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Espace : The Exploration Company veut diviser par 4 le prix de la logistique spatiale

Innovation
lundi 23 janvier 2023

A droite, Hélène Huby, cofondatrice et CEO de The Exploration Company, présente le prototype Bikini à Alain Rousset - photo AL

Un pied à Mérignac, l’autre en Allemagne, depuis sa création en 2021, The Exploration Company réunit déjà 50 personnes, qui planchent à la conception d’une capsule réutilisable destinée à la logistique spatiale, d’abord en orbite terrestre, puis autour de la Lune. Sa promesse ? Un fret spatial made in Europe, accessible à seulement 25% du coût des transports actuels. Son premier prototype prendra place à bord du vol inaugural d’Ariane 6.

Une toute jeune startup franco-allemande réussira-t-elle à « disrupter » le marché de la logistique spatiale ? Créée en juin 2021 entre Mérignac et Munich par un aréopage d’anciens d’ArianeGroup, du CNES et de Safran, The Exploration Company s’y emploie activement, avec l’ambition de proposer un véhicule spatial, destiné en priorité à l’approvisionnement logistique des stations spatiales en orbite basse. « Dans quelques années, on passera de deux à sept ou huit stations spatiales. Notre ambition est de desservir ce monde des infrastructures de vie autour de la Terre, puis autour de la Lune, en sachant que l’Europe n’a aujourd’hui aucun moyen d’accès en propre. Il nous a donc semblé essentiel de le construire », expose Hélène Huby, cofondatrice et CEO de The Exploration Company.

Diviser par 4 le coût de la logistique spatiale

Baptisé Nyx, ce véhicule se veut à la fois réutilisable – donc capable de rentrer sur Terre, agnostique vis-à-vis du lanceur utilisé (Ariane, Falcon, Soyouz ou lanceurs chinois ou indien…), et modulable, c’est-à-dire susceptible d’adopter plusieurs configurations différentes selon les besoins de la mission. The Exploration Company ambitionne d’en lancer la première déclinaison, Nyx Earth, à destination de l’orbite terrestre, dès 2026, avant de viser la Lune deux ans plus tard. Alimenté par des ergols liquides – du même type que ceux de la fusée Falcon 9 de SpaceX, Nyx doit également pouvoir être alimenté en orbite, voire à la surface de la Lune, pour prolonger la durée de ses missions, et répondre à des besoins logistiques de proximité. « Un lanceur comme SpaceX est le porte-conteneurs. Nous, nous concevons le camion de livraison », résume Hélène Huby. Ravitaillement en nourriture, livraison de matériel scientifique, pièces de rechange… The Exploration Company promet un coût d’acheminement réduit d’un facteur 4 par rapport aux solutions actuelles de logistique spatiale. « Nous visons 25.000 euros par kilo, contre 100.000 euros aujourd’hui pour livrer l’ISS », indique la cofondatrice, qui vise aussi bien la clientèle des agences spatiales que celles des nouveaux acteurs privés du New Space.

Des briques technologiques développées en Nouvelle-Aquitaine

Aux startups bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. « La majorité d’entre nous a travaillé sur Orion », rappelle Hélène Huby. S’il est piloté par la Nasa, le vaisseau d’exploration chargé de préparer le retour de l’homme sur la Lune a en effet bénéficié d’une importante contribution européenne. « Nous avons déjà dessiné, qualifié et fait voler un véhicule capable d’aller au-delà de la Lune et de revenir ». Le développement de Nyx suppose tout de même le développement de plusieurs grandes briques technologiques innovantes, à commencer par le moteur de la capsule, conçu par les équipes basées en Nouvelle-Aquitaine, et premier représentant européen du genre à fonctionner à l’aide de pompes électriques. « Nous avons déjà travaillé le design, testé les injecteurs et les pompes électriques, 2023 sera consacrée à la chambre de combustion », décrit Hélène Huby, qui prévoit déjà la réalisation d’une usine dédiée et d’un banc de test dans la région. « La proximité entre conception, production et test permet d’avoir un cycle itératif très rapide ».

The Exploration Company planche par ailleurs sur la conception d’un système d’arrimage aux stations spatiales, soutenue par l’Agence spatiale européenne, qui lui a déjà commandé un démonstrateur. Entre autres défis, la startup doit également développer l’ensemble des composants nécessaires au retour sur Terre de sa capsule, de la protection thermique aux systèmes électroniques dédiés. Pour ce faire, elle a déjà élaboré un prototype miniature, baptisé Bikini, qui fait partie des 11 projets retenus pour le vol inaugural du lanceur Ariane 6, aux côtés d'un autre projet girondin, SpaceCase. Développé en neuf mois, pour un demi-million d’euros, ce « démonstrateur balistique » (voir vidéo) a vocation à tester certains systèmes en conditions réelles, et surtout « dérisquer » un maximum l’opération avant la seconde mission de test. Baptisée Mission Possible et prévue pour 2024, celle-ci consistera en l’envoi d’une capsule Nyx modèle réduit, affichant tout de même 2,5 mètres de diamètre, et déjà capable de transporter 300 kg de charge utile. « Ce deuxième vol est déjà réservé à 100% par l’Agence spatiale européenne, l’agence allemande et le CNES », se réjouit Hélène Huby.

Passée en moins de deux ans d’une équipe de cofondateurs 50 collaborateurs, répartis équitablement entre la Gironde et la Bavière – où sera réalisé l’assemblage final, The Exploration Company prévoit de doubler ses effectifs en 2023, avant de sans doute les redoubler en 2025. Lancée sur fonds propres, la startup a déjà réalisé en 2021 une levée de fonds d’amorçage de 5,3 millions d’euros et travaille actuellement à sa série A. Hébergée dans les locaux de Bordeaux Technowest, en bordure des pistes de l’aéroport, The Exploration Company devrait suivre la technopole dans son nouveau bâtiment, le Cockpit, à la livraison de ce dernier, en septembre.

The Exploration Company
Fondée en 2021
50 collaborateurs
CA : n.c.
25 Rue Marcel Issartier, 33700 Mérignac

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