Au Bourget, Alterkraft expose ses chariots repas en carton - Premium

Remplacer les chariots repas et les armoires hôtelières, dans les avions, par des modèles... en carton. L’idée peut paraître saugrenue, c’est pourtant celle d’Alterkraft, société suisse fondée en 2017, dont le centre de R&D est implanté à Mérignac. « L’avantage du carton dit “nid d’abeilles”, c’est son poids qui permet une économie de masse de 50% par rapport à ce qui existe aujourd’hui. Conséquences, moins de kérosène consommé, et donc moins de rejets de CO2 », résume Philippe Tétu, directeur général d’Alterkraft. Concrètement, l’entreprise avance une économie de kérosène de 3,5%... chaque kilo brûlé représentant 3,16 kg de CO2 rejetés. Après plusieurs années de R&D, Alterkraft a déposé, il y a trois ans, son dossier auprès de l’EASA - l’agence européenne de la sécurité aérienne. Objectif : faire certifier son produit, conformément aux normes très strictes en vigueur. « Le plus dur, reprend Philippe Tétu, c’est la qualification du carton pour le feu. Il y a sept qualifications différentes à franchir, nous avons toujours bloqué sur une… Et après un an et demi de recherches, nous avons fini par trouver. Ce qui fait de nous la première société à avoir qualifié ce carton nid d’abeille dans l’aéronautique. » Reste donc à attendre la sacro-sainte certification, qui autorise Alterkraft à commercialiser ses produits, probablement d’ici un an. Le directeur général affirme que si la concurrence existe avec d’autres matériaux biosourcés comme le lin, le chanvre ou le bambou, il n’en existe « pas forcément » dans le carton.Le choix de la proximité Le choix d’implanter la recherche et le développement à Mérignac n’a rien d’anodin. Alterkraft avait « besoin de se positionner dans un écosystème aéronautique pour être stimulé », et après une étude comparative entre Paris, Toulouse et la métropole girondine… c’est cette dernière qui a été retenue. Hormis son rayonnement dans le secteur de l’ASD (aéronautique-spatial-défense), l’autre avantage de Mérignac est d’être à proximité de Biganos, et de l’usine de Smurfit Kappa - l’un des leaders mondiaux dans la cellulose de pin. « Toute notre matière première en vient. Nous avons souhaité travailler avec eux car leur façon de faire nous a séduits », résume le directeur général. La production, elle, sera sous-traitée à GTX Industry, filiale de GT Logistics. « On réfléchit encore au site de production mais ça n’aurait aucun sens de le mettre à Bordeaux, si c’est pour transporter nos produits jusqu’à Paris ou ailleurs en Europe. On veut le mettre au plus près possible des lieux de consommation », précise Philippe Tétu. Une fois l’industrialisation lancée, Alterkraft s’adressera à des compagnies low-costs, « dans la mesure où les compagnies régulières sont obligées de laver leurs équipements en bout de chaîne ». Car le produit de l’entreprise se veut à usage unique. Un non-sens, à l’heure du réemploi ? Pas pour le directeur général, qui rappelle que le carton est recyclable à l’infini. « Enfin presque, nuance-t-il. Il faut réinjecter 8% de pâte de cellulose à chaque recyclage. » Si Alterkraft ne pourra pas elle-même réemployer son carton - la fibre kraft devant être pure pour plus de résistance -, l’entreprise affirme que la matière sera bien réutilisée par d’autres. « Et puis, quand on fait le bilan sur la fin de vie du carton contre celle de l’aluminium, au global, ça reste positif. »A la recherche de fonds Alterkraft imagine déjà d’autres applications à son produit, comme fabriquer une unité de chargement (ULD) pour acheminer les bagages en soute. Un marché plus important, et des gains de masse également plus conséquents. L’entreprise pourrait aussi aller sur le structurel, comme l’aménagement de cabines, ou des équipements partiels de galets (l’espace de préparation et de stockage de l’alimentaire). Mais tout cela nécessitera des fonds et Alterkraft, jusqu’à présent autofinancée, recherche des leviers financiers. « Bpifrance accepte de nous soutenir avec un prêt innovation, et nous cherchons soit une banque institutionnelle pour compléter, soit un grand de l’aéronautique pour entrer au capital », détaille Philippe Tétu. À noter que l’entreprise est membre d’Aerospace Valley, labellisée par la fondation suisse Solar Impulse, et soutenue par Airbus Développement et la Région Nouvelle-Aquitaine.

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