Grand Sud-Ouest : les chiffres-clés de la décarbonation de la filière aérospatiale
Constructeur d’avions à faibles émissions de carbone, le rochelais Elixir Aircraft va investir 23 M€ pour son usine. Crédit : Léo Vidal-Giraud
Où en est la filière régionale dédiée à l’aéronautique et l’espace face aux problématiques de transition environnementale ? Dans son analyse régionale du mois de mars, l’INSEE évoque les grands indicateurs. Qui sont les entreprises qui s’impliquent ? Sur quoi portent les innovations ? La crise impacte-t-elle les investissements ?
En 2018, les vols en avions représentaient 2,4% des émissions mondiales de CO2, un chiffre en constante augmentation avec la multiplication du nombre de vols. En revanche, les émissions unitaires, calculées par passager-équivalent-kilomètre-transporté, diminuent, « reflétant l’amélioration de l’efficacité énergétique du trafic aérien », remarque l’INSEE. Au-delà des émissions des aéronefs et astronefs en cours de vol, « la protection de l’environnement doit être prise en compte tout au long de la chaîne de production, de la conception jusqu’à la fin de vie des appareils : usines moins polluantes, recyclage… ». Face au défi de la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’INSEE apporte un éclairage sur le chemin qui reste à parcourir au sein de la filière aérospatiale du grand Sud-Ouest de la France.
Plus d’une entreprises sur trois a au moins un projet pour améliorer sa performance environnementale
En 2022, 37% des entreprises de la filière aérospatiale du grand Sud-Ouest ont mis en place au moins un projet pour améliorer leur performance environnementale. Il s’agit plus fréquemment des grandes entreprises et des constructeurs, souligne l’INSEE. Ces projets concernent d’abord le processus de production et les locaux et/ou les sites de production (respectivement 24% et 23% des entreprises). Il peut s’agir, par exemple, de rationaliser l’usage des matériaux en utilisant des matières recyclées ou en optimisant les découpes pour minimiser les chutes ; ou de diminuer la consommation énergétique des bâtiments : éclairage avec des ampoules basse consommation, mise en place de panneaux solaires, amélioration de l’isolation…
Part des entreprises ayant mis en place au moins un projet pour améliorer la performance environnementale en 2022. Crédit : Insee
Ces projets portent également sur les phases d’essais et de certification, très consommatrices d’énergie. En 2022, 14% des entreprises de la filière ont travaillé sur l’optimisation environnementale de ces phases de tests. Enfin, 11% des entreprises de la filière ont mis en place au moins un projet pour améliorer la performance environnementale des produits finaux (aéronefs et/ou astronefs). Un chiffre en augmentation, lente mais régulière : 8% des entreprises étaient concernées en 2020, 9% en 2021. À titre d’exemple, ces travaux peuvent se baser sur l’usage de pièces plus durables ou viser la réduction des émissions de gaz à effet de serre en cours de vol. Plus de la moitié d’entre eux portent sur la décarbonation des aéronefs et/ou astronefs.
5% des entreprises travaillent sur des projets en lien avec la décarbonation des aéronefs et astronefs
Dans la filière aérospatiale, une entreprise sur vingt a mis en place au moins un projet pour décarboner les aéronefs ou les astronefs. Les grandes entreprises et celles de la construction aéronautique et spatiale sont les plus concernées (respectivement 24% et 22%). Les entreprises qui mènent des projets liés à la décarbonation travaillent principalement sur la réduction de la consommation de carburant via le développement de moteurs ultra sobres, l’optimisation des trajectoires de vol ou l’utilisation de matériaux plus légers. Viennent ensuite les nouvelles propulsions, d’abord hybrides ou électriques, mais aussi à hydrogène. Enfin, les autres ruptures technologiques fortes comme le développement des carburants d’aviation durables sont marginales.
Les grandes entreprises et les constructeurs davantage engagés
Les grandes entreprises et celles du secteur de la construction aéronautique et spatiale mènent plus fréquemment des projets qui visent à améliorer la performance environnementale de leur activité aérospatiale. En effet, 58% des grandes entreprises ont mis en place au moins un projet contre 44% des ETI et 32% des PME. Les entreprises industrielles sont également les plus engagées : 41% d’entre elles ont mis en place au moins un projet de ce type, contre 30% pour celles du tertiaire. En particulier, les entreprises de la construction aéronautique et spatiale sont très impliquées dans l’amélioration environnementale, 70% des entreprises menant au moins un projet à cette fin.
Dans un contexte de forte reprise, les entreprises continuent d’innover
Les projets mis en place pour améliorer la performance environnementale sont facilités par la mise en œuvre dans l’entreprise d’activités de recherche et développement (R&D) : 55% des entreprises ayant une activité R&D ont mis en place au moins un projet environnemental, contre 29% pour celles qui ne font pas de R&D. Les entreprises de la filière évoluent dans un contexte où elles doivent faire face à la reprise post-crise sanitaire, qui incite plus à augmenter les cadences qu’à innover. À court terme, les entreprises sont donc confrontées à d’autres défis : hausse des coûts de l’énergie, difficultés d’approvisionnement, manque de main-d’œuvre. Malgré cela, l’effort de R&D reste constant puisqu’en 2022, les effectifs dédiés à ces activités augmentent au même rythme que les effectifs de la filière.
Au total dans la filière, 29% des entreprises ont réalisé des travaux de R&D en 2022 pour leur activité aérospatiale. 92% réalisent tout ou partie de ces travaux en interne. Les chefs d’entreprise anticipent une intensification de ces travaux en 2023 : 28% des sociétés impliquées dans des activités de R&D dédiées à l’aérospatial envisagent de les augmenter. Seulement 6% des entreprises comptent les diminuer, le plus souvent celles dont le chiffre d’affaires aérospatial a diminué en 2022 ou qui anticipent une baisse de leur activité destinée au marché aérospatial.