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Viticulture régionale : les (nouvelles) aides de la PAC sont-elles suffisamment connues ?

Écosystème
jeudi 20 juin 2024

De nouvelles aides - encore largement méconnues - peuvent ruisseler depuis Bruxelles, ici sur le vignoble de Saint-Emilion. Photo d'illustration : Adobe Stock

L’actuel pilier de la politique agricole commune ouvre la voie à de nouvelles aides pour la filière viticole. Dans quel cadre et de quelle ampleur ? Les résultats des dernières élections européennes constituent-il une menace ? Pierre Chollet, directeur d’Enosens, apporte son éclairage.

« Il y a eu, pour la viticulture, une vraie évolution en 2023 », pose en préambule Pierre Chollet, directeur d’Enosens, structure girondine fondée il y a 60 ans et qui « propose conseils et démarches pour accompagner le monde du vin, produire, élever et vendre ». Le dernier pilier de la PAC est sorti en 2023. Avant cette date, « la viticulture n’était éligible qu’à deux types d’aides. Pour aller vers l’agriculture biologique et pour se protéger contre l’attaque climatique, avec l’assurance récolte », rappelle-t-il. « Il a été entendu par l’Europe qu’il fallait accompagner le côté environnemental à une plus grande échelle que simplement le bio », recontextualise-t-il.

La nouveauté ? « Toute structure agricole pourra être subventionnée à partir du moment où elle peut prouver qu’elle respecte l’environnement. Et ça, l’agriculture n’y avait pas accès avant », pointe le dirigeant. La nouveauté, ce sont donc les éco-régimes, « ce qui avant s’appelait le verdissement, c’était uniquement pour les acteurs tels que les céréaliers ou les éleveurs. Aujourd’hui, la viticulture y a accès ». À gros traits, ce nouveau soutien peut atteindre 150 euros par hectare et par an. Une « aubaine » qu’il ne s’agit pas de louper. « La PAC, ce sont des dépôts de dossier qui se font sur six semaine, du 1er avril au 15 mai. Ensuite c’est un process assez long, le temps qu’ils instruisent les dossiers, on touche les aides 10 mois plus tard poursuit-il, ça peut représenter un billet important qui permet de changer du matériel, de faire une mise aux normes, de continuer à avoir un cercle vertueux pour le respect de l’environnement ».

Une large méconnaissance

Ayant traité, à son échelle, quantité de dossier - 250 en six semaines - Enosens constate malgré tout que ce dispositif n’est pas autant mobilisé qu’il pourrait l’être. Les viticulteurs « sont malheureusement très peu au courant, malgré toutes les communication qui sont faites, par le CIVB, les syndicats ou même par nous ». Explication ? « Ils n’ont pas été éligibles à la PAC pendant 60 ans », avance notamment Pierre Chollet. « Une vraie méconnaissance alors que, techniquement, 100% des viticulteurs pourraient y avoir accès en se débrouillant bien », estime-t-il. D’autant que les aides peuvent s’additionner. « L’Europe aide à la conversion au bio, ça représente 350 euros par an, pendant cinq ans ». Les viticulteurs de notre région peuvent bénéficier d’un coup de pouce supplémentaire. « En France, la seule région qui aide le maintien agroécologique, c’est la Nouvelle-Aquitaine », met-il en avant. Un soutien qu’il faut aller décrocher chaque année, potentiellement 150 euros par hectare et par an. « Conversion au bio, maintien, mais aussi les éco-régimes. Si on coche toutes les cases, on peut aller chercher jusqu’à 500 euros l’an par hectare, ça commence à faire quelque chose de conséquent », insiste-t-il.

Un dispositif menacé par les élections ?

Les résultats des dernières élections européennes, ceux à venir des prochaines législatives, constituent-ils une menace pour ces nouvelles aides ? « Dans le contexte actuel, il faut entendre qu'au niveau de l'Europe, rien ne changera sur la politique agricole. Les piliers sont signés pour cinq ans. La PAC 2023-2027 est écrite et elle ne changera pas. Et les négociations qui vont s'engager sur la prochaine PAC, ça sera 2028-2032. Au niveau européen, les tendances politiques n'ont fondamentalement pas changé. Ça va se négocier avec les partis qui sont les mêmes que ceux d'avant. L’Europe a ce défaut d’aller lentement. Mais elle a cette force d’être solide. Au niveau européen, il y a une vraie stabilité », veut-il faire savoir.

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