UIMM Adour-Atlantique : en matière de recrutement, « ne pas relâcher l'effort » - Premium

Avec le départ d’Evrard Willemaers, l’UIMM va changer de présidence. Va-t-elle également changer de cap stratégique ? Depuis quatre ans, avec M. Willemaers et le conseil d’administration, nous avons bâti une feuille de route pour l’UIMM, et apporté une certaine structuration, avec quatre commissions et quatre vice-présidents, dont je fais partie puisque je suis en charge du domaine emploi et compétences. Evrard Willemaers a apporté une démarche structurée, et aujourd’hui nous nous inscrivons dans cette continuité. Suite à son départ, le bureau s’est réuni pour voir qui pouvait le remplacer au pied levé, et je me suis porté volontaire. Avec l’intention de viser ensuite la présidence ? Ce n’était pas mon intention initiale. Nous verrons pour la suite, je n’ai pas encore déposé ma candidature, mais Safran Helicopters Engines est intéressé. Il faut savoir que ce sont les entreprises qui proposent leur candidature, puis définissent ensuite quelle personne va les représenter. Safran Helicopters Engines, dans le cadre de sa démarche RSE, comprend bien l’importance de son implantation sur le territoire, avec deux grandes implantations : Bordes (2 700 salariés) et Tarnos (1 500). Sur le territoire, cela représente 4 200 employés, ce qui est très significatif. Être représenté par une voix écoutée peut représenter un intérêt pour le territoire au niveau national.C’est une façon de prendre ses responsabilités pour Safran Helicopters Engines ?Tout à fait, nos responsabilités d’acteur majeur sur le territoire. Combien de candidats y a-t-il à l’heure actuelle ? Par le passé, il a parfois été difficile de trouver des candidats. Ce n’est pas le cas cette fois-ci, nous voulons nous inscrire dans une démarche démocratique. Par le passé, il s’agissait plutôt de démarches de cooptation. Nous avons choisi d’ouvrir le processus à l’ensemble des adhérents. Le recueil des candidatures court jusqu’à la fin du mois de septembre, et l’élection du président se déroulera en octobre.Recrutement : « Faire évoluer une image prend du temps » L’édition 2024 de la Semaine de l’industrie se tiendra au mois de novembre. Sera-t-elle, comme l’année dernière, concentrée sur l’attractivité des métiers de l’industrie ?Oui, cela reste le principal enjeu pour notre filière, il y a toujours un fort besoin de recrutement. Il est légèrement moindre car nous avons réussi à répondre en partie à ce besoin grâce à nos démarches de rencontre avec le public, qui nous ont permis de recruter beaucoup de personnes. Mais il reste encore un très haut niveau d’offres d’emploi, environ 200 sur le territoire. La semaine de l’industrie portera donc, comme l’année dernière, sur la recherche de talents. Nous ferons tout pour attirer les personnes qui s’interrogent sur leur carrière. Nous mettrons en avant notre démarche responsable, RSE, l’aide au transport, la décarbonation, et offrirons également des parcours de carrière valorisants. Les personnes recherchent cela, et pas seulement des aspects financiers. Nous allons vraiment mettre en avant ces démarches de développement industriel responsable.À lire également - Législatives : pour l'UIMM, le retour à une retraite à 60 ans « serait très pénalisant »Vos efforts des années précédentes ont-ils commencé à porter des fruits ?Avec l’UIMM, nous avons aussi initié un module de formation à destination des professeurs intéressés, qui peuvent passer un ou deux jours au sein d’une entreprise, découvrir les métiers, parler aux jeunes, et évoquer leur parcours scolaire. Tout cela est nouveau, il a fallu l’organiser pour ouvrir le monde de l’entreprise au public et aux acteurs locaux. J’ai reçu des députés ; dans la nouvelle assemblée nationale, tous ne connaissent pas nécessairement le monde de l’industrie. Beaucoup de choses ont déjà été faites, mais il faut continuer, c’est un effort de longue haleine et faire évoluer une image prend du temps. Ce sera la 13e édition de la semaine de l’Industrie, nous ne pouvons pas nous dire que l’effort de la 12e édition suffit, que le public a tout compris. Non, cela va prendre plusieurs années. Il faut continuer, nous n’en sommes qu’au début de la démarche. Il ne faut pas relâcher l’effort vis-à-vis des scolaires, des personnes en reconversion. Le ramp-up dans l’aéronautique s’inscrit sur plusieurs années, ce n’est pas un besoin à court terme. Les grands donneurs d’ordre s’inscrivent dans la durée sur plusieurs années. Donc oui, notre travail a porté ses fruits : il y a moins d’offres d’emploi alors que la croissance et le recrutement sont toujours là. Nous sommes moins en tension, mais 200 offres d’emploi, cela reste élevé.Le rachat d'AD Industries, « une évolution positive »Le dossier du rachat d’AD Industries par le groupe indien Motherson est-il suivi par l’UIMM ? Vis-à-vis des entreprises et des évolutions qu’elles peuvent subir ou vouloir, nous suivons les dossiers pour voir ce que nous pouvons apporter. Mais nous n’allons pas nous immiscer dans les décisions, nous jouons plutôt un rôle d’accompagnement. Il y a d’autres entreprises qui traversent des difficultés : quand nous recevons des signaux, nous nous montrons présents. Après, c’est à son président de décider du degré de coopération avec nos services. Cela appartient à chaque entreprise. Bien évidemment, AD Industries a une place importante à l’UIMM, d’autant que son dirigeant en était le président. Nous avons donc suivi avec beaucoup d’intérêt cette évolution, qui est aujourd’hui jugée comme positive.Ce rachat est pour vous une évolution positive ? AD Industries avait des problèmes pour payer ses fournisseurs, cela bloquait un peu tout le système. Le groupe Motherson apporte des moyens financiers, cela remet de l’énergie dans le système, et nous voyons déjà des signaux positifs. Motherson a vraiment affiché sa volonté d’entrer dans le secteur aéronautique, et l’arrivée d’un groupe qui a des moyens est toujours positive.À lire également - Pour résoudre ses problèmes de recrutement, Safran mise sur l'apprentissageL’opération ne présente-t-elle pas un risque de délocalisation vers des territoires plus compétitifs, en particulier sur les salaires ou l’énergie ? Je suis convaincu que le groupe Motherson a les moyens de développer cette activité, et je pense qu’il va assez rapidement comprendre le lien étroit qui existe entre les donneurs d’ordres et le réseau local de sous-traitants. Nous faisons souvent face à des problèmes complexes qu’on ne peut résoudre qu’en travaillant en équipe, donneurs d’ordres et sous-traitants. L’histoire a montré que la distance ne permet pas de les résoudre. Ce que peut apporter le groupe Motherson, c’est en revanche une forme de tri entre les activités les plus complexes, qui seront gardées en local, et celles qui sont maîtrisées et peuvent effectivement être menées dans des endroits plus compétitifs. C’est un processus qui ne nous effraie pas, il se produit même en dehors de ce groupe. Quand nous avons des activités qui peuvent être plus compétitives ailleurs, nous le faisons. Cela ne met-il pas en péril le caractère industriel du territoire ? Non, pas du tout. Nous avons une forte activité ici pour les groupes Dassault, Airbus, Safran, sur des domaines complexes. La proximité est un élément majeur pour réussir nos challenges d’innovation et de livraison.

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