lié à l'humain. Si tu ne mets pas les humains en connexion, tu ne peux pas avoir de projet. On a beau le tourner dans tous les sens, ce n'est pas qu'une histoire d'argent. L'argent est important, mais c'est l'humain et l'énergie humaine qui créent le projet économique. Et la santé doit être ouverte à toutes les économies. Il faut arrêter de faire la culture de l'entre soi. C'est ce qui a mis à mal, je le pense, le système de santé. Il y a trop d'entre soi dans la santé, et il faut s'ouvrir aux autres entreprises, parce que les idées des dirigeants, elles sont bonnes ici, mais elles sont bonnes aussi à côté, et c'est comme ça qu'on progresse, en fait. Pour moi, les organisations de santé doivent apprendre de l'économie générale et doivent apprendre l'économie des autres industries pour pouvoir s'améliorer.
« Ce n'est pas juste un bâtiment, c'est un écosystème complet »
Justement, sur quoi repose votre modèle économique ?
L.T : Sur ce que j'appelle les piliers de valeur. Il y en a quatre selon moi dans la santé. L'organisation juridique, mais aussi fiscale ainsi que l'organisation de la production. Ce n'est pas un tabou. Tout cabinet produit des actes, des soins, des pansements. La production, c'est ça, dans le milieu de la santé. Et cette production, il faut pouvoir l'anticiper et la chiffrer. Sans quoi, on n'est pas rentable. Et le dernier point, c'est l'appartenance à des réseaux à mon sens et c'est ce qu'on fait ce soir. Est-ce que j'ai un lien de conventionnement avec l'hôpital public ? Est-ce que j'ai un lien de conventionnement avec un hôpital privé ? Est-ce que j'appartiens à une communauté de santé publique ? Et comment est-ce que je crée de la valeur ? Aujourd'hui, pour moi, c'est une question prépondérante. Les médecins, les paramédicaux, les entreprises de santé au sens large, doivent appréhender ces sujets pour améliorer leur croissance de valeur. Aujourd'hui, être professionnel de santé c'est aussi penser à ses infrastructures et à son rayonnement. Sans quoi, on est dépassé. Et c'est là où on va loin dans le raisonnement au sein du groupe Islo. De notre côté, nous avons associé la santé animale et la santé végétale dans nos écosystèmes par exemple. Bientôt ici, et c'est le cas à Angresse, déjà, dans notre centre.
Aujourd'hui Islo est un groupe avec plusieurs antennes donc, mais c'est aussi une association. Xavier Abadie, vous en êtes le directeur général. Qu'est-ce qui vous a amené à prendre ses fonctions ?
Xavier Abadie : On était tous les deux administrateurs du cluster Alliance Innovation Santé (ALLIS-NA), qui est porté par le conseil régional, qui a pour but de fédérer les entreprises de la santé au sens large. Donc c'est un cluster qu'on a animé, que j'ai animé jusqu'au mois de juin dernier. Lionel est toujours administrateur, et moi j'étais en changement de poste. Il m'a fait cette proposition et m'a parlé du modèle d'Islo, que j'ai trouvé innovant. À mon sens, la santé est supposée être innovante par nature, avec l'apparition de nouvelles technologies, mais ce qui change ici, c'est ce rôle que j'ai : celui de faire vivre et d'animer un bâtiment comme celui-ci. Et ce qui est passionnant, c'est que ce n'est pas juste un bâtiment, c'est un écosystème complet. Et mon rôle, ça va être de mettre en musique tout ce qui vient d'être dit par Lionel : les partenariats, et toutes les relations qu'on peut avoir avec l'écosystème extérieur justement. Mon travail va aussi être de négocier des contrats de propreté par exemple, des contrats de bureautique ou autres ; bref, des contrats sur des nombreux sujets, pour pouvoir derrière, en faire bénéficier les acteurs internes de l'écosystème, ceux qui adhèrent à l'association Islo.
Travailler sur la prévention
Justement, quels arguments avancez-vous pour convaincre des professionnels de vous rejoindre ?
X.A : Vous avez vu, ici, il y a une crèche, il y a un centre dentaire, il y a également un centre dermato-esthétique pour tout ce qui est détatouage. Il y aura bientôt un laboratoire d'analyse médicale. Les professionnels qui viennent ici viennent sur deux promesses : la première, c'est la maîtrise de leurs coûts et de leurs charges, mais pas que. Parce qu'au-delà de cette notion purement budgétaire et comptable si je puis dire, il y a aussi la notion d'accompagnement, et cet objectif de les aider à développer leur activité, en créant des synergie notamment. On organise également des afterworks sur des sujets liés à la santé évidemment, mais on va aussi plus loin, parce qu'on peut aussi, en proposer sur la fiscalité. Le but, comme je le disais, ce n'est pas d'avoir une agrégation de gens qui ont comme seul point commun de partager un couloir où ils ont tous une porte. C'est vraiment de les connecter. Par exemple, aujourd'hui, on travaille également sur des sujets de prévention. On est sur un bassin de vie dynamique mais un bassin où, comme partout, il y a des cancers et des maladies cardio-vasculaires. On s'est posé la question : comment est ce qu'on peut mettre en place des programmes d'éducation pour diminuer le risque de la prévalence des maladies cardiovasculaires dont on sait qu'elles sont la première cause de décès en France? Il y a des problématiques liées au sommeil, des problématiques liées à l'alimentation … Et c'est justement en mettant en lien plusieurs professionnels, qu'on peut travailler sur ces sujets.
Quels sont aujourd'hui les chiffres au niveau de vos fréquentations et quelles sont vos projections pour l'avenir ?
L.T : Aujourd'hui, nous avons une centaine de professionnels tous confondus, médicaux et paramédicaux, qui travaillent au quotidien à des périodes de temporalité différentes dans nos centres. Et en moyenne, par jour, on a un flux qui oscille entre 600 et 800 patients qui pénètrent dans l'écosystème. Et il y a un indicateur que je n'ai pas encore quantifié, c'est celui de l'économie en termes de chiffre d'affaires et de débit des entreprises de santé, à un an, deux ans et trois ans. L'association Islo, elle, vit des cotisations, des RFA sur les achats directs et indirects, principalement. Elle vit également d'appels à projets et demain, potentiellement, de subventions et j'espère de partenaires publics. Si on regarde maintenant le groupe privé, on est environ à 8 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. Après, est-ce que le pari sera gagnant ? L'avenir nous le dira. C'est la vie d'entrepreneur. En tout cas, nous avons pour but de développer 30 écosystèmes d'ici à 5 ans, en France, avec des organisations par région.