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Industriels et financiers, les défis d’Europlasma pour 2024

Stratégie
mercredi 22 mai 2024

Avec 6,5 millions d'euros de CA en 2023, les Forges de Tarbes sont le premier contributeur du groupe Europlasma - crédit Europlasma

Le groupe landais Europlasma accuse de nouvelles pertes en 2023, mais se dit « confiant » quant à l’année en cours, marquée par une série de défis aussi financiers qu’industriels : poursuivre le développement de son activité historique de traitements de déchets, et réussir la relance de ses nombreuses acquisitions récentes, à commencer par les Forges de Tarbes, qui viennent de recevoir un contrat majeur d'un nouvel actionnaire américain, et Valdunes.

15,4 millions d’euros, pour quasiment autant de pertes. Europlasma a publié mardi les résultats annuels de son exercice 2023, qui se traduisent par une activité en hausse de 6,1%, un EBITDA négatif qui se creuse à près de 13 millions d’euros, mais un résultat net qui s’améliore de 1,2 million d’euros sur un an pour atterrir sur une perte de 14,7 millions d’euros. Dans sa communication financière, le groupe invoque « plusieurs facteurs conjoncturels pénalisants », à commencer par des retards de livraison de fournisseurs ayant ralenti l’activité des Forges de Tarbes, principal contributeur du groupe avec 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’année. « La performance opérationnelle a donc été affectée par l’impact de ce décalage de chiffre d’affaires sur les marges réalisées ainsi que par le coût toujours élevé de l’énergie, qui a pénalisé l’exploitation et la rentabilité de plusieurs sites, dont Inertam », indique le groupe.

Traitement de déchets et CSR

Avec quatre sociétés reprises à la barre du tribunal de commerce en trois ans (Satma, Luxfer, Forges de Tarbes, Valdunes), le groupe revendique désormais trois grands domaines de compétences : le traitement des déchets dangereux, son métier historique, la décarbonation via la transformation de déchets en combustible solide de récupération (CSR) et l’industrie.

Sur le premier volet, assuré principalement à Morcenx par Inertam, la société indique avoir traité par vitrification 1.434 tonnes de déchets amiantés en 2023 pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 3 millions d’euros (-25% sur un an), au terme d’une année marquée par l’arrêt de son usine et la nécessité de trouver de nouveaux clients, notamment via des partenariats à l’étranger. « Inertam travaille actuellement à une reconstitution de ses stocks afin d’obtenir la typologie de déchets recherchée pour produire dans des conditions économiquement optimales au moment du redémarrage. Cet arrêt permet de rationaliser les coûts de production et la société précise qu’elle travaille à établir de nouveaux partenariats commerciaux », indique le groupe.

Avec un EBITDA à -2,5 millions d’euros, l’activité se révèle pour l’instant déficitaire, à la fois parce que la torche à plasma utilisée par Inertam induit d’énormes dépenses d’énergie et parce que l’unité de traitement est toujours à l’arrêt, sans date de reprise annoncée.

L’activité CSR, elle aussi basée à Morcenx et opérée par la filiale Chopex, enregistre quant à elle 887.000 euros de chiffre d’affaires, pour une production de l’ordre de 13.000 tonnes de CSR, et un EBITDA négatif à près de -940.000 euros. « Le Groupe a néanmoins mené un important travail de développement commercial, qui s’est notamment traduit par la conquête d’un nouveau partenaire significatif. Chopex est également parvenu à revaloriser le prix de vente de sa production de CSR, visant à mieux absorber les coûts fixes pour se rapprocher ainsi de la rentabilité », commente Europlasma, qui s’attend à une hausse de production sur l’exercice en cours.

Le quadruple volet industriel

Dernier segment, et non des moindres puisqu’il pèse les deux tiers du chiffre d’affaires : le volet industriel. Du côté des Forges de Tarbes, dont la reprise a été largement médiatisée dans le contexte de la guerre en Ukraine, le groupe indique avoir produit plus de 36.000 corps creux – nécessaires à la fabrication des obus de 155 mm utilisés par les canons Nexter - en 2023. Un volume multiplié par trois sur un an, mais qui reste en deçà des ambitions affichées par Europlasma, à savoir atteindre une capacité de production de 160.000 pièces par an d’ici 2025. Déjà soutenu par l’Etat à hauteur de deux avances remboursables pour plus de 7 millions d’euros en 2022 et 2023, le groupe indique « qu’il a poursuivi ses investissements au cours du 1er semestre 2024 afin d’améliorer la productivité du site », sans toutefois les chiffrer. À la reprise, l'enveloppe jugée nécessaire pour la reconfiguration de l'usine se situait à 12 millions d'euros. 

L’usine Satma Industries (Grenoble), spécialisée dans le traitement de surface de feuilles d'aluminium entrant dans la fabrication de condensateurs, réalise quant à elle 4,8 millions d’euros de chiffre d’affaires sur l’année (contre 9,4 millions d’euros en 2021 avant la reprise), avec une production interrompue de janvier à mars en raison des coûts de l’énergie, puis à nouveau en fin d’année, avant de reprendre en avril dernier.

Annoncé début 2022, le projet de création des forges de Gerzat, unité de production de corps creux en aluminium recyclé, faisant suite au rachat de Luxfer est quant à lui « en cours de redéfinition », indique Europlasma. « Le Groupe poursuit les études avec l’ensemble des parties prenantes en vue de recadrer les éléments de coûts et de rentabilité du projet ».

Un nouvel actionnaire pour Valdunes... qui commande des corps creux

À ces trois activités en phase de retournement s’ajoute la dernière conquête d’Europlasma, le spécialiste nordiste des roues de train Valdunes, repris le 20 mars dernier. Là encore, le projet suppose d’importants investissements : jusqu’à 15 millions d’euros de fonds propres sur trois ans, pour coller aux prêts et subventions accordés au groupe dans le cadre de la reprise. À cette fin, Europlasma s’est adjoint mi-mai le soutien d’un nouveau partenaire, la branche européenne du groupe américain Bizell Corporation, qui entre au capital de Valdunes à hauteur de 25% pour 5 millions d’euros.

Au-delà de Valdunes, cet accord pourrait en réalité profiter aux Forges de Tarbes : Europlasma a en effet annoncé mercredi soir, après la clôture des marchés, la signature d'un accord avec Bizell Europe, spécialiste de l'armement, portant sur un volume de 500.000 corps creux, qui correspondraient à un prix catalogue de 140 millions d'euros.  « En contrepartie de cet engagement fort pour soutenir l’activité industrielle et commerciale du groupe, l’accord prévoit la possibilité pour Bizzell Europe d’augmenter sa participation dans Valdunes Industries sans droit de vote attaché », précise Europlasma.

Cotée et malmenée sur Euronext en raison d’une série d’opérations dilutives, Europlasma a annoncé fin avril la signature d’un accord de financement avec son principal partenaire, le fonds ABO (Alpha Blue Ocean), qui prévoit la possibilité de tirer jusqu’à 30 millions d’euros sur 36 mois en obligations convertibles. À défaut de lui valoir les faveurs des petits porteurs, à quelques semaines d'un regroupement d'actions annoncé, le groupe estime que ces lignes lui permettront de couvrir ses besoins en financement jusqu’au 31 décembre 2026.

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