Conjoncture : le tertiaire et l'industrie repartent, la construction chute en Nouvelle-Aquitaine

Économie chahutée, chefs d’entreprise attentistes, contexte politique instable… Les qualificatifs vont bon train ces derniers mois pour évoquer la situation française. Au-delà des analyses à chaud, comment se porte réellement l’économie de notre pays ? En Nouvelle-Aquitaine, après une année 2023 qui aura tout de même vu plusieurs de ses voyants au vert, le premier trimestre a semblé tourner au ralenti avec une activité « peu dynamique », selon la dernière enquête conjoncturelle de l’INSEE. Pour mesurer cela, l'institut de statistiques se base notamment sur le nombre d’heures rémunérées par les entreprises. Après une hausse modérée de 1,4% en 2023, au premier trimestre 2024, ce nombre d’heures était quasi stagnant.

Deuxième critère d’activité économique, l’emploi salarié était également dans une progression plus que mesurée. En croissance de 0,3% l’an passé par rapport à 2022, il était au premier trimestre dernier, de +0,2%. « Le rythme est le même dans le privé et dans le public, note l’INSEE. Le privé, à l’image de sa part de l’emploi salarié, représente près des trois quarts des 4.700 emplois salariés supplémentaires dans la région. »

L'hôtellerie-restauration recrute

Tous les secteurs ne sont pas sur les mêmes rails. Le tertiaire, marchand (+0,4%) et non-marchand (+0,2%) a vu son nombre d’emplois croître - mais de manière moins marquée qu’au dernier trimestre 2024. Ainsi lorsqu’on regarde le détail des secteurs dynamiques ou non, « des replis d’activité se manifestent dans les activités immobilières, qui subissent les conséquences de la baisse d’activité du secteur de la construction [ndlr, voir encadré ci-dessous] et du durcissement des critères d’obtention des crédits à l’habitat ». Étaient aussi concernés le transport et la logistique. A contrario, les activités autour des services aux entreprises, et de l’information-communication, ont enregistré une hausse des emplois, tout comme l’hébergement et la restauration. « Ce secteur est le plus gros contributeur à l’évolution de l’emploi dans le tertiaire marchand, à l’image du marché du travail français », précise l’INSEE, qui souligne que les professionnels ont bénéficié au premier trimestre « d’un calendrier de vacances scolaires plus favorable qu’en 2023 », et du retour de la clientèle étrangère

Progression des emplois salariés au premier trimestre 2024, comparé au quatrième trimestre 2023. Crédits : INSEE

Autre grand domaine d’activité qui s’est bien porté, l’industrie, avec 0,3% d’emplois en plus soit 870 personnes supplémentaires. Pour l’INSEE, cette croissance est précisément due au secteur de la fabrication de matériels de transports, « qui, depuis plusieurs trimestres, est le secteur industriel le plus dynamique ». Les industries extractives, l'énergie, l'eau, la gestion des déchets et dépollution et l’agroalimentaire sont aussi concernés par ce bon dynamisme.

Sans surprise, la régression concerne la construction, qui a vu son nombre d’emplois salariés diminuer de 0,7% au premier trimestre 2024. « Après un rebond d’activité illustré par une augmentation trimestrielle de 20% du nombre de logements commencés [ndlr, au T4 2023], le premier trimestre retrouve la tendance à la baisse des périodes précédentes », déroule l’institut de statistiques. Ainsi en début d’année, 6.000 logements ont démarré en Nouvelle-Aquitaine, « soit le niveau le plus bas depuis 20 ans » (-17% pour l’individuel, -44% pour le collectif).