Agriculture : Feve diversifie son offre pour atteindre la rentabilité - Premium

Cela fait cinq ans que l'entreprise Fermes en vie (Feve) accompagne des porteurs de projet agricole dans leur installation en agroécologie. Si le cœur de métier de l’entreprise repose sur l’acquisition d’exploitations et de terrains via une société foncière agricole indépendante de la SAS, Feve déploie depuis le début de l’année un programme pour valoriser le carbone stocké dans le sol des agriculteurs accompagnés. Et leur permettre, in fine, d’avoir un complément de revenus. « C’est un système qui existe en France, et qui permet à des entreprises souhaitant compenser leur empreinte carbone, d’acheter des crédits à des structures qui stockent du carbone - c’est-à-dire principalement dans le domaine agricole et forestier », détaille Vincent Kraus, cofondateur de Fermes en vie. En moyenne, l’hectare peut être rémunéré aux alentours de 100 euros à l’année. Soit jusqu’à 7.000 euros de complément. « Ce n’est pas cela qui peut payer les salaires, mais notre objectif est de les aider à mieux s’en sortir. » Des fermes aux quatre coins de la France Feve n’en oublie pour autant pas son activité principale. Depuis ses débuts, la foncière a permis le financement de 40 fermes et l’installation de 60 agriculteurs et agricultrices partout en France. « Un projet nécessite entre 500.000 et un million d’euros, ça va vite », précisait-on du côté de l’entreprise, il y a deux ans. Ouverte aux particuliers souhaitant placer leur épargne, elle compte aujourd’hui 2.500 personnes, et a collecté depuis 2020 33 millions d’euros. « On compte aussi sur quelques investisseurs institutionnels, précise Vincent Kraus, cofondateur de l’entreprise. La Banque des Territoires et trois fonds, spécialistes de l’économie sociale et solidaire. Ecofi, la société de gestion du Crédit Coopératif, le Crédit Mutuel, et Mirova, la société de gestion du groupe BPCE. » Sur la somme totale sécurisée par la foncière, ces quatre acteurs ont ainsi abondé à hauteur de neuf millions d’euros. La foncière agricole ambitionne, cette année, de financer une trentaine de nouveaux projets pour une cinquantaine d’agriculteurs concernés. Toujours avec des critères précis, pour garder la confiance des investisseurs comme des porteurs de projets : « Notre rôle est d’être un tiers de confiance, rappelle Vincent Kraus. À chaque fois on regarde le sérieux du projet, l’expérience de la personne, sa capacité à mener à bien ce qu’elle veut entreprendre… Mais aussi si le projet est conforme à la charte que nous avons définie. Car notre objectif premier, c’est de valoriser l’agroécologie. » Le bien-être animal, la préservation des sols, la gestion de l’eau ou encore l’adaptation au territoire sont autant d’éléments constituant le socle de la démarche de Fermes en Vie. Et si le projet capote ? « On n’en a pas encore eu, réfléchit le cofondateur. Mais c’est encore le début, nos deux premières installations remontent à 2021 donc la plupart n’ont pas encore trois ans d'existence. » Soutenir sans oublier le besoin de rentabilité Du côté de la SAS Fermes en Vie, 2025 devrait être synonyme de rentabilité. Objectif : quasiment doubler le chiffre d’affaires 2024 (800.000 euros), pour atteindre 1,5 million. Une ambition pour laquelle l’entreprise s’appuie sur trois leviers, dont la Grange, sa plateforme numérique d’aide aux porteurs de projets. « On a complètement refondu le site, avec l’idée d’accompagner des personnes se questionnant, dès le tout début de leur projet. Aujourd’hui, 20.000 personnes ont créé un compte sur cette plateforme », se réjouit Vincent Kraus. Également, la société a lancé son programme Fabacéé destiné, cette fois, aux professionnels déjà installés. Une action qui s’inscrit dans le cadre des CEE, les certificats d’économie d’énergie. « Les structures qui produisent et fournissent de l’énergie en France ont l’obligation de financer ces certificats, dont l’objectif est de générer des économies d’énergie, précise le cofondateur. Cela a beaucoup été utilisé dans le bâtiment, notamment avec les campagnes de communication sur la pompe à chaleur à un euro. L’État a lancé il y a presque deux ans un appel à manifestation d’intérêt en lien avec ces certificats dans l’agriculture. L’idée était d’utiliser ce système pour financer des changements de pratique. » Ainsi, Fermes en Vie a pu décrocher une importante somme d’argent - 15 millions d’euros - pour accompagner un peu plus de 5.000 agriculteurs dans leur transition, durant trois ans. Un programme coporté avec Solagro, et l’AREC, l’agence régionale d’évaluation environnement et climat, d’Occitanie. « Dans l’agriculture, l’usage des engrais de synthèse est un poste particulièrement énergivore, car ceux que l’on utilise aujourd’hui sont majoritairement dérivés du gaz. Cela représente 45% de la consommation énergétique d’une exploitation. Ensuite, il y a les tracteurs. Ce qu’on dit aux agriculteurs, c’est qu’en changeant de pratiques, ils peuvent avoir un impact très important », conclut Vincent Kraus. À lire également : Comment ReGeneration veut faire levier pour une agriculture régénératrice ?Fermes en vieSAS fondée en 2020Siège social à BordeauxCA 2024 : 800.000€

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