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Cette année, le symposium NextSpace ira « to the Moon and back »

Écosystème
mardi 27 août 2024

Le symposium NextSpace a été créé il y a quatre ans par Way4Space. Crédits : Way4Space

Porté par le think tank néo-aquitain Way4Space, dédié aux enjeux du spatial, le symposium NextSpace 2024 se déroulera les 3 et 4 octobre prochains. Pour sa quatrième édition, l’événement mettra à l’honneur un astre qui fait rêver petits et grands : la Lune. Quels enjeux autour du satellite naturel de la Terre ? Comment l’Europe doit-elle se positionner dans la course à l’alunissage ? Éléments de réponse avec Maud Pawlowski et François Buffenoir, respectivement directrice générale et directeur technique de Way4Space.

Maud Pawlowski, vous êtes arrivée à la tête de Way4Space en avril dernier. Quelles seront les priorités de votre feuille de route ?
Maud Pawlowski :
Elle était déjà sur de beaux rails, la feuille de route ! Bien sûr, on est dans une logique de prise d’envol [ndlr, la structure a vu le jour en 2021]. Nous avons des signes d’intérêt de plus en plus larges, donc notre objectif est aussi de progresser en matière d’adhérents, d’impacts de nos idées en France et ailleurs. Pour rappel, nous menons à la fois une activité d’ouverture sur l’extérieur - notamment avec Nextspace - où l’on montre ce que l’on fait, et toute une activité de prospection en amont. Il s’agit de mener des études stratégiques, en s’appuyant sur un réseau d’experts, de réaliser des ateliers de travail ou de rédiger des notes prospectives, dans la logique d’un think tank, sur les enjeux du spatial de manière générale.

Parmi ces enjeux, il y en a un qui fait rêver les humains depuis des millénaires - la Lune. C’est d’ailleurs le fil rouge de Nextspace 2024, qui s’intitule « To the Moon and back ». Pourquoi l’avoir choisi ?
François Buffenoir :
D’abord, il faut préciser que notre rendez-vous a une particularité, c’est le seul événement intégralement consacré au spatial en Nouvelle-Aquitaine. Souvent on parle d’aéronautique et de spatial, et ce dernier passe toujours au second plan, de par le poids économique de la filière aéronautique qui est bien plus important. Ensuite, le thème, on le choisit selon les préoccupations actuelles du monde spatial. Et en ce moment, je pense que même le grand public le voit, les grandes agences spatiales comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde ont refait de la Lune leur priorité. C’est très important outre-Atlantique, et la NASA en se recentrant sur la mission Artemis [ndlr, programme spatial habité dont l’objectif est d’amener un équipage sur la Lune d’ici 2026], a laissé au privé le soin de s’occuper du reste - ce qui a fait naître des acteurs comme SpaceX par exemple. Tout cela invite l’Europe, qui participe en tant que partenaire, à se poser une question : quel est ce nouvel objectif, et pourquoi y va-t-on ? Ce questionnement est à même de façonner un peu notre industrie, en Europe mais aussi en régions. Il y aura énormément de besoins, pour installer des bases sur la Lune par exemple.

Cette année, Nextspace proposera la visite de sites industriels proches de la métropole bordelaise, ou même de sites d’essais. « Nous sommes en train de finaliser le programme, mais ArianeGroup ou The Exploration Company ont déjà donné leur accord, affirme Maud Pawlowski. C’est le rôle de Way4Space d’être un facilitateur, pour rendre concrètes les activités industrielles et spatiales de la région. »


Dans cette course à l’alunissage, comment l’Europe se positionne-t-elle, justement ?
F. B. :
Elle se distingue avec des compétences fortes et historiques, mais parfois méconnues. Quand on parle de vol habité, on pense à la Russie, à la Chine et surtout aux Etats-Unis. Or, dans tous les modules habités, que ce soit aujourd’hui la station internationale, demain la station lunaire Lunar Gateway ou encore après-demain la base lunaire américaine, les modules pressurisés dans lesquels vivront les astronautes sont ou seront fabriqués pour la plupart en Italie. À Turin, chez Thalès Alenia Space, qui est un vrai leader dans ce domaine. Donc l’Europe est un partenaire important pour les Etats-Unis, et on constate que le programme Artemis par son entrain, les budgets alloués et son ambition, quelque part, organise toute la filière spatiale outre-Atlantique. Cette montée en puissance fait que malgré ses compétences, l’Europe a besoin d’objectifs.

M. P. : Durant Nextspace, on posera notamment une question à Daniel Neuenschwander, qui est le directeur de l’exploration humaine et robotique de l’ESA [ndlr, agence spatiale européenne] - quel équilibre trouver entre une autonomie européenne et une coopération internationale ? Nous aurons également un certain nombre de présentations de briques technologiques, de l’excellence en matière de propulsion nucléaire, de robots lunaires… Mais on essayera aussi d’avoir une vision plus prospective avec la Red Team. C’est un collectif d’auteurs et de scénaristes de science-fiction, et de scientifiques, qui travaillent pour le ministère des Armées à élaborer des scénarios à horizon 2030-2060. L’enjeu est de préparer les militaires à de nouvelles formes de conflits. Ce collectif viendra nous expliquer comment il a travaillé et ses résultats, en faisant appel à notre imaginaire…

Une approche éthique et responsable

Construire une base sur la Lune fait partie des grands mythes de notre humanité. Quels sont les enjeux autour de ce rêve ? Pourquoi le poursuivre ?
F. B. :
Je ne vais pas vous répondre, il faudra venir à Nextspace ! Au-delà de la blague, je pense qu’il est important dans notre symposium d’avoir ce tour de table-là, avec une réponse collégiale. On aura notamment le représentant du CNES [ndlr, centre national d’études spatiales] à l’ambassade de France aux Etats-Unis, quelqu’un de The Exploration Company qui est un ancien de la NASA, un expert travaillant avec l’Inde, et un spécialiste de la Chine. Tous ces points de vue seront importants, car comprendre pourquoi les grandes puissances se lancent dans la course à la Lune nous permet, derrière, de réfléchir à notre place. Après, c’est un peu simpliste de dire « les autres y vont, donc j’y vais ». Je pense que la réponse à votre question est moins évidente dans la culture européenne, car il n’y a pas eu, ici, l’élan qu’il a pu y avoir ailleurs, au départ. Aux Etats-Unis, c’est en quelque sorte dans leur mentalité de pionnier, de foncer. En Europe, c’est intéressant de se questionner avec un peu plus de recul, en se détachant un peu de l’image de cow-boy qu’on peut avoir. En se penchant sur la question éthique de possibles futures extractions de minerais lunaires, par exemple - on a fait des trous partout sur la Terre, est-ce bien d’en faire sur la Lune ? Il s’agit de notre astre de la nuit, nous devons le préserver au même titre que la Terre. Et l’Europe doit faire entendre sa voix - c’est bien d’y aller, mais il faut le faire de manière éthique et responsable.

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