Mobilité : les patrons girondins proposent un comité des financeurs - Premium

Les acteurs économiques de Gironde n’en sont pas à entasser des sarments ou des pneus avant d’y mettre le feu. Mais ils estiment la situation suffisamment grave, de leur point de vue, pour faire - large - front commun et réclamer « une voix au chapitre pour une politique de mobilité à la hauteur des enjeux économiques, sociaux et environnementaux ». Medef, CPME33, U2P, FFB de la Gironde, UIMM, représentants du négoce, des commerçants, du monde de l’intérim… le ban et l’arrière-ban étaient réunis pour faire entendre leur voix.« 20 ans de renoncements et de projets avortés »« Nous dressons un constat plutôt amer des vingt dernières années, des politiques de transport et de mobilité à Bordeaux et en Gironde, résume Mathias Saura, président du Medef Gironde, certains projets ont vu le jour et sont des réussites, comme le tramway, les ponts Chaban et Simone Veil, le BHNS se développe et le RER métropolitain se met en place, mais nombre d’entre eux ont été abandonnés ou retardés. Notamment le métro, le grand contournement, les barreaux routiers. Et des sujets sont attaqués, comme le GPSO. » Véritable serpent de mer, le grand contournement n’est visiblement pas une chimère sous leur prisme : « Il est urgent de relancer une concertation sur le sujet, la rocade de Bordeaux doit être déconnectée et ne servir qu’à la desserte locale, d’autres métropoles l’ont fait », argumente Thibault Izaret, président régional de l’Union TLF (Transport Logistique de France). « La rocade en est au stade de l'AVC et on ne soigne pas le malade, la mise à 2x3 voies, à peine achevée, est déjà saturée », grince Pierre Ozoux, représentant de l'U2P Gironde.Et de pointer un manque de concertation. « Nous avons lancé des discussions avec des décideurs, des sachants, des experts… Malgré ces rencontres, il ne s’est rien passé, il y a toujours un environnement qui sait mieux que nous, la concertation est minimaliste et nous n’avons pas la possibilité de nous faire entendre, déplore Pierre Goguet, président de CT Mobilités, il y a plein d’autorités organisatrices des mobilités, mais chacune garde son couloir de nage. » Malgré la présence d’entreprises dans les « comités des partenaires », leurs voix dans ces instances sont considérées comme « totalement diluées » : « Sur 80 personnes, il va y avoir une trentaine de maires, autant de personnalités désignées au sort, quelques représentants des fédérations d’usagers et à peine dix pour le monde de l’entreprise », calcule-t-il.Les entreprises en tant que financeurs des mobilités« Nous avons la volonté en tant que financeurs extrêmement majoritaires des mobilités d’être entendus par les politiques », reprend Mathias Saura. Les acteurs économiques rappellent ainsi qu’en 2023, les entreprises girondines ont financé 223 millions d’euros par le biais du versement mobilité. Un chiffre en hausse de 30% depuis 2015, « un impôt assis sur la masse salariale soit un coût moyen de 684 euros par salarié du privé » et par an... auquel s’ajoute le versement mobilité additionnel ( 7 millions d’euros) depuis le 1er janvier dernier, mais aussi « la prise en charge de 50 à 75% des abonnements de transports en commune, les primes transports, les forfaits mobilités durables ». Et de s’inquiéter d’éventuelles nouvelles hausses au titre du PLF 2025, notamment sur les versements transport ou mobilité. « Le mur d’investissements auquel doivent faire face les collectivités locales pour décarboner les mobilités ne doit pas et ne pourra pas être porté uniquement par les entreprises. Nous nous opposons formellement à toutes velléités de déplafonner le versement mobilité qui pénaliseraient les entreprises qui jouent le jeu de l’emploi local », préviennent-ils à l’unisson.« Nos contributions financières nous donnent une légitimité à être entendus », relance Pierre Goguet. Les acteurs économiques de Gironde, d’une seule voix, appellent ainsi de leurs vœux la création d’un Comité des Financeurs de la Mobilité. Enième comité Théodule ? Au sein de cette « nouvelle instance qui associerait les entreprises locales aux décisions stratégiques et de financements », les entreprises girondines veulent « être représentées à la hauteur du financement qu’elles apportent et être entendues ». Et souhaitent disposer d’une instance qui ne se limite pas à la métropole bordelaise mais qui raisonne à l’échelle de la Gironde. L’appel du 14 novembre est lancé. Résonnera-t-il dans le département ?

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