Comment EDF veut accélérer l’électrification des usages - Premium

« Si on regarde l’année 2024, EDF a mené une action qui permet d’avoir une électricité bas carbone. Ça n’est pas une nouveauté. Mais cette électricité est disponible en quantité et compétitive. Et ça, c’est nouveau. » Franck Darthou, directeur à l’action régionale d’EDF en Nouvelle-Aquitaine, en place depuis l’automne dernier, donne le ton. Au plan national, EDF a ainsi produit plus de 500 TWh en 2024, dont 361 TWh au titre du nucléaire (19 TWh sur la centrale du Blayais) et plus de 50 TWh via l’hydroélectricité, « contre environ 40 TWh les années précédentes, conséquence du temps très pluvieux ». En matière de tarifs, « on a retrouvé les prix d’avant la crise de 2022, parmi les plus compétitifs d’Europe. Par exemple l’Italie, c’est 60% plus cher. En Espagne ils sont au même niveau de prix que nous, environ 60 euros du mégawattheure, mais avec une empreinte carbone presque quatre fois supérieure. Ils sont à 160 grammes d’équivalent CO2 par kilowattheure, la France à 45 grammes. Et l’Allemagne à 425 grammes », rapporte-t-il en substance.« Il faut accélérer la transition énergétique », rappelle-t-il comme un mantra. Et pour cela, il faut activer trois leviers. Produire plus d’électricité bas carbone, ce qui suppose d’optimiser et développement l’outil existant (nucléaire et ENR). Mais aussi améliorer le mix énergétique : pour l’heure, l’électricité ne représente en France que 24% de l’énergie consommée. « Il faut augmenter la part d’électrification des usages, travailler sur l’innovation et aider nos clients à aller vers les énergies décarbonées. » Et enfin, « il faut des compétences », martèle-t-il. Ainsi, sur la seule filière nucléaire nationale, « il faudra embaucher 100.000 personnes au cours des 10 prochaines années ». Sur le plan RH, en Nouvelle-Aquitaine, EDF emploie quelque 9.250 personnes et prévoit cette année 800 recrutements, « du stage jusqu’au CDI, de l’ouvrier jusqu’au cadre supérieur ».Des contrats longs pour favoriser la visibilité« Toutes les conditions sont réunies pour accélérer l’électrification des usages », analyse Christophe Lecomte, directeur des ventes Commerce Sud-Ouest. Les prix de marché à horizon année n 4 et n 5 « sont moins volatiles que les références de marché plus courte, même pendant la crise de l’énergie de 2022 », se projette-t-on chez EDF. Le groupe propose ainsi des offres de détail de moyen terme à ces horizons 4-5 ans. « On privilégie cette solution de moyen terme pour que les clients [ndlr : PME, ETI, grandes entreprises et collectivités] bénéficient d’une stabilité et d’une visibilité sur les prix. On s’appuie sur le retour d’expérience de la crise de 2022. Ça dérisque le contrat », reprend Christophe Lecomte, qui souligne que la durée moyenne de contractualisation s’est élevée l’an passé à 41 mois ( 10 mois vs 2023). EDF a ainsi signé auprès des entreprises et collectivités de Nouvelle-Aquitaine près de 300 contrats de fourniture d’électricité allant jusqu’en 2028 voire 2029.Prix quotidien de l'électricité livrée à moyen terme. Crédit : EDFDécarboner les secteurs les plus émetteursFiliale d’EDF, Dalkia accompagne les démarches de décarbonation, notamment sur les secteurs les plus émetteurs de CO2. Notamment le transport (10 millions de tonnes de CO2 en Nouvelle-Aquitaine). « Quand on parle transport, on pense souvent aux voitures. Mais on accompagne énormément nos clients qui ont des camions des bus, tout le transport lourd », recadre Christophe Lecomte. « L’innovation c’est aussi la décarbonation du maritime, rebondit Franck Darthou, on était en novembre dernier aux Assises de l’économie de la mer, nous sommes en contacts avancés avec Yves Parlier pour sa technologie de kites, avec Econautik pour la conversion des moteurs à l’hydrogène. » En Nouvelle-Aquitaine, l’industrie « pèse » 1,7 million de tonnes de CO2 par an. Dalkia développe actuellement un réseau de chaleur sur les communes d’Oloron Sainte-Marie et de Bidos, en Pyrénées-Atlantiques. Baptisé BOSC (Bidos Oloron Société de Chaleur), il alimentera localement Lindt et Safran à partir de l’été prochain, ainsi qu’une trentaine de bâtiments publics. Avec à la clef, une réduction de 4.700 tonnes des émissions annuelles de CO2. Le bâtiment (3,7 millions de tonnes de CO2 par an en Nouvelle-Aquitaine) est aussi un des domaines les plus émetteurs. Dalkia a ainsi remporté un contrat de performance énergétique avec le CHU de Bordeaux. « Une opération à 60 millions d’euros, 24 millions en investissements et le reste en exploitation. Ça permettra d’effacer 2.400 tonnes de CO2 chaque année, l’équivalent de 1.200 véhicules retirés de la circulation », image Gabriel Petit, directeur d’agence de Dalkia Aquitaine.Que Blaye qui m’ailleSur le plan nucléaire, EDF s’appuie en Gironde sur quatre unités de 900MWe chacune, mises en service entre 1981 et 1983. Avec 19 TWh produits l’an dernier, la centrale du Blayais (2.500 salariés dont 1.500 agents EDF) a livré la moitié de la consommation régionale. « Avec le Grand Carénage en cours, jusqu’en 2028, la disponibilité des réacteurs est un peu moindre », témoigne Charlotte Maes, directrice de la centrale. Cette année, la dernière visite décennale - celle de l’unité n° 4 - sera lancée à partir d’avril. Les aménagements de sécurité vont se poursuivre, avec la mise en œuvre d’une alimentation en eau ultime de secours des générateurs de vapeur, une pompe supplémentaire pour injecter de l’eau dans le circuit primaire, une unité mobile de traitement des eaux du bâtiment réacteur et enfin des protections passives anti-tornades pour plusieurs équipements importants. « Cette centrale a déjà passé ses 40 ans en toute beauté. Elle a vocation à fonctionner encore une vingtaine d’années au moins », reprend la directrice. Concernant la potentielle implantation de deux réacteurs EPR2 à Blaye, aucune décision de l’Etat n’est attendue avant 2026.

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