Saint-Sever : un AMI au printemps pour la friche Crabos - Premium

À Saint-Sever, un nouvel avenir se dessine pour la friche Crabos. Après avoir été l’hôtel particulier de la famille Barbotan puis abrité le lycée de la commune, le site a ensuite accueilli la manufacture Crabos. Devenue Pyrenex, celle-ci a quitté progressivement les lieux il y a quarante ans pour s’installer à l’extérieur de la ville. Le projet d’hôtel au sein de ces 3.600m² à l‘abandon et en plein cœur de ville serait la première offre de ce type sur ce territoire.Quelle est la genèse de ce projet de reconversion ?En 2017 à peu près, on a l’identification sur ce lieu d’une opportunité de reconversion en site hôtelier. C’est à la fois des démarches entreprises par la mairie où des professionnels nous disent que le lieu le plus adapté dans le cœur de ville est cet endroit et des ateliers qui exploitent un hôtel dans la région qui viennent nous voir et nous disent qu’ils ont toujours rêvé d’installer un hôtel à cet endroit-là. C’était le démarrage de la réflexion. Sachant que Saint-Sever est une cité historique, avec un patrimoine important sur les chemins de Saint-Jacques, avec une fréquentation touristique en progression. Il y a des chambres d’hôtes, au même moment on a développé un camping sur les berges de l’Adour, qui depuis lors a bien progressé, mais on souhaitait une offre d’hôtellerie en centre-ville. C’est l’un des projets clefs de la revitalisation de la ville telle que défini dans le programme Petites Villes de demain, qui cherche à redonner vie au centre-ville.Quelles sont les spécificités de ce bâtiment ?C’est un bâtiment très particulier qui était jusqu’à la Révolution la demeure aristocratique de la famille de Barbotan, du nom de la station thermale qui est dans le Gers, l’une des familles les plus puissantes du territoire. Les Ursulines, qui avaient elles-aussi été chassées à la Révolution, reviennent sur la cité et transforme le lieu en pensionnat de jeunes filles et collège. Jusqu’en 1905, ce sera le lycée privé de la commune et le bâtiment restera vide suite à la loi de 1905 de séparation de l’église et de l’État. Et juste après la seconde guerre mondiale, l’entrepreneur dynamique de la commune Abel Crabos le transforme en usine de traitement de plumes et de duvets. La famille Crabos est toujours présente sur la commune à la tête aujourd’hui de Pyrenex. Il y a le témoignage sur ce site de toutes les strates de l’histoire de la ville.Comment votre commune s’est emparée du projet ?On a agit sur deux angles majeurs. En 2001 on a acheté le bâtiment et on a franchi une étape clef en décembre 2023, avec l’acquisition des jardins à l’arrière, reconstituant l’emprise initiale de la demeure aristocratique avec ses cours, ses écuries mais également ses espaces verts. Ces derniers permettent à la ville de pouvoir désenclaver le centre et de créer une liaison douce piétonne vélo entre les quartiers nouveaux autour du collège et le cœur historique. Deuxièmement, on a lancé toute une série de diagnostics qui ont rapidement prouvé qu’il y avait des pollutions liées au passé industriel et des fragilités structurelles dans certaines parties liées à l’abandon du lieu pendant plus de 40 ans. Elle a fait apparaître un coût très élevé pour sauvegarder le site.Le projet est véritablement sur les rails en 2023 avec l’obtention d’une aide de l’Etat…On a eu en avril 2023 la joie d’être retenu au titre du Fonds vert. Grâce à un travail avec la préfecture et la DDTM des Landes, on a eu la deuxième enveloppe la plus élevée du pays, de près d’1,2 million d’euros, pour lancer les travaux de consolidation, de confortement, de dépollution du site permettant sa reconversion. Avec l’acquisition des jardins, il a fallu faire des diagnostics complémentaires et le bâtiment continuant à se dégrader, on a été amené à faire évoluer légèrement le cahier des charges. La commission d’appels d’offres a alloué le marché de travaux le 9 septembre dernier. La maîtrise d’œuvre avait été désignée en 2023 : l’agence Perrot & Richard sont des architectes spécialisés dans le patrimoine avec une forte connotation sur des projets d’hôtellerie et de restauration. En tout, on sera plutôt sur un budget d’1,5 million si on intègre les études, les acquisitions foncières, sachant que dans le cahier des charges du fonds vert, l’Etat s’engage à financer 80% du montant des dépenses et 20% restent à la charge de la commune.Située en plein centre-ville, la friche Crabos dispose de 3.600m² de plancher. Crédit : commune de Saint-SeverComment financez-vous les travaux concernant le bâti ?Notre rôle est de rendre le projet viable pour des investisseurs, c’est de le purger de ses défauts. On lancera un appel à manifestation au printemps prochain. Au regard du fait qu’on a eu un accompagnement public très fort, notre responsabilité sera de lancer une forme de consultation. On fera connaître le plus largement possible le souhait que sur ce site s’installe un projet touristique de façon à ce que tous les professionnels sachent qu’il y a une opportunité à saisir. Et on associera les autres partenaires publics, notamment l’Etat, pour collectivement choisir le projet qui paraîtra le plus viable et le plus pertinent.À quoi pourrait ressembler ce futur hôtel ?On sera probablement sur un lieu mixte dans lequel on aimerait que reste un élément de témoignage du passé industriel, de valorisation de ce savoir-faire spécifique sur notre territoire. On aimerait aussi peut-être dans ce lieu, une école de la conserve pour faire la promotion de ce que la ferme landaise a de meilleur. On est dans un dialogue où on cherche à faire en sorte que tous ceux qui aiment les Landes, qui trouvent que cet endroit est merveilleux et qui aimerait en faire la promotion et participer à son développement, se fédèrent sur ce site vraiment truffé de potentiel puisqu’on a plus de 3.600m² de plancher. Et Saint-Sever est la cité où il y a le plus de monuments historiques. Au fond, c’est le lieu où on peut se plonger dans les racines de ces Landes de Gascogne. C’est ici qu’on a les industries de foie gras et de poulet, on est aux portes de l’Adour et de sa culture de la pêche, en pleine zone de chasse à la Palombe. Tout un art de vivre landais qu’on aimerait faire mieux connaître.À quel horizon ce futur hôtel pourrait ouvrir ses portes ?Les travaux devraient démarrer d’ici la fin de l’année et durer une bonne année. L’idée serait qu’on ait pu en parallèle sélectionner les investisseurs et les professionnels qui exploiteront ce lieu pour que les travaux de transformation puissent prendre la suite. On n’a pas de cahier des charges particulier. On sait bien que ce sont des métiers qui sont en permanente évolution. Ce sont les professionnels qui connaissent le bon positionnement. Dans les dialogues que nous avons aujourd’hui, on est sur une trentaine d’emplois créés. En fonction de la richesse des activités qui seront sur ce lieu, ça pourrait être au-delà. L’ouverture des portes pourraient avoir lieu en 2027.

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